Marie-Emmanuel (L.-H.-M.-V) SIROT – 1893-1963

Rengo, 1958.
« Je viens vous demander un grand service. Voudriez-vous avoir l’obligeance
de demander pour moi l’autorisation de dire la messe
de la Sainte Vierge et celle des défunts et la dispense du bréviaire à
remplacer par trois chapelets? Je commence à perdre la vue sans doute à
cause du diabète persistant dont je souffre depuis 4 ans. L’œil droit ne
voit plus guère
et l’œil gauche donne des signes de fatigue. La cornée transparente est
émaillée de petits nuages qui se multiplient chaque année. J’ai aussi des
problèmes de circulation sanguine. L’après midi, la vue se clarifie un peu,
mais la lumière artificielle me fatigue beaucoup. J’ai dû abandonner la
lecture des journaux, des revues, des livres scolaires, écrits trop petits.
Je suis professeur à l’alumnat de Mendoza dont je suis un des refondateurs
en
1928, j’enseigne la religion et les sciences dans 4 cours. Je possède bien
ces matières heureusement! Je peux rendre service jusqu’à ce que je perde
la vue. Mais à 65 ans, être déjà, une loque! Mais j’arriverai avec la grâce
à
Dieu. Si je puis célébrer la messe ainsi tranquillement, sans
m’impatienter, prendre le missel en main et éviter de bafouiller … ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux, affilié en 1954 à la Province d’Amérique du Sud. Premiers pas. Louis-Henri-Marle-Victor Sirot est né à Paris, un dimanche de Pâques le 2 avril 1893. Son père, Henri, musicien de talent, est organiste à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre; sa mère, Marie née Lamère, consacre plusieurs heures par jour à la peinture. C’est dans une ambiance d’esprit chrétien et d’art que l’enfant grandit. En 1905, après ses études primaires chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, ses parents le confient à un prêtre du diocèse d’Evreux (Eure) qui lui donne des leçons de latin et le fait entrer au petit séminaire de ce diocèse. Quand le séminaire doit fermer ses portes à la suite des Inventaires, le jeune homme entre, en février 1907, à l’alumnat de grammaire de Bure en Belgique (1907-1909), d’où il se rend pour ses humanités à Taintegnies (1909-1911). Il prend l’habit au noviciat de Limpertsberg au Grand-Duché de Luxembourg, sous le nom de Frère Marie- Emmanuel, le 14 août 1911. Deux ans plus tard, au lendemain de sa profession perpétuelle (15 août 1913), il se rend à Louvain pour ses études philosophiques et théologiques qui sont coupées de deux années d’enseignement à Zepperen (19171919) et de quelques mois de service militaire (mars-août 1919). C’est à Louvain que le Frère Marie- Emmanuel est ordonné prêtre, le 23 juillet 1922. Il rêve de vie missionnaire en Amérique du Sud. Pour l’y préparer, ses supérieurs l’envoient comme professeur à Elorrio en Espagne (1922-1925), où il peut se familiariser avec le castillan. La division de la Congrégation en Provinces le ramène momentanément dans sa Province d’origine, à Paris. Il est quelque temps vicaire à Saint-Christophe de javel, mais dès 1926 nous le retrouvons dans l’Ouest, à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire). A.A Le P. Gervais Quenard, de passage dans cette maison, au retour d’une visite des communautés en Amérique du Sud, parle du merveilleux apostolat exercé par les religieux en Argentine et au Chili. Pour assurer l’avenir, il faut de toute urgence ouvrir une école apostolique. Le P. Sirot est bien préparé pour cette oeuvre. Il s’embarque pour le Chili où il arrive le jour même de la fête nationale, 18 septembre 1927. Au Chili. Dès le début de 1928, à l’ombre du sanctuaire de Notre-Darne de Lourdes à Santiago, un petit groupe d’alumnistes se forme sous la direction du P. Sirot qui devient le P. Manuel. C’est le troisième départ de l’école apostolique au Chili. Un premier essai a eu lieu, mais sans lendemain. Une autre tentative n’eut pas non plus de suite ‘les douze alumnistes sortants ayant fait l’option du séminaire ou d’autres congrégations. En reprenant l’œuvre en main, le P. Sirot inculque l’esprit de l’Assomption, vécu dans une ambiance familiale. Sous sa direction, on étudie, on prie, on chante. Le P. Manuel ne compose-t-il pas tout un répertoire de chansons qui empruntent de vieux airs français, comme Hermos de ser Asuncionitas, sur l’air de Sambre-et- Meuse? Il installe l’école apostolique à Mendoza, en laisse la direction au P. Marie-Alfred Goettelmann et peut enfin commencer cette vie missionnaire dont il a toujours rêvé. En 1931, il exerce d’abord son ministère parmi les mineurs de Lota qui apprécient son zèle et son esprit de sacrifice. Mais ses initiatives apostoliques ne sont pas du goût de la direction des mines qui demande son départ. Après deux ans passés à la paroisse San Juan de Mata, à Conception (1935-1937), il réalise son idéal missionnaire au poste de supérieur et de curé à Notre-Dame de l’Assomption à Los Andes où il demeure de 1937 à 1949 et de 1953 à 1957. la paroisse est formée de quelques quartiers de la ville de Los Andes et d’une multitude de hameaux s’étirant sur 80 km jusqu’à la frontière de l’Argentine. Pendant ces années, il parcourt à cheval toute sa paroisse, établit des cartes détaillées des lieux où il fait figurer la moindre habitation. Ainsi tous les habitants parviennent à le connaître. Il érige de nombreuses chapelles de desserte: Rio Blanco, Rio Colorado. En 1939, au cours d’un congé en France, il est mobilisé et versé dans l’artillerie. Mais on estime qu’il peut rendre plus de services à la cause française au Chili et on lui paie son billet de retour. En 1949, affaibli par le climat dur et sec de la Cordillère et un ministère épuisant, il est nommé professeur à l’école apostolique de Mendoza. On le reçoit avec joie, c’est un professeur captivant, un maître en sciences naturelles, de caractère joyeux et entraînant. En 1951, on lui confie la direction du noviciat à Santiago-El Golf, charge qui crée pour lui une trop forte tension. En 1953, il revient comme curé à la paroisse de Los Andes, puis en 1957 il apporte son concours comme vicaire à la paroisse de Santiago-Lourdes. En 1958, il revient une troisième fois à l’école apostolique de Mendoza. Ses forces le trahissent, il souffre de diabète, perd la vue. Il étudie le braille à Los Andes où il vit les derniers temps au milieu des novices. Des plaies inguérissables se forment aux jambes, une congestion cérébrale l’emporte le 24 mai 1963. Il est inhumé le lendemain à Los Andes.

Bibliographies

Bibliographie et documentation.: B.O.A. mars 1964, p. 231. Lettre à la Famille, août 1963, no 358, p. 457-458. L’Assomption et ses (Euvres, 1963, no 534, p. 22-26. Eco de Lourdes (Santiago), junio 1963, no 752, p. 13. Vinculum, mayo 1963, no 39. Lettre du P. Marie-Ehmanuel Sirat au P. Procureur [Kokell, Rengo, 30 juillet 1958. Du P. Marie-Emmanuel Sirat, dans les ACR, rapports sur Los Andes (1936-1949 et 1952-1955), correspondances (1922-1958). On trouve du P. Marie-Emmanuel Sirat de ombreuses nouvelles et chroniques de sa vie au Chili, publiées dans la Lettre à spesion et la Lettre à la Famille. Notices Biographiques