Marcel (Emile Henri) DELATRE – 1859-1940

Témoignage sur un pèlerin infatigable, 1934.
« Le P. Marcel Delattre? Ce n’est pas un jeune homme. Il a célébré ses
noces d’or sacerdotales et il pourrait presque célébrer celles de son
canonicat. Il est venu enseigner dans notre collège l’histoire et la
géographie. On l’a vu suivre les troupes françaises jusqu’en Extrême-
Orient et jusqu’à Madagascar à titre d’aumônier. Aussi la
guerre le trouve toujours prêt à ce rôle de dévouement. Sa poitrine, barrée
de
décorations, raconte à tous ses prouesses du front. La guerre finie le Midi
a repris cet homme du Nord. De Marseille où il a fixé sa résidence, il
s’élance plusieurs fois chaque année vers Lourdes, vers Rome, vers
jérusalem. Malgré l’âge, il est infatigable. Quand M. le Chanoine Marcel
Delatre cessera de pèleriner pour s’installer dans un fauteuil de repos,
c’est qu’il sera parvenu au terme du grand pèlerinage. En attendant,
admirons-le dans son attitude de chef de caravane en Palestine et
envoyons-lui nos félicitations à Marseille villa Verte-feuille n° 12 de la
rue du Chalet ». Maison de l’Assomption Nîmes, 1934, n° 2, p 47.

Marcel (Emile Henri) DELATRE

1859-1940

Religieux de la Province de Lyon.

De Cambrai aux routes du monde.

Emile Henri Delatre est né le 7 octobre 1859 à Bergues (Nord), localité faisant alors partie du diocèse de Cambrai. Il étudie au collège Saint-Winoc de Bergues et petit séminaire de Cambrai (1871- 1875). Il poursuit sa formation cléricale au grand séminaire de Cambrai (1875-1882), interrompue par trois périodes d’enseignement au collège Saint-Bertin à Saint-Omer (1877-1880). Il est ordonné prêtre diocésain à Cambrai, le 23 décembre 1882 par Mgr. Duquesnay. Le diocèse l’affecte à des services paroissiaux: vicariat à Lille, paroisse Saint-Michel (1883-1885), vicariat à Vieux-Berquin (1885-1887). L’abbé Delatre aspire à la vie religieuse à l’Assomption qu’il connaît par l’intermédiaire de Clairmarais et par un pèlerinage à Jérusalem en 1886. Il entre au noviciat de Livry-Gargan et prend l’habit le 29 juillet 1887 sous le nom de Père Marcel. Il y prononce ses premiers vœux annuels l’année suivante à la même date et ses vœux perpétuels le 2 août 1889. Pendant quatre ans, il est attaché à la communauté parisienne de la rue François 1er (1889-1893) et S’occupe particulièrement, en plus du ministère, du soin des constructions de la ‘petite chapelle’ et de celle de Passy pour les Oblates, ses aptitudes architecturales ayant été déjà éprouvées à Livry. Aucune forme de ministère direct ne le rebute: il se fait l’apôtre du cirque et des saltimbanques à Paris et prend quelque temps la direction du Pèle,rin. Ses Supérieurs l’envoient trois mois à Bordeaux (1893), puis trois ans à Toulouse (1893-1896) et enfin 25 ans au collège de Nîmes (1896-1921). Il y est professeur, mais aussi directeur d’un comité de projection ayant découvert et beaucoup goûté ce moyen moderne d’apostolat lors de son passage à la Bonne-Presse. A plusieurs reprises,

il est affecté à des missions extraordinaires, aumônier à Madagascar pendant la campagne militaire de 1895 et aumônier à bord du bateau Notre-Dame de Salut pour Terre-Neuve. Pendant la grande guerre, il sollicite la faveur de se porter aumônier volontaire (1913-1919), ce qui lui vaut une pluie de décorations.

Sous le soleil du Midi.

Après la guerre mondiale, il est envoyé comme supérieur au Collège Saint-Etienne d’Arles (Bouches-du-Rhône) que l’archevêque d’Aix-en-Provence, Mgr. François-Joseph Bonnefoy, vient de confier à l’Assomption (1921-1925). D’Arles, il passe à Marseille prendre la direction de la maison d’œuvres florissantes de l’époque: procure des pèlerinages, bureau de presse catholique, foyer du Marin, société de la D.R.A.C. (anciens combattants), aumônerie des Petites-Sœurs de l’Assomption. Homme du Nord, le P. Marcel n’a aucune peine à se faire marseillais et méridional d’adoption jusqu’à adopter l’accent du Midi. Il possède les qualités natives de cette région, une ardeur communicative, un contact populaire très naturel, le sens de la galéjade. Ne dit-il pas quand il fait une chute dans un escalier qu’il ne tombe pas, mais qu’il manque une marche ?

Un combattant jusqu’au bout.

Il meurt sur la brèche, à l’âge de 81 ans, le 10 mai 1940, d’un oedème pulmonaire, après une période d’inaction qui lui est éprouvante. Pendant deux ans sa robuste résistance physique a accusé le poids des ans, sans faire fléchir son indomptable énergie. Malgré des alertes, dont de fortes hémorragies nasales et des malaises, il n’a pas accepter de rester au repos en chambre, sortant dans la ville et rentrant fatigué, essoufflé, mais non découragé. Les funérailles sont célébrées le 13 mai 1940. Son corps est déposé dans le caveau des Petites-Sœurs de l’Assomption auprès desquelles il s’est longuement dévoué tant à Paris qu’à Marseille.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1940, n° 824, p. 81-83; n° 825, p. 91-92. L’Assomption et ses œuvres 1940, n° 467, p. 598-599. Maison de l’Assomption (bulletin du Collège de NÎmes), 1942, n° 2, p. 15-17. Le P. Marcel Delatre a donné de très nombreuses chroniques de ses activités, surtout pendant la guerre de 1914-1918, dont beaucoup sont reproduites dans la Lettre à la Dispersion et d’autres inédites conservées dans les ACR (1888-1939). Notices Biographiques