Marie-Antoine (Eugène-Charles) SCHNEIDER – 1911-1957

Scy-Chazelles, 1941.
« Ayant appris ces jours derniers que vous avez passé la semaine sainte à
Lormoy, je veux essayer de vous atteindre par cette voie. Il me semble que
mon courrier n’arrive pas
à destination. La semaine dernière, un mot du P. Rauscher a encore confirmé
cette opinion. Que deviennent les maisons Saint-Jean et
Sainte-Jeanne d’Arc? Les deux bâtiments sont occupés, l’alumnat par des
domestiques de l’Arbeit… La croix sur la nouvelle chapelle a été ôtée le
Jeudi Saint, il n’y a plus de religieux. La maison Saint
Jean est occupée par la Schupo, elle a été bien entretenue. On lit encore
l’inscription en français sur la porte d’entrée, ce qui étonne. Près du
poulailler, on a construit un immense garage. Ils ont supprimé une porte
pour laisser passer les grands camions. Dans la maison on fait des
transformations. Les orgues ont été vendues par je ne sais qui et à je ne
sais qui. Au premier étage on abat des cloisons pour faire des salles. Cela
doit devenir un quartier général pour l’Arbeit. Il y a trois mois, on
parlait de tout démolir sous prétexte que cela gênait la vue. La langue
française est exclue à la paroisse. Pauvre jeunesse! ». P. Marie-Antoine.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Résumé biographique. Né à Souffelweyersheim (Bas-Rhin), le 23 février 1911, Eugène-Charles Schneider fait ses études secondaires à Scherwiller (Bas-Rhin), de 1924 à 1928, puis à Miribel-les-Echelles (Isère), de 1928 à 1930. Il prend l’habit assomptionniste au noviciat de Scy-Chazelles (Moselle), le 12 octobre 1930, sous le nom de Frère Marie-Antoine. Le 13 octobre de l’année suivante, il prononce ses premiers voeu x . Son maître des novices le décrit comme « un religieux d’une excellente nature, un peu lourde, mais dévouée. Les soins qu’il donne aux malades sont de beaux exemples de charité. A un moment donné, il a regardé plutôt du côté des Capucins, mais je le crois maintenant très attaché à sa vocation à l’Assomption ». Après le noviciat, c’est sur place, à la maison Saint-Jean, le temps des études de philosophie (1931-1934). Le Frère M.-,Antoine accomplit son temps de service militaire à Strasbourg durant une année (1934-1935) et gagne ensuite la maison de théologie de Lormoy (Essonne) où il passe les années 1935-1939. Au terme de ses études, il est ordonné prêtre à Lormoy le 26 février 1939. Auparavant, le 21 novembre 1936, le Frère Marie-Antoine a été admis à la profession perpétuelle. Le P. Fulbert Cayré, son supérieur d’alors, note que « le Frère Marie-Antoine est un excellent religieux, sérieux, modeste , de bon caractère, travailleur, suffisamment doué et qui rendra de grands services ». En 1939, le P. Marie- Antoine est mobilisé. A sa libération, il est constitué gardien des deux maisons de Scy-Chazelles (Moselle), le scolasticat Saint-Jean et l’alumnat Sainte-Jeanne d’Arc, qui se trouvent en zone occupée. En même temps, il est desservant de la paroisse de Lessy. On ne connaît à ce religieux qu’une seule résidence communautaire par la suite, Scy-Chazelles où il est professeur, A.A de 1945 à 1951, et où il est supérieur de 1951 à 1957. Il meurt prématurément, à 46 ans achevés, le 14 mai 1957. Le P. Marie-Antoine est inhumé à Scy-Chazelles. Homme de devoir dans un esprit totalement surnaturel, ce religieux est en même temps d’une grande bonté, telle que parfois les plus jeunes avaient tendance à en abuser. Evacation d’une année éprouvante. « Fiat! On ne peut dire que cela, n’est-ce pas, lorsque l’autorité vous impose une charge! Me voici bombardé chroniqueur officiel de l’alumnat de Scy. Je le fais d’autant plus volontiers que j’ai fini par décrocher un titre! J’ai gravi un échelon de la hiérarchie communautaire! Qu’on se rassure, je ne crains pas le vertige, mais l’asthme seulement. Reste à m’exécuter. Par où commencer? Il faut remonter dans la nuit des temps pour retrouver trace d’un chroniqueur quelconque. C’est à croire que les religieux de Scy sont-ils vraiment les seuls? sont des religieux par trop modestes. Leur pudeur leur interdit de communiquer à la famille des faits qui attireraient l’attention sur eux. Par exemple, au cours de l’année écoulée, l’alumnat de Sainte- Jeanne d’Arc a reçu une visite-éclair et d’importance dont on n’a pas soufflé mot. Cette visite, c’est celle de Dieu même venu enlever brusquement le Père supérieur. Forte émotion dans la contrée, des funérailles qui ont été l’occasion de touchants témoignages pour la maison et pour la personne du disparu. Et depuis cinq mois on a observé un silence plein de dignité. Il ne me revient pas d’en parler. Cette charge échoit à ceux qui l’ont connu de longues années, qui ont travaillé avec lui et qui, par là, sont plus à même d’en parler convenablement. Risquer un portrait sans avoir en mains tous les éléments serait aller au-devant d’une malfaçon certaine. Et les religieux défunts ont droit à notre respect » (1). D’après H. Zarret, 22 octobre 1957. (1) C’est sans doute en fonction de cet adage et de cet éloge du silence que nous ne connaissons pas, à travers les colonnes des publications de l’époque, les circonstances du décès du P. Marie- Antoine Schneider. On nous permettra d’avoir une opinion différente sur la légitimité d’un ‘silence sépulcral’.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: D.O.A. octobre 1958, p. 28-29. Lettre à la Famille, 1957, n° 229, p. 57; n° 238, p. 128-129 (présentation de la nouvelle équipe de Scy à la rentrée scolaire 1957-1958). L’Etendard de Sainte Jeanne d’Arc (Scy-Chazelles), juillet 1957. Lettre du P. Marie-Antoine Schneider au P. Gervais Quenard, Scy-Chazelles, Il mai 1941. Dans les ACR, du P. Marie-Antoine Schneider, rapports sur Scy-Chazelles (1951-1956), correspondances 1935-1951). Notices Biographiques