Marie-Etienne (Joseph-Jean) JUNG – 1911-1976

L’intelligence du c?ur et des doigts.
«Je ne prétends pas que le P.Marie-Etienne fût sans défaut ou sans péché ou
qu’il n’ait pas pu commettre quelque maladresse dans l’accomplissement de
sa mission de vicaire à Lorgues et de curé du Thoronet. Il eût été le
premier à ne pas le prétendre. Mais son dévouement et sa sympathie
s’étendaient à tous. Je me demande s’il est un garage, un atelier, une
seule maison où
il ne soit entré, armé de sa pipe, de son humour gentil, de son bon gros
sens et de ses outils. Mais il n’était pas que le bricoleur-né, le
dépanneur de service, le joyeux commensal, le plaisant causeur, l’astucieux
photographe, l’habile ingénieur du son et de la lumière, le joyeux
compagnon. Il était et restait le prêtre de Jésus-Christ et le messager de
l’Evangile. Donné à Dieu, à l’Eglise, à sa famille religieuse, à ses deux
paroisses de Lorgues et du Thoronet, il avait l’intelligence
du c?ur et des mains. D’une mémoire excellente, d’un grand jugement et d’un
discernement sûr qui permet d’aller à l’essentiel sans détours compliqués,
il est aiguisé par toute une vie de fidélité à la grâce et ses homélies
très simples lui permettaient d’acheminer ses auditeurs au c?ur de
l’Evangile ».

Religieux de la Province de Lyon.

Parcours de formation.

Joseph-Jean Jung voit le jour, le 16 juin 1911 à Rouhling (Moselle). Alumniste à Sainte-Jeanne d’Arc de Scy-Chazelles (Moselle), de 1924 à 1929, il se fait apprécier de ses camarades comme un écolier studieux, un condisciple serviable et très sensible. Il aime reprendre les cours de politesse et enseigner à ses jeunes camarades les leçons de bonne tenue qu’y dispense le P. Léonce Hannebique. Membre de la chorale, il ne manque aucune répétition et exhorte les autres à l’assiduité. Miribel- les-Echelles (Isère) succède à l’alumnat de grammaire, de 1929 à 1931. Organisateur des jeux, promoteur des longues promenades à pied, il ne peut retenir son émotion quand son camp perd la partie. Il se cache alors derrière un arbre pour donner libre cours à son chagrin, ce qui déclenche le rire féroce ou ironique de ses coéquipiers. Le 4 octobre 1931, le rigoureux P. Gausbert Broha l’accueille au noviciat de Nozeroy (Jura): sous le nom de Frère Marie-Etienne, Joseph-Jean prononce ses premiers v?ux le 5 octobre 1932. De 1932 à 1933, il fait une année complémentaire au scolasticat Saint-Jean à Scy, suivie de deux années de philosophie (1933-1935), sous la direction du P. Athanase Sage. Plutôt manuel, il s’adonne à la pratique des diverses disciplines sportives qu’en intellectuel ouvert, le P. Sage introduit comme formes d’éducation complète. Le Frère Marie- Etienne l’emporte sur beaucoup d’autres au lancer du poids et au saut en longueur, ce qui lui vaut les félicitations du jury à la préparation militaire. En 1935, il accomplit son service militaire à Nancy (Meurthe-et-Moselle) De 1936 à 1939, il étudie la théologie à Lormoy (Essonne). Profès perpétuel le 21 mars 1937 à Lormoy, il est ordonné Prêtre le 3 décembre 1939 à Sceaux (Hauts-de-Seine).

Toujours dévoué et plein de sens pratique, il fabrique les décors de théâtre, construit un aéroglisseur pour les kermesses qui, pour 40 sous, promène sur le petit lac de Lormoy les curieux de cette invention inattendue. Il installe même le chauffage central à la maison de retraite, voisine du château.

Un religieux prêt à tous les services.

Le P. Marie-Etienne est alternativement économe, professeur et vicaire dans les différents alumnats de la Province de Lyon. Mais c’est surtout dans le ministère paroissial que le P. Marie-Etienne peut donner toute sa mesure, à Lorgues et au Thoronet (Var), pendant 24 ans (1952-1976). Homme simple et direct, rien ni personne ne lui est étranger. Sans cesser d’être lorrain, il communie par toutes les fibres de son âme à la vie lorguaise et thoronéenne. Aucune finesse, aucun charme de la vie provençale ne lui échappent. Il vitupère aussi contre les faiblesses de ses ouailles quand il ne s’en amuse pas avec humour. D’une personnalité originale et attachante, il n’y a qu’un endroit où il est redoutable et redouté, quand il est en voiture, après avoir délaissé la moto. Pour lui le conducteur de la voiture devant lui conduit mal ou trop lentement. Le chauffeur du véhicule derrière lui serre sa 2 CV de trop près et l’éblouit trop fort. Le passager qui se trouve sur le siège avant, à côté de lui, le gêne immanquablement dans ses mouvements ou ne sait pas fermer une portière. Enfin le piéton qu’il rencontre sur la route ne doit pas se trouver là! Mais en dehors de la conduite automobile, le P. Marie-Etienne est un homme charmant, l’ami secourable à tous. On le voit quelquefois assis dans une petite chaise longue – depuis 1966, il doit ménager son c?ur – devant un garage ami, toujours prêt à donner un petit conseil aussi bien sur la mécanique que sur la pratique de la vie chrétienne. Il est toujours debout pour rendre service lorsque l’on fait appel à lui. A la veille des fêtes de Saint- Férréol, il se sent très fatigué. Il meurt de façon brutale et subite le Il septembre 1976. Ses obsèques sont célébrées le lundi 13 septembre par Mgr Brand, en présence d’un grand concours de toutes les paroisses environnantes de Lorgues. Il repose au caveau de l’Assomption à Lorgues. Mon frère, mon ami, tu es vivant à jamais et tu nous attends, conclut Mgr Brand.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents-Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 33-34. ART Informations, 1972, n° 29, p. 1. Lyon-Assomption, octobre 1976, n° 51, p. 14-16. Dimanche (journal paroissial de Lorgues), supplément, 19 septembre 1976, p. 2. Témoignage sur le P. Marie-Etienne Jung par le P. Rémy Munsch.