Marie-Alfred (Alfred) GOETTELMANN – 1884-1956

Los Andes.
« Je vais vous parler un peu de notre maison de Los Andes,
du couvent de Transito érigé, il y a 7 ans, en paroisse: paroisse assez
pauvre, elle comprend un quartier de la ville et l’immense région de la
Cordillère. Le P. Berthou, supérieur et curé, est aidé par le P. Marien et
le P. Camille. Les chapellenies du Carmel, des Sœurs Salésiennes,
l’hospice des vieux, le soin des malades, les confessions à l’église, les
baptêmes, les mariages, les catéchismes, les prédications: telles sont les
différentes oeuvres où se dépense le zèle apostolique de ces 3 Pères. Le P.
Marien en plus va chaque semaine faire classe de catéchisme à 18 km. d’ici
dans la Cordillère et le trajet, il le fait, partie à pied, partie à
cheval. Le P. Camille, à l’officine quand il n’est pas chez un malade,
accueille tout le monde avec bonté, fait un brin de causette et demande à
chacun des nouvelles de la famille, de la santé etc… et se met à leur
disposition pour des messes, des baptêmes, des mariages… Le P. Berthou,
malgré sa mauvaise santé, est d’une activité extraordinaire. Il a remplacé
le plancher de l’église par des carreaux en ciment, cette église maltraitée
par le tremblement de terre…
». P. Marie-Alfred.

Marie-Alfred (Alfred) GOETTELMANN

1884-1956

Religieux de la Province de Bordeaux.

Fils d’Alsaciens exilés.

Alfred Goettelmann (1) est né sujet allemand, le 30 janvier 1884, à Sélestat (Bas-Rhin), dans l’Alsace annexée par le Reich après 1870. Ses parents, pour ne pas perdre leur nationalité française, décident de quitter leur province pour s’établir en Tunisie. Après ses études primaires chez les Frères des Ecoles chrétiennes à Tunis, Alfred vient, à 14 ans, à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère) pour compléter son initiation au latin (1898-1900), puis à celui de Brian (Drôme) de 1900 à 1902 où il achève ses études d’humanités. Il commence alors des études de théologie chez les Pères Blancs à Binson (Marne), mais en 1903, ayant opté pour l’Assomption, il se rend au noviciat de Louvain (Belgique) où il prend l’habit le 18 octobre 1903 et où il prononce ses premiers vœux, le 18 octobre 1904, sous le nom de Frère Marie-Alfred. Profès perpétuel le 18 octobre 1905, il entreprend sur place ses études de philosophie (1905- 1907). On lui demande le service d’un temps d’enseignement à Bure (1907-1908), puis à Karagatch en Turquie (1908-1910). Il se rend à Jérusalem pour la théologie (1910-1913), complétée à Rome (1913- 1914). Il est ordonné prêtre à Jérusalem le 13 juillet 1913. Sa première obédience le destine à l’enseignement à l’alumnnat d’Elorrio (Espagne) où l’on se souvient de son attachement à une vie silencieuse et de son entrain pour l’animation des jeux (1914-1917).

En mission en Amérique latine.

En novembre 1917, une seconde obédience l’envoie au Chili. Ses supérieurs l’affectent à l’alumnat de Mendoza où il enseigne jusqu’en 1920, et, après un court séjour à Valparaiso, il reprend son enseignement à Mendoza jusqu’à la fermeture de l’alumnat en 1922.

De 1923 à 1925, il est vicaire dans la paroisse voisine de Rengo et prend ensuite la direction de la résidence de Los Andes: il y reste curé et supérieur jusqu’en 1930. Au début de 1931, il accepte de revenir à Mendoza, dans l’alumnat rétabli en 1929. Durant 14 ans, il se dépense sans mesure dans cette oeuvre, avec un personnel toujours réduit. Il est à la fois supérieur, économe, professeur et, le dimanche, chapelain. Sa formation se caractérise par ‘une bonté virile’: le P. Marie-Alfred aime l’ordre, le travail, le sérieux, le silence. En 1944, il peut confier la direction de l’alumnat à l’un de ses anciens élèves, le P. Vincent de Paul Rodriguez. Fatigué et très myope, il est encore sollicité à 60 ans pour prendre en charge la paroisse de Rengo, fonction qu’il accepte jusqu’en 1950. S’il n’est pas l’homme des entreprises bruyantes ou voyantes, il se montre apôtre fidèle, soucieux de donner aux chrétiens une formation sérieuse. Il n’en oublie pas pour autant l’alumnat voisin de Mendoza, recueillant des offrandes qu’il apporte à chaque visite avec une ‘bolsa’ pleine de bonbons. En 1950, le P. Izans lui demande de faire le sacrifice de la mission au Chili pour venir au noviciat français de Pont-l’Abbé d’Amoult (Charente- Maritime) instruire et édifier les novices. Mais il revient sur sa demande en Amérique du Sud par amour pour ce champ d’apostolat dont il sait les besoins: en août 1952, il est affecté à la mission de Santos Lugares en Argentine. Il subit à 71 ans un emprisonnement de 48 heures (1955), à l’époque de Peron. On le transfère quelque temps au Chili pour l’aider à oublier cet épisode marquant, mais il obtient de revenir en Argentine où il se sait fort utile pour les permanences au confessionnal. Le jeudi 26 avril 1956, se sentant faible, il demande une assistance médicale. Il meurt peu de temps après, le 30 avril 1956, assisté par le P. Carmel Pémoulié. Il est inhumé deux jours après, le 2 mai 1956, à Santos Lugares.

(1) On trouve aussi dans les documents du temps les graphies ‘Goettelman’ et ‘Schletstadt’ (pour Sélestat). La famille du jeune Alfred s’est établie en Tunisie, au Kef, près de Tunis où l’un de ses frères résidait encore au moment du décès du P. Marie-Alfred (1956). La localité marnaise où se trouvait l’implantation des Pères Blancs se dénomme aujourd’hui Binson-et-Orquigny, près de Châtillon-sur-Marne.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. décembre 1957, p. 218. Lettre à la Famille, 1956, n’, p. 126-128. L’Assomption et ses Cguvres, 1957, n° 513, p. 7-11. Vinculum, mayo 1956, n° 11, 3 pages. Nouvelles de Los Andes par le P. M.-A. Goettelmann dans l’Assomption et ses oeuvres, 1936, n° 418, p. 268-269. Dans les ACR, correspondances du P. Marie-Alfred Goettelmann (1907-1950), rapports sur Los Andes (1929), Mendoza (1935-1936), Rengo (1948-1949) Notices Biographiques