Marie-Jean (Jean) FOKET
1895-1921
Religieux belge.
Une jeune recrue.
Jean Foket (1) est né le 9 octobre 1895 dans une famille belge flamande de Bambrugge près d’Alost en Flandre-Orientale. Très jeune, il confie au curé de sa paroisse son désir de vie religieuse. Le prêtre le met en relation en 1909 avec la communauté assomptionniste de Louvain dont il a lu un dépliant sur le noviciat des Frères coadjuteurs. Ce n’est pas sans émotion que le jeune ‘Janneke’, diminutif flamand de Jean, quitte sa famille à cet âge -il a déjà perdu sa mère- pour être placé sous la direction du Frère Laurent Hamaide: ce dernier l’initie à la vie spirituelle et matérielle du couvent. Comme Jean porte en lui un désir de vie sacerdotale, les Supérieurs de Louvain conseillent de faire tenter un essai à l’alumnat de Zepperen. Lui-même se rend compte bien vite de ses difficultés d’adaptation à la vie scolaire de l’alumnat et préfère reprendre ses activités plutôt manuelles à Louvain avec le Frère Laurent. Le 23 juin 1911, à 16 ans, Jean prend l’habit religieux sous le nom de Frère Marie-Jean. Il apprend les métiers de la reliure, de l’imprimerie et de la couture. Le Frère Marie-Jean prononce ses premiers vœux annuels le 24 juin 1914. Quelques jours plus tard, la déclaration de la première guerre mondiale vient semer le désordre: le 27 août 1914, les religieux doivent quitter la ville sous la menace des bombardements allemands et c’est à Gempe que le Frère Marie-Jean va être mis à contribution: sa connaissance du flamand le rend précieux pour la recherche d’approvisionnement dans les fermes. Aux yeux de l’occupant, il passe pour le fils du Père économe habillé en civil. En décembre 1914, les étudiants peuvent rejoindre Louvain: le Frère Marie- Jean S’y adonne tranquillement à ses œuvres pacifiques de reliure et d’imprimerie.
Cependant de plus en plus on fait appel au Frère Marie-Jean pour d’autres tâches plus urgentes, les courses à la recherche de provisions. Au retour de ces expéditions épuisantes, il rapporte en juin-juillet 1917 deux graves pleurésies compliquées d’une grippe intestinale, maladies dont on peut dire qu’il ne va jamais se remettre. Dès ce moment, le Frère Marie-Jean comprend que sa vocation, C’est de souffrir et de se consumer à petit feu au service de ses frères.
Une vie de prédestiné. En novembre 1917, avec les Frères Odon Leroy et Nicolas Sparfel, il peut quitter la Belgique et, par l’Allemagne et la Suisse, gagner en France le nouveau noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) où, après une sérieuse amélioration de son état, on lui confie la lourde charge de la cuisine. En octobre 1918, trop fatigué, il se rend près de Menton, à Carnolès (Alpes-Maritimes) où une petite communauté a la charge de la chapelle Saint-Joseph. Il est très heureux de pouvoir rendre là des services plus à la mesure de ses forces: travail de la sacristie et du nettoyage de la chapelle, travaux de reliure. Avec beaucoup de goût et peu d’outils spécialisés, il remet à neuf bien des volumes de la bibliothèque commune, notamment l’ouvrage de Mgr Landrieux, Au pays du Christ. Au mois d’août 1919, il doit se rendre en Belgique pour régler sa situation militaire et revoir les siens qu’il a quittés depuis longtemps mais avec lesquels il correspond régulièrement. En janvier 1920 de fortes douleurs intestinales rendent nécessaire une intervention chirurgicale, l’ablation de l’appendice subie en avril suivant à la clinique de la rue Bizet à Paris. Une période de convalescence à BouMlle en Normandie semble lui redonner un peu de santé, mais une fièvre persistante ainsi que les premiers froids de l’automne rendent préférable son retour à Menton. En janvier 1921 une congestion pulmonaire se déclare. Le P. Eloi Genoux, supérieur de la communauté, reçoit la profession perpétuelle du Frère Marie-Jean, le 11 février 1921. En juillet 1921, malade, le Frère est envoyé à San Remo (2). Il se prépare à la mort avec un courage et une disposition d’abandon spirituel tout à fait admirables dont rendent compte ses carnets de méditation. Il meurt le 5 décembre 1921, à 26 ans, entouré et accompagné avec affection par les religieux de la maison: Théophane Boureau, Edmond Bouvy, Férréol Poux-Berthe, Jean de la Croix Laurent, Louis Massault et Marcellin Guyot.
(1) Foket est l’orthographe correcte de ce nom, écrit aussi Focket et même Foquet. (2) A San Remo, le Frère Marie-Jean retrouve son compatriote et mentor de Louvain, le Frère Laurent Hamaide, grand malade lui-aussi. Tous deux rivalisent de courage et d’abandon à Dieu. Laurent meurt le premier, le 11 novembre 1921.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1922, n° 247, p. 25-29. Polyeucte Guissard, Portraits Assomptionistes, p. 387-397. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Nouvelles de la Famille 1921, n° 426, p. 258-264. Deux correspondances du Frère Marie-Jean Foket dans les ACR (1917 et 1918). Notices Biographiques