Marie-Grégoire (Grégoire) BRUN – 1908-1986

Jubilé sacerdotal: Scherwiller
21 février 1962.
« Il faut chanter la miséricorde de Dieu et le remercier de ses bienfaits.
Mon désir, s’il avait pu se réaliser, était de fêter tout cela dans le
silence et la méditation. Mais personnellement je pense devoir me cacher
devant le grand Prêtre éternel, Notre- Seigneur. Je crois que l’on parvient
à réaliser
difficilement ce qu’est le sacerdoce en soi, sa grandeur, Etre si proche de
Notre- Seigneur tous les jours et en même temps vivre si éloigné
de Lui. Donner Dieu aux âmes et peut-être se le donner si pauvrement à
soi-même. Cette contradiction de vie attriste parfois et demande sans doute
davantage de réflexions que de réjouissances. Je parle pour moi-même, car
beaucoup d’autres savent mieux faire. Vous touchez un mot de cette mission
lointaine, de cette pauvre Chine d’aujourd’hui.
1962 sera aussi l’anniversaire de mes 25 ans de départ pour cette Chine. Je
crois que ceux qui y étaient y ont tous laissé un peu de leur cœur. Un jour
les horizons seront peut-être moins nuageux. En l’absence des élèves, nous
jouissons du calme, du silence dans la maison ».
P. Grégoire 19.4.1962.

Religieux de la Province de France.

De l’Alsace à l’Ile-de-France (1908-1937). Grégoire Brun est né le 27 septembre 1908 à Guevenatten dans le Haut-Rhin, alors terre impériale. Il commence ses études secondaires à l’alumnat de Scherwiller (Bas-Rhin) de 1921 à 1925 et les poursuit à Scy-Chazelles en Moselle (1925-1926) et à Miribel-les-Echelles (Isère) de 1926 à 1928. Il prend l’habit le 28 octobre 1928 à Scy-Chazelles, fait son noviciat sous la conduite du P. Savinien Dewaele et prononce ses premiers vœux le 1er novembre: « jeune homme de caractère sérieux, soigneux pour sa charge de sacristain, porté à l’impatience et ne communiquant pas facilement, d’une droiture parfaite ». Le Frère Grégoire va suivre ses études de philosophie à Saint-Gérard en Belgique (1929- 1932), accomplit une année de service militaire à Strasbourg (1932-1933) et achève son parcours de formation par les études de théologie: Louvain (1933-1934) et Lormoy (1934-1937) où il prononce ses vœux perpétuels le 21 novembre 1934 et où il est ordonné prêtre le 21 février 1937.

En Mandchourie, l’aventure missionnaire.

Depuis 1932, cette région chinoise, grande comme deux fois la France, est sous domination japonaise: l’empire du Mandchoukouo. En 1935, Mgr. Gaspais fait appel à l’Assomption pour fonder un grand séminaire interrégional et prendre en charge un territoire. Les deux religieux premiers à partir sont les PP. Cyrille Paratte et Amarin Mertz, le 4 octobre 1935 à bord du ‘Chenonceaux’. Les rejoignent le 12 août 1936 les PP. Livier Pierron et Austal Anseim. Enfin après une navigation de 42 jours, quatre nouveaux débarquent le 17 septembre 1937: les PP. Grégoire Brun, Clovis Disdier, Sylvère Pellicier et Théobald Schaffauser. Les deux derniers missionnaires venus de France sont en 1938 les PP. Jean de la Croix Berger et Ludan Offner. Après avoir visité Hsinking la capitale, le P. Brun et ses compagnons s’établissent à Kirin où ils apprennent le chinois et rendent divers services au petit missionnaire des M.E.P. et à la cathédrale. Le Père dessine et fait réaliser tout le mobilier du grand séminaire interrégional de Hsinking

dont la construction coûte tant de soucis et tant d’argent. Ce séminaire est solennellement béni et inauguré le 6 avril 1940. Direction et enseignement y sont assurés par 7 Assomptionnistes dont le P. Brun, économe. Quatre ans plus tard, 52 séminaristes arrivent de 8 vicariats et préfectures apostoliques. En 1941, le nombre s’élève à 60, chiffre maximum toléré par les japonais. En décembre 1941, le japon entre en guerre mettant en coupe réglée toute l’Asie centrale et l’Asie du Sud-Est. Les étrangers sont surveillés, la libre circulation impossible, les conditions de vie très dures. En 1943, il faut supprimer l’un des trois repas, le P. Brun crée une basse-cour pour les 67 séminaristes. En 1945, les japonais envahissent l’Indochine, mais l’U.R.S.S., soulagée sur le front occidental, bombarde le Mandchoukouo tandis que les U.S.A. reprennent île par île leurs bases du Pacifique et utilisent la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki (août 1945). Le 19 août, les troupes soviétiques atteignent Hsinking, rebaptisée Chang-Chun. Les séminaristes sont dispersés. En 1946, c’est la pénurie et le froid. Le P. Ludan meurt du typhus le 12 mai, le séminaire devient hôpital; en avril les soviétiques se retirent mais commence la guerre civile entre troupes nationalistes de Tchang-Kai-Chek et les communistes de la grande marche dirigés par Mao-Tsé-Toung. En mai 1947, les communistes sont aux portes de la ville et en février 1948 les religieux rentrent en France, sauf trois A.A. dont le dernier expulsé en 1954, le P. Livier Pierron.

En Savoie et en Alsace.

De 1948 à 1935, le P. Grégoire est économe à Saint-Sigismond (Savoie). A l’automne 1935, il prend en charge les paroisses de Cevins et de Saint-Paul dans la vallée de la Tarentaise. Deux ans plus tard, il devient économe à Scherwiller (1957-1970) où, religieux apprécié et efficace, il fait preuve d’une grande conscience professionnelle et d’une attention vigilante à l’égard de tous et de tout, malgré un tempérament peu communicatif. En 1970, il demande son départ de Scherwiller, la formule ‘alumnat’ vit ses dernières années. Installé à Guevenatten dans son Sundgau natal, il assume pendant près de quinze ans le service paroissial de trois petites communes. Depuis le décès de sa sœur (1982) et celui de son neveu (1984), il vit seul. L’âge se faisant sentir, il veut revenir vivre en communauté. C’est ainsi qu’il rejoint Souffelweyersheim (Bas-Rhin) le 4 septembre 1985, au lendemain de sa fête. Il y meurt le mardi 2 septembre 1986, au soir d’une journée consacrée à la visite d’une nièce à Kingersheim, près de Mulhouse. A peine rentré, il s’assied fatigué dans sa chambre, sur son fauteuil. On le découvre mort vers les 17h30. Ses obsèques sont célébrées le 5 septembre suivant, à l’église paroissiale. Le P. Grégoire repose au cimetière du village à côté du P. Amarin.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (Ill) 1984-1986, p. 133-135. Assomption-France, Nécrologie n° 5, année 1986, p. 114-116. Justin Munsch, L’Assomption en Mandchourie (1935-1954), dans coll. Série Centenaire n° 8, 1980, 143 pages. On possède du P. Grégoire quelques lettres de Mandchourie dont la plupart ont été publiées à titre de chroniques missionnaires dans les revues suivantes: L’Assomption et ses œuvres, Les Missions des Augustins de l’Assomption, La Let- tre à la Dispersion.