Marie-Edmond (Edmond-Paul) ROESCH – 1920-1988

Dans la détresse, 1953.
« Ma lettre vous étonnera. Cela aurait été si simple de vous parler de mes
ennuis à la prochaine visite canonique. Mais je suis moins démuni par écrit
que par la parole, voilà pourquoi je vous livre le fond de ma pensée.
J’éprouve un grand découragement parce que je ne vois aucune issue à mon
état de santé déficient. Depuis 1946 je suis astreint à un régime
alimentaire sévère qui peut-être provoque cette fatigue continuelle. Mes
travaux nécessitent des va-et- vient continuels, au réfectoire, à la
lessive, au nettoyage. Mes jambes ne me soutiennent que difficilement. J’ai
la hantise de m’asseoir. Je suis talonné par un travail quotidien
implacable qui exige la station debout. Je m’avoue vaincu, j’ai demandé un
travail assis ailleurs qu’à Paris, mais j’attends toujours. Le médecin me
recommande une cure à Vittel. Pour le moment je me traîne, je suis courbé
et très tendu intérieurement. Ce surmenage me conduit au découragement et
les motifs surnaturels auxquels j’ai recours sans cesse ne peuvent adoucir
mon amertume.
Aurais-je dû vous parler de vive voix? Je suis si compliqué alors que tout
devrait être si simple! ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Une vie marquée par l’épreuve, vécue dans le service. Edmond-Paul Roesch est né le 20 octobre 1920 à Ohnenheim (Bas-Rhin), dans une famille nombreuse de six enfants à laquelle il reste toute sa vie très attaché. Désirant ardemment se consacrer au Seigneur dans le sacerdoce, Edmond-Paul commence des études à Scherwiller (Bas-Rhin). Sa santé fragile le contraint à changer de direction et il choisit de servir l’Assomption comme Frère coadjuteur. Il prend l’habit à Nozeroy (Jura) le 21 novembre 1936, sous le nom de Frère Marie- Edmond et il y fait profession le 22 novembre 1937. L’année suivante, il quitte la maison du noviciat. Il est nommé à la paroisse de la Ginouse à Toulon (Var) où il reste jusqu’en 1946 et où il a prononcé ses vœux perpétuels en novembre 1942. Durant l’année 1941, selon la législation du régime de Vichy en vigueur, il accomplit un substitut de service militaire dans un camp de jeunesse. De 1946 à 1950, le Frère Marie-Edmond est affecté à Marseille (Bouches-du-Rhône) au service de la Procure (1946-1948), puis à la paroisse Saint- Joseph (1948-1950). En 1950, il quitte la Méditerranée et débarque à Paris, à la communauté de la rue François ler où, auprès de ses frères des Etudes byzantines, il se dévoue dans les plus humbles services de l’accueil et de la table. Il rêve toujours du sacerdoce, jusqu’à l’angoisse et la déprime. Il tombe malade en 1955 et passe une année terrible à l’hôpital Sainte-Anne de Paris. Le 15 mars 1956, il gagne Miribel-les-Echelles (Isère). En août, il est hospitalisé à Lyon (Rhône) chez les Frères de Saint-Jean de Dieu, une épreuve qui dure huit ans. Le soleil reparaît. Guéri, le Frère Marie- Edmond arrive à Lorgues (Var) le 25 janvier 1964. Durant 24 ans, il se dévoue auprès de ses frères malades, dans l’amitié et le service fraternel, A.A d’abord comme jardinier et fleuriste, puis comme réfectorier et plongeur, avant de se voir confier la dépense et l’accueil des hôtes. On sait avec quelle générosité et quelle minutie il accomplit fidèlement sa charge jusqu’à ce 23 mars 1988 où il est terrassé par une crise néphrétique qui lui bloque les reins et les poumons. Après trois semaines de soins intensifs au service de néphrologie du Centre hospitalier Pasteur de Nice (Alpes-Maritimes), réconforté par le sacrement des malades, il est emporté subitement par une défection cardiaque, le 14 avril [1988] dans sa 68ème année (1). Le 16 avril, les obsèques sont présidées par le P. Noël Le Bousse qui, dans l’homélie, exalte la vie du Frère, donnée dans l’obéissance et la charité, monnayée dans les services les plus humbles: « Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur (Jean). J’ai choisi ce texte d’Evangile en relisant ce matin cette belle hymne: Jésus qui m’as brûlé le cœur au carrefour des Ecritures. En effet c’est Jésus qui a entraîné Marie-Edmond sur ses traces et l’a conduit dans cette aventure pour que le feu de l’amour de Dieu à d’autres prenne. Car toute vie religieuse donnée avec cœur est semence d’Evangile » (2). Dans le curriculum qu’il retrace, le P. David Laurent rappelle que le Frère Marie-Edmond a été un orant :Nous avons tous été frappés par sa piété mariale qui était exceptionnelle. Tous les soirs il arpentait le couloir du rez-de-chaussée et priait son chapelet, avec une piété d’enfant. Fidèle à recevoir le Christ dans l’Eucharistie, il aimait aussi venir l’adorer souvent, au cours de la journée, et lui adressait des prières qu’il s’était plu à recopier. Souvent il redisait la prière du P. Lyonnet (1): Père, c’est à Toi que je m’adresse ce soir, avec une confiance tranquille et paisible. Ton Fils m’a appris que tu étais mon Père, qu’il ne fallait pas t’appeler d’un autre nom. Tu n’es que Père. Père, je viens simplement te dire que je suis ton enfant et je te le dis sérieusement, et pourtant avec l’envie de rire et de chanter, tellement c’est beau d’être ton fils. (1) D’après les notes du P. David Laurent sur le Frère Marie-Edmond. (2) D’après l’homélie du P. Noël Le Bousse, le jour des obsèques du Frère Marie-Edmond.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 24-25. Assomption-France, Nécrologie année 1988, p. 136-137. Curriculum vitae du Frère Marie-Edmond par le P. David Laurent, 2 pages dactylographiées. Lettre du P. Marie-Edmond à un Supérieur Provincial, Paris, 25 novembre 1953. Notices Biographiques