Marie-Augustin (Adolphe) DESIRE – 1881-1965

« Depuis qu’il est ici, le P. M.- Augustin Désiré est professeur de
deuxième section et je ne crois pas qu’il aspire à monter. Il a là, devant
lui, 12 alumnistes qu’il aime bien et qui lui rendent son affection. Il met
à les former tout ce qu’il a
de cœur et tout ce que Dieu lui a donné de force et d’énergie. Il est aussi
chargé de la
liturgie et des cérémonies. Il ne néglige rien de ce qui peut en rehausser
l’éclat. Ce don d’organisation minutieuse, le
Père Marie-Augustin l’apporte également dans la préparation des séances
festives et récréatives, même improvisées: flûte, lanterne magique,
chanson, phonographe. Quand il entre en scène, il n’a pas encore dit un mot
que les rires commencent à fuser: on rit
fort et longtemps! Avec sa belle barbe, ses lorgnons qui tombent, sa
mimique si expressive, sa voix si puissante et si timbrée, c’est tout un
personnage. Il ne s’occupe pas seulement de distraire les enfants. On le
demande dans les paroisses environnantes pour prêcher. Sa parole
convaincue, enthousiaste, fait impression sur les foules. Elles l’écoutent
volontiers, même lorsqu’il lui
arrive de parler 3/4 d’heure ou une heure! ». La ‘Petite Mère’,
1938 (1).

Marie-Augustin (Adolphe) DESIRE

1881-1965

Religieux de la Province de Lyon.

Des débuts laborieux.

Adolphe Désiré est né le 27 janvier 1881, à Lille (Nord). Très jeune orphelin, il est confié à l’orphelinat du P. Halluin à Arras (Pas-de-Calais) auquel il voue toute sa vie une reconnaissance éperdue de lui avoir donné le-pain du corps et de l’âme (1889-1892). De l’orphelinat, il passe à l’alumnat d’Arras (1892-1895), puis à celui de Clairmarais pour les études secondaires (1895-1898). Il prend l’habit le 5 septembre 1898 à l’abbaye de Livry, sous le nom de Frère Marie-Augustin. On l’envoie à Phanaraki (Turquie) où il prononce ses premiers vœux le 2 octobre 1899. Entre 1898 et 1902, il enseigne à l’école de Koum-Kapou, à Istanbul. Présenté par deux fois à la profession perpétuelle, il est ajourné: « sujet à des inquiétudes de conscience et de scrupule, trop facilement critique, seul au monde après le décès prématuré de sa sœur, il est reçu avec charité à l’orphelinat d’Arras par le P. Jean-François Pautrai qui l’emploie comme aide-cuisinier, portier et professeur et qui le tient en grande estime ». En 1904, Adolphe accomplit son service militaire et, au retour de l’armée, sollicite une nouvelle admission au noviciat de l’Assomption. Le P. Benjamin Laurès le reçoit à Louvain le 4 septembre 1907 par une nouvelle prise d’habit. Le Frère Marie-Augustin peut enfin prononcer à Louvain ses vœux perpétuels le Il septembre 1908, commencer ses études de philosophie sur place (1908-1912) et s’en aller à Notre-Dame de France à Jérusalem pour les études de théologie (1912-1913). Il est ordonné prêtre à Jérusalem le 13 juillet 1913 par Mgr. Piccardo. Les Turcs, maîtres de la Palestine, mettent les religieux français à la porte. C’est à Rome que le Père Marie- Augustin vient achever son parcours de formation. De 1914 à 1918, il est affecté à Zepperen (Belgique) pour l’enseignement.

En 1918, il passe à Sart-les-Moines (1918-1919), revient à Arras une fois la guerre terminée (1919-1922) et fait partie du petit groupe de religieux chargés de prendre en main la fondation du collège d’Arles (Bouches-du-Rhône) en 1922. En 1925, le voici nommé à l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie), sur les bords du lac Léman, qui va être son premier long poste auprès des jeunes (1925-1931).

Un pilier de Saint-Sigismond (Savoie).

A lui qui a souffert dans sa jeunesse de n’avoir plus de toit familial en dehors de celui de l’Assomption, s’ouvre en 1931 une longue période de stabilité. Pendant 34 ans, Saint-Sigismond devient sa maison. Qui ne se souvient d’avoir croisé dans une allée un religieux ratisssant, déja vénérable avec sa grande barbe blanche? Contre le soleil, il porte en guise de chapeau de paille un vieux couvre-chef de curé auquel il tient comme un traditionaliste à son rabat. Autour de la chapelle, il cultive avec amour des parterrres de fleurs pour orner l’autel, car il aime les liturgies fleuries, les révérences et les honneurs marqués au Saint-Sacrement. Avec le temps, sa vue lui joue de mauvais tours. Les herbes folles s’en prévalent, au détriment des tiges prometteuses extirpées par erreur! Son cœur est entièrement attaché à la formation des jeunes lévites, les leçons de catéchisme et de liturgie ne doivent pas souffrir de distraction, mais en récréation la bride est lâchée pour les jeux auxquels il n’est pas le dernier à participer. En 1939-1940, il fait partie des accompagnateurs qui grossissent le flot des recrues à Miribel-les-Echelles (Isère) et qui trouvent un refuge temporaire dans le château de Saint-Albin de Vaulserre. Entraineur et boute-en-train des soirées récréatives, il finit par s’identifier avec l’institution et, au fil des années, devient le vétéran qu’on aime retrouver comme la mémoire des générations qui ont défilé. Physiquement, il ressemble comme un sosie au P. Vincent de Paul Bailly. Mais en décembre 1964, une congestion cérébrale marque une alerte sérieuse. En juin 1965, il doit se rendre à la maison de repos de Lorgues (Var), dans sa 85ème année. il n’a guère le temps de s’y adapter. Souffrant d’infarctus, il meurt le 24 octobre de cette même année 1965. Ses obsèques sont célébrées le lundi 25 et sa dépouille mortelle est inhumée dans le caveau de la communauté.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1966 p. 118-119. L’Echo de Notre-Dame (Bulletin de Saint-Sigismond), 1965, n° 220. Rhin-Guinée, 1965, n° 63, p. 13-16. Correspondances dans les ACR (1909-1963). (1) La ‘Petite Mère’ est le pseudonyme utilisé par le chroniqueur qui en 1938, dans la Lettre à la Dispersion, a donné sous forme humoristique, des nouvelles de la communauté de Saint-Sigismond. Notices Biographiques