Marie-André (André Louis) PRUVOST – 1878-1945

Paris, 1944.
« C’est nuit noire! Toute la clinique de la rue de la Santé dort
profondément. Un malade a l’idée de se lever et de s’en aller faire un
tour. Délire? Somnambulisme? Que sais-je? Sans avertir aucune gardienne,
aucune religieuse, il se lève, passe sa robe de nuit, s’arme de ses deux
cannes. Le malade ainsi armé se met en route à travers couloirs et
escaliers. Il ne rencontre personne, mais son idée fixe est de trouver
une porte donnant sur la rue et de filer en direction de l’Avenue Bosquet
n° 10. Il n’y a pas d’électricité. Il trouve au sous-sol une vieille dame
qui va réveiller une religieuse à laquelle il dit: J’habite la chambre n°
14. La Sœur lui répond queue a vu ce matin le P. Michel venu rendre visite
à son frère le P. Marie-André.
‘Je suis le P. Marie-André, je renonce à me rendre à l’Avenue Bosquet et je
veux regagner ma chambre’. La religieuse l’aide à remonter les étages, à
retrouver sa chambre et son lit où il ne tarde pas à s’endormir d’un
profond sommeil. J’en conclus que j’ai été gardé par mon Ange qui a été à
ma place vous faire une visite nocturne. Remerciez
mon Ange d’avoir veillé sur moi».
P. Marie-André.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Le troisième Frère Pruvost. Né à Quesnoy-sur-Deûle (Nord), le 29 septembre 1878, André-Louis Pruvost fait ses études secondaires au collège du Sacré-Cœur d’Estaires, tenu par le clergé diocésain de Cambrai (Nord), de 1890 à 1896. Cette formation générale est suivie de trois années d’étude d’imprimerie et de gravure à l’Ecole des Beaux-Arts à Lille (Nord). Il rejoint ensuite ses deux autres frères à l’Assomption en prenant l’habit le 20 décembre 1900 à Gemert (Pays-Bas). Il prononce ses premiers vœux à Louvain, le 25 décembre 1901, sous le nom de Frère Marie-André, et son frère, le P. Eustache, reçoit ses vœux perpétuels le 22 décembre 1902. Il étudie la philosophie à Louvain de 1902 à 1904 et la théologie à Rome de 1906 à 1909, ayant entre- temps accompli la tâche d’économe à Taintegnies de 1904 à 1906. Il obtient à Rome le doctorat en théologie. Il est ordonné prêtre le 19 décembre 1908. De 1909 à 1915, le P. Marie-André est affecté à la maison de la Bonne Presse à Paris, au secrétariat du Noël et au service de la diffusion. C’est à. ce poste que vient le surprendre la première guerre mondiale. Il est mobilisé, versé dans le 43ème régiment d’infanterie où il est nommé aumônier. Son courage lui vaut la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur et la Croix de guerre. En 1918, il est fait prisonnier et déporté en captivité en Allemagne. Libéré, il se trouve à Metz (Moselle) où il déploie une grande activité dans la région, ce qui lui permet de fonder l’alumnat de Scy-Chazelles (Moselle). En 1925, lui est confié l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie). Il assure à l’œuvre que vient de prendre en main l’Assomption un réseau d’amis et de bienfaiteurs, inaugurant en 1930 un pavillon pour les plus petits. En 1930, il est appelé à seconder le P. Maximin Vion à l’Oeuvre de Notre-Dame des Vocations A.A et à prendre sa succession à la direction du Pèlerinage national de Lourdes. Pendant les quinze dernières années de sa vie (1930-1945), bien qu’entravé par une maladie cardiaque, il se dévoue avec beaucoup de dynamisme dans ces deux fonctions. Il meurt le 13 décembre 1945 à Paris, à la clinique des Sœurs Oblates de la rue de Turin, après avoir beaucoup souffert d’un zona à la face. Il est inhumé au caveau de l’Assomption (tombe Bailly), dans le cimetière parisien Montparnasse. Une personnalité trempée et attachante. Le P. Marie-André est un homme d’action, avec un cœur d’apôtre, qui sait écouter, encourager et aider les personnes qui se confient à sa direction. Sa vie durant, il a suscité et soutenu de nombreuses vocations religieuses. Il prêche avec ardeur et feu, sait entraîner les cœurs et, jusque dans son agonie, ne rêve que de processions et d’invocations. Le grand apostolat de sa vie est celui de la relation humaine et spirituelle dans laquelle il excelle. D’une délicatesse exquise, il a l’art de savoir faire plaisir. Comme l’écrit avec quelque humeur un confrère, si le P. Maximin Vion a l’art de se plaindre pour se faire porter sa besace et ses bagages, le P. Marie- André, lui, a celui de recevoir des dons au bénéfice de I’Oeuvre de Notre-Dame des Vocations et de Notre-Dame de Salut. D’un esprit de foi très ardent, dévot de Notre-Dame de Lourdes, il se considère comme un des derniers héritiers de l’esprit des PP. Picard et Emmanuel Bailly auxquels il voue un grand culte toute sa vie. Il s’affirme volontiers leur disciple sans peur et sans reproche. Un de ses amis, M. Antoine Pol, ingénieur, lui rend ce témoignage en 1945: « Combien de fois n’avons-nous pas dit entre nous au sujet du P. Marie-André: il est un de ces hommes rares qui nous font comprendre et aimer Dieu. Il suffit de le voir entrer dans la pièce où on l’attend et où on le trouve très droit, les mains ouvertes, le sourire aux lèvres et ses grands yeux clair rayonnant d’optimisme, d’espérance, pour être transformés, réconfortés, régénérés. D’emblée, nous lui confessons nos tourments, nos angoisses, nos laideurs, certains que sa parole lave nos âmes de toute souillure et nous remette en selle pour repartir sur des chemins nouveaux ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1945, P. 50. Supplément à la Lettre à la Famille, 1945, n° 8, p. 33-34. L’Ange de l’oprhelin (Douvaine), juillet-septembre 1950, n° 305, p. 16-19. Lettre du P. Marie-André Pruvost à son frère, le P. Michel Pruvost, Paris, 24 mai 1944. Dans les ACR, du P. Marie-André Pruvost, rapports sur Scy-Chazelles (1920-1921), sur Douvaine (1926-1930), sur I’Oeuvre de Notre-Dame des Vocations (1936-1939), correspondances (1902-1945). Notices Biographiques