Marcellinn (Marcel-Vital-Joseph) LIBERT – 1911-1979

Intermédiaire.
Nous autorisant de l’intérêt profond que vous témoignez au cher Père
Gonzalve
[Welès], je me permets, agissant au nom de la communauté de Saint-Gérard,
de vous faire connaître la nouvelle distinction militaire que la Belgique
vient de décerner au P. Gonzalve. Par un arrêté récent, le Prince- Régent
de Belgique le nomme Chevalier de Léopold II avec glaives. Je vous assure
que Saint-Gérard a fêté le Père comme il convenait! Vraie
fête de famille où chacun mit son c?ur pour féliciter, choyer ce religieux
tout ému de tant d’honneur et de soins. Il n’est parmi nous que depuis
quelques mois et nous guettions l’occasion propice pour lui exprimer un
merci fervent et assomptionniste.
Que de bien il nous fait! Je désire simplement par cette courte lettre vous
annoncer la belle promotion du P. Gonzalve. Et puisque l’occasion m’est
donnée de vous écrire, permettez-moi, mon Père, de vous dire toute la
respectueuse et bien fraternelle affection de la maison de Saint-Gérard. En
union de prière avec Notre- Dame ».
P. Marcellin, économe à Saint- Gérard, au P. Merklen.

Religieux de la Province de Belgique-Sud.

Du monde professionnel à l’Assomption.

Né à Baulers au Brabant en Belgique, le 1er juillet 1911, Marcel Libert commence, après ses classes primaires, des études professionnelles d’ajusteur et obtient un diplôme de dessinateur industriel. Il semble que sa carrière soit tracée et qu’il ait trouvé sa voie. Chrétien convaincu, militant dans les rangs de la J.O.C., il demande à 23 ans à l’Assomption de lui ouvrir les portes d’une vie religieuse et sacerdotale. Il reprend des études classiques au Prieuré de Sart-les-Moines (1937-1941 et entre le 28 septembre 1941 au noviciat à Taintegnies, sous le nom de Frère Libert. De caractère très tranché et très personnel, venant des horizons du monde du travail, il ne lui est pas toujours facile de s’adapter :à ce changement de vie, de compagnons et d’activités. Profès annuel le 29 septembre 1942, il entreprend le parcours des études philosophiques (Le Bizet et Saint-Gérard, de 1942 à 1944) et théologiques (Saint-Gérard, 1944-1948). Profès perpétuel à Saint- Gérard le 29 septembre 1943, le Frère Libert est ordonné prêtre le 11 avril 1948, à l’âge de 37 ans. Cette longue marche vers le sacerdoce où l’homme mûr qu’il est se trouve confronté avec la jeunesse de ses compagnons, où il doit remettre en question ses propres idées et ses habitudes de vie, où il doit encore accepter une formation en conflit avec son caractère plutôt personnel et solitaire, cette longue marche lui donne la conviction qu’être prêtre est une chose sacrée qui transforme l’homme appelé pour toujours. Le P. Marcellin demande à ses supérieurs d’être désigné pour la mission au Congo. On lui confie provisoirement l’économat à la maison de Saint-Gérard (1948-1959) et il patiente une année avant d’obtenir son affectation pour le Congo.

Vie en mission au Congo.

En 1949, il s’embarque pour le diocèse de Béni-Butembo, au Nord-Kivu. Pendant 14 ans, le P. Marcellin se dévoue de toutes ses forces au ministère paroissial et à l’enseignement, souvent dans des villages de brousse. On connaît sa haute silhouette sur les pistes de montagne, on entend aussi sa voix claironnante qui salue joyeusement tous ceux qu’il croise en chemin. A son arrivée dans un village, rien ne traîne: tout est vite organisé pour ne pas perdre de temps: catéchuménat, scolarisation, ministère de la confession, baptêmes. Il célèbre l’Eucharistie, de préférence le matin, très tôt, à un autel rudimentaire. Dans un langage imagé, très simple qui ne s’embarrasse pas des fleurs de la rhétorique et même des règles grammaticales, il cherche à atteindre le c?ur de son auditoire dont les yeux brillent dans la pénombre. On connaît ses affectations successives: quatre années à l’E.T.S.A.V., deux années à Kitatumba, cinq ans à Bunyuka, deux années à Muhangi. Les événements qui suivent l’indépendance du Congo lui donnent le sentiment qu’il ne peut se réadapter à la nouvelle situation du pays. Le manque de subsides pour les écoles entraîne souvent des décisions douloureuses. Une atmosphère de suspicion, des tracasseries policières ou politiques, l’incertitude du lendemain, tout le pousse à demander son retour en Belgique. Il n’a que 52 ans et il ne veut pas rester inactif.

Ministère en Belgique.

On lui propose de donner des cours de religion à l’Athénée de Charleroi (1963) jusqu’à l’âge de la retraite (1976) Avec c?ur, avec impétuosité même, il se lance dans sa nouvelle besogne. Vivant de façon assez isolée, de m?urs très pauvres, même parfois un peu négligé, le P. Marcellin fait partie de la communauté élargie de Gosselies. Il meurt le 8 mars 1979, à Jumet. Homme tout d’une pièce, avec les qualités et les défauts d’une franchise brutale, il n’a pu se réadapter, même durant la vieillesse, à une forme de vie communautaire. Ses confrères ont souffert de le voir diminué physiquement et psychiquement, durant ses dernières années.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Docuemnts Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 75. Belgique-Sud Assomption, 1979, n° 98, p. 1622-1625. Marc Champion, Province du Zaïre, religieux défunts 1929-1994, Butembo, 1994, p 32. Lettre du P. Marcellin Libert au P. Merklen, Saint-Gérard, 8 juin 1949.