Marie-Bernard (Pierre-F.-T.) RONDEAU – 1889-1934

Caudéran, 1934.
« Mercredi dernier 10 janvier
[1934], en passant de Cognac à Melle, je m’étais arrêté à Angoulême pour
dire la messe et voir notre petite communauté du Sacré-Cœur. Je trouvai le
bon P. [Nazaire] Joncour très préoccupé par la santé du Frère Marie-Bernard
Rondeau, couché depuis dimanche avec une forte fièvre provoquée par une
pneumonie, selon le docteur. Je vis le
Frère qui réclamait la communion qu’on n’avait pas pu lui donner les jours
précédents en raison de son traitement. Il put la faire ce jour-là. Il se
sentait très fatigué, mais, malgré son délire de la nuit et 40° de fièvre
encore, se disait mieux. Je dis la messe et, après le petit déjeuner, on
vint m’annoncer que le docteur
était arrivé. J’assistai à la visite et, malgré l’état lamentable du
malade, je partis un peu rassuré, car le docteur déclara que le Frère avait
pris le dessus et se tirerait facilement d’affaire. Vendredi matin 12
janvier, je recevais du P. Joncour un télégramme, puis un coup de téléphone
pour me dire que son cher sacristain était mort, le matin à 6 heures, et
que les funérailles auraient lieu lundi».
P. Michel Pruvost.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux. Une figure attachante et dévouée. Pierre-François-Thomas Rondeau est né le 21 décembre 1889 à La Rouaudière, village situé dans le canton de Saint-Aignan-sur-Roë en Mayenne, où ses parents travaillent une petite ferme. Après son école primaire au village, il vit en famille. C’est à l’âge de 30 ans qu’il découvre l’Assomption et qu’il demande son admission dans la vie religieuse comme Frère coadjuteur. Il est d’abord reçu comme postulant au Prieuré de Sart-les-Moines en Belgique durant l’année 1919-1920. Le 6 avril 1920, il prend l’habit à Sart-les-Moines, maison alors dirigée par le P. Eustache Pruvost. De 1920 à 1924, il rend service à la paroisse Saint-Joseph de Toulouse (Haute- Garonne). Il retourne en Belgique pour un temps de noviciat canonique, à Taintegnies, sous la direction du P. Savinien Dewaele (1924-1925). Il y prononce ses premiers vœux le 23 mai 1925, sous le nom de Frère Marie-Bernard. Retourné dans la Province de l’Ouest dont il est originaire, il prononce ses vœux perpétuels dans l’oratoire de la communauté bordelaise de l’avenue Mirande à Bordeaux (Gironde). Son dévouement s’exerce successivement, entre 1925 et 1933, dans les maisons de Saint-Coutant (Deux-Sèvres), Laleu près de La Rochelle (Charente-Maritime), Tasdon, communauté voisine, et enfin Angoulême (Charente), de 1933 à 1934. D’un caractère agréable, affable avec tous, il manifeste toujours un vif désir de servir ses frères en communauté. Sa politesse, sa propreté dans le travail, une certaine distinction naturelle facilitent ses relations avec les paroissiens qui apprécient aussi son attitude à la fois serviable et réservée. Il remplit la tâche de sacristain à l’église du Sacré-Cœur à Angoulême quand une mauvaise pneumonie se déclare. Au bout de quelques jours de maladie, le Frère Marie-Bernard meurt à l’hôpital de la ville, A.A le 12 janvier 1934, là où il a été transporté. Il n’a que 45 ans. Son corps repose au cimetière d’Angoulême, dans le caveau acheté par M. Sévenet pour les prêtres du diocèse. Fondation de la paroisse du Sacré-Cœur à Angoulême. « M. Bernard Sévenet, très lié à l’Assomption, est le Président de la Société civile catholique de La Bussatte qui s’occupe de la construction de l’église du Sacré-Cœur à Angoulême. Avec ses deux sœurs, il a mené campagne pour que cette région trop délaissée d’Angoulême où l’évêque [Mgr Jean-Baptiste Mégnin, ancien alumniste de Miribel avait résolu de bâtir une église, fût confiée aux Religieux de l’Assomption. Ils pressaient parfois si fort dans ce sens que le Vicaire Général, M. Augeraud, se détournait de son chemin pour ne pas les rencontrer. Cependant le vœu de l’évêque était là présent: devant la pénurie de prêtres de son pauvre diocèse, il avait promis d’élever une église au Sacré-Cœur pour obtenir des vocations. Ce sanctuaire serait le centre diocésain de la dévotion au Sacré-Cœur et le rendez-vous de toutes les bonnes volontés préoccupées de la crise des vocations. Un jour donc de l’an dernier, le Vicaire Général se présenta à Caudéran et plaida la cause d’Angoulême. On fut vite d’accord, la proposition étant de celles que l’on ne rejette pas. Un tiers de la future église est bâti, mais il faudrait des sommes trop considérables pour l’achever en ce moment. On convint donc de bâtir une salle d’œuvres qui servirait provisoirement de chapelle. C’est elle que nous inaugurions dimanche: belle construction de 40 mètres de long sur 12 de large. Le P. Nazaire Joncour fut installé comme curé. Depuis six semaines, il missionnait dans sa paroisse et conquérait les cœurs. Pendant le discours très ému que le curé adressa à ses fidèles et qui fit pleurer bien des hommes, le Vicaire Général me disait à l’oreille: ‘Très bien, vous savez, il a la cote, voire petit Père.’ Une immense sympathie entoure en effet le curé et tout fait augurer un ministère très fructueux dans ce milieu … ». D’une correspondance du P. Séraphin Protin, Provincial, au P. Gervais Quenard, 17 juillet 1933.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Lettre à la Dispersion, 1934, n° 514, p. 9-10. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Michel Pruvost, Bordeaux-Caudéran, 16 janvier 1934. Notices Biographiques