Marcien (Henri) CLAISSE – 1875-1919

Un jour de profession religieuse.
« Le 13 novembre [1895], le Frère Marcien, professeur à l’alumnat, avait le
bonheur de se consacrer à Dieu par des vœux perpétuels. C’est une cérémonie
bien rare dans un alumnat. Taintegnies n’avait jamais eu pareil le
solennité. Dès le matin, il y a effervescence dans la maison. On accueillie
la famille, les invités. Le P. Aloys [Bellot] , le supérieur, fait une
touchante allocution. L’auditoire ému verse des larmes. Le profès s’étend
en croix sur le pavé du sanctuaire. Comme vous le pensez, on fête le
nouveau profès. Pour égayer notre jeunesse, le P. Econome s’est transformé
en artificier ce
soir-là. Le ciel s’est illuminé de fusées, de pétards, de soleils, de
serpenteaux, de
bengales. Des étoiles de toutes couleurs décrivent d’ondoyantes paraboles
et retombent en gerbes embrasées. Au réfectoire, décor féerique et, au
souper, vers, prose paient largement leur écot. Le repas terminé, vite, on
monte à l’étude transformée en salle de
théâtre. Là, deux heures durant, se déroulent les scènes les plus
pittoresques. Terme à tout ce bonheur, une bonne et fervente prière vient
clore
cette journée pleine d’émotions ».

Religieux français.

Curriculum vitae.

Henri est né le 13 avril 1875 à Béthencourt (Nord). Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Cambrai de 1887 à 1893. C’est alors qu’il se décide pour la vie religieuse. Il entre au noviciat de Livry où il prend l’habit le 13 novembre 1893 sous le nom de Frère Marcien. L’année suivante, il est envoyé comme professeur à l’alumnat de Taintegnies (1) et y prononce ses vœux perpétuels le 13 novembre 1895. Après une année de service militaire à Douai (1896-1897), il va faire ses études de philosophie et de théologie à Rome (1897- 1899), Toulouse (1899-1900), Bure (Belgique,1900) et enfin Louvain. Le 21 décembre 1901, il reçoit le sacrement de l’ordination à Cambrai. Le P. Marcien devient professeur d’alumnat, successivement à Taintegnies (1901), Sainghin (1901-1902), Courtrai (1902-1903), Bure (1903-1905) et Le Bizet (1905-1906). Il revient à Bure en 1906 et y remplit la charge de sous-prieur et d’économe- quêteur en même temps d’ailleurs que celle de professeur, notamment pendant les années difficiles de la grande guerre. Dévoué autant que modeste, son esprit religieux et ses vertus solides lui ont acquis une réelle influence dans toute la région où il est fort connu et estimé. Au début du mois de février 1919, il remplace à Bure le curé victime de la ‘grippe espagnole’ et se dépense sans compter sa fatigue. Après avoir administré et assisté le curé à ses derniers moments, il doit lui-même s’aliter le jeudi 27 février, terrassé par la maladie contractée à son chevet et par une pneumonie. Une semaine plus tard, le 5 mars 1919, il meurt à son tour. Les obsèques sont présidées par le curé-doyen de Rochefort. La population de Bure veut lui rendre les mêmes honneurs qu’à son curé décédé huit jours auparavant

Un jour de profession religieuse. « Le 13 novembre [1895], le Frère Marcien, professeur à l’alumnat, avait le bonheur de se consacrer à Dieu par des vœux perpétuels. C’est une cérémonie bien rare dans un alumnat. Taintegnies n’avait jamais eu pareil le solennité. Dès le matin, il y a effervescence dans la maison. On accueillie la famille, les invités. Le P. Aloys [Bellot] , le supérieur, fait une touchante allocution. L’auditoire ému verse des larmes. Le profès s’étend en croix sur le pavé du sanctuaire. Comme vous le pensez, on fête le nouveau profès. Pour égayer notre jeunesse, le P. Econome s’est transformé en artificier ce soir-là. Le ciel s’est illuminé de fusées, de pétards, de soleils, de serpenteaux, de bengales. Des étoiles de toutes couleurs décrivent d’ondoyantes paraboles et retombent en gerbes embrasées. Au réfectoire, décor féerique et, au souper, vers, prose paient largement leur écot. Le repas terminé, vite, on monte à l’étude transformée en salle de théâtre. Là, deux heures durant, se déroulent les scènes les plus pittoresques. Terme à tout ce bonheur, une bonne et fervente prière vient clore cette journée pleine d’émotions ».

Notices Biographiques A.A et le fait inhumer le 7 mars près de l’église, au milieu de ceux pour lesquels il s’est dévoué, dans la même tombe que le P. Sulpice Bardin-Couturier. Le Père Marcien n’a que 44 ans, non encore achevés.

Les soucis quotidiens d’un économe, après la grande guerre.

Nous possédons la dernière lettre écrite de Bure par le P. Marcien au P. Joseph Maubon, vicaire général de la Congrégation, en date du 21 février 1919. Elle peut nous aider à comprendre l’état d’épuisement de ce religieux, si vite emporté par la maladie, mais préoccupé par mille tracas:

« Je viens de recevoir votre lettre du 16, et c’est avec joie que j’ai reçu voire sainte bénédiction. Sans doute j’estimais pour moi un grand bonheur de vivre avec le P. Novier, mais je ferai de mon mieux ici pour exécuter ce que vous me demandez, et surtout pour plaire au divin Maître. Vous savez sans doute que nous ne sommes que deux; si vous pouviez disposer d’un ouvrier pour le jardin ou pour la cuisine, cela irait mieux. Le P. Novier vous a sans doute parlé des Sœurs. Je devais prévenir Namur de leur départ, mais je l’ai pas encore fait. Veuillez me faire connaître votre intention. Pour le Comte de Geloes, à Eysden, je m’en remets complètement à vous. Le fermier a l’intention de quitter pour le 1er mai. Il a écrit et demandé une réponse pour le 15 février, il ne sait encore rien, et il attend le régisseur un de ces jours. S’il vient, je le verrai; je lui dirai de s’entendre avec vous, et comme l’a dit le P. Novier, je lui donnerai à entendre que nous espérons au moins une diminution pour le loyer pendant la guerre. Mais le régisseur est un homme d’affaires qui cherche à gagner le plus possible. M. le Comte est plus aimable et plus charitable; malheureusement on ne le revoit plus jamais à Dure depuis 8 ans. Voilà bientôt 15 jours que le P. Possidius m’annonce des instructions pour la retraite, mais je n’ai encore rien reçu. Il est tellement occupé qu’il ne trouve pas le temps d’écrire. Quand le temps sera venu, il le fera sans nul doute. Le Fr. Clément est maintenu dans son exemption.heureusement car j’aurais bien pu me trouver tout seul. Pour moi, je n’ai encore rien reçu du préfet, mais ma classe a été libérée le 5 février. Le temps est moins froid, mais les communications ne sont guère faciles. Nous serons heureux de vous recevoir dans notre solitude au mois de mai, cela rappellera 1900. En attendant ce bonheur, veuillez bien me bénir à nouveau et daignez agréer l’expression de mon très profond respect, de mon sincère attachement et de mon entière soumission ». Marcien. (1) Nous rencontrons souvent dans nos pages ce nom d’une commune belge, située près de Tournai (Doornik) à quelques km. de la frontière française (Orchies), qui est orthographiée habituellement Taintegnies au XIXème siècle, mais Taintignies au XXème siècle. Nous avons gardé dans nos colonnes la forme ancienne.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1919, no 561, p.113-115. Notice biographique sur le P. Marcien Claisse par le Marie-Alexis Gaudefroy. Bulletin de l’Alumnat du Sacré Cœur de Jésus (Taintegnies), 1895, no 18, p. 146- 147. On garde dans les ACR de la correspondance du P. Marcien Claisse (1901-1919) ainsi que ses rapports sur Bure (1906-1912).