Une vie quasi cachée. Louis-Albert-Georges Moulin est né le 29 février 1914 à Saint-Etienne (Loire), alors dans le diocèse de Lyon. Ses parents se nomment Jean-Marie Moulin et Clémentine Giraud. Louis-Albert-Georges suit ses classes primaires à l’école paroissiale de Saint-Etienne (près du domicile de ses parents Rue Montagny, n° 74) et tente les études secondaires à l’alumnat de grammaire de Davézieux (Ardèche). Le 20 mars 1933, il prend l’habit au noviciat des Essarts sous le nom de Frère Marie-Jean. Il y prononce ses premiers voeux, le 21 mars 1934 : « Très bon enfant, doux, docile, régulier, surnaturel, soigneux. Il semble qu’on puisse compter entièrement sur sa conscience. Il est parfois un peu lambin, avec une pointe de susceptibilité. Il s’entend bien avec tout le monde et rend volontiers service. Il n’a pas encore donné toute sa mesure et n’a pas eu encore à faire de grands sacrifices » note le Père Léonide Guyot dans son rapport en vue de l’admission. Réformé à Rouen en 1935, il ne fait pas de service militaire. C’est à Lorgues (Var) devenue sa résidence habituelle pour raisons de santé que le Frère Marie-Jean prononce sa profession perpétuelle, le 21 mars 1937. Le Père Clément Laugé, alors supérieur de Lorgues, commente : « Le Frère Marie-Jean Moulin est venu malade des Essarts où il était resté après les premiers vœux. La maladie n’est pas caractérisée. Les poumons, disent les médecins, ne sont pas atteints. C’est une profonde anémie qui est cause d’une fièvre persistante dont il souffre depuis le mois de juin 1936 et qui l’oblige à garder le lit. Surmontera-t-il cet état de faiblesse ? La science le croit. En tout cas, le frère est dans de très bonnes dispositions morales. Bien que je sois nouveau dans la maison, je ne fais aucune difficulté à ce qu’il soit admis à la profession perpétuelle. Seulement je demande dispense pour abréger la cérémonie pour le cas où le frère ne pourrait pas quitter le lit à cause de la fièvre ». Le Frère Marie-Jean est décédé le 9 septembre 2003 à Lorgues, après 68 ans de présence dans cette maison de repos. Il y est inhumé. Lorgues au fil des jours : témoignage d’une maison où l’on vit heureux. « Lorgues est une des maisons de repos, et de long séjour pour les Assomptionnistes en France. L’accueil y est super-sympathique, chaleureux, empressé, familial, sur fond de rares souvenirs partagés avec les quelques résidents entrevus ci ou là, par le passe. Puis l’installation. Les locaux sont plaisants et hyper-confortables. Le personnel, lui aussi, a vite fait d’estomper vos appréhensions et vos dernières réticences. Attention, discrétion, exigence, dévouement, jovialité, sourire. Et que dire des démarches de tous ces frères religieux qui s’inquiètent de votre bien-être et cherchent à le promouvoir. C’est plutôt engageant et rassurant. Dès l’abord, d’ailleurs, on s’aperçoit qu’on a vite fait de mobiliser toute une somme de serviabilités, disponibilités, ingéniosités. La vie en est facilitée et l’atmosphère de la maison s’en trouve illuminée et réchauffée. Rien de sombre ni de triste ici. Plutôt de la détente et de la sérénité de la fraîcheur et de la sagesse. Oh ! bien sûr, blocages et clivages ne sont pas absents. Mais en quelle communauté, n’y en a-t-il pas ? Et ce n’est pas cela qui donne le ton ici. On sait d’expérience que la ‘vie fraternelle est à construire tous les jours comme un don de Dieu, que sont heureux les artisans de paix et qu’il peut être passionnant de faire la paix en soi et de détecter le bon côté des choses, des gens et des situations. Du reste, pour qui sait ouvrir les oreilles et les yeux du cœur, il y a de quoi s’émerveiller de tous ces efforts d’écoute, d’accueil, de service, de respect des opinions et des façons de faire, de dialogues, de prévenances, de délicatesses, de pardons sans doute, qui sentent on la convivialité et la fraternité la plus authentique. On est alors porté à tisser, au fil des heures et des jours, ce bonheur humble et tenace que l’on crée soi-même pour le rayonner autour de soi. Est heureux celui qui croit l’être, dit-on parfois. Et surtout : ‘Est heureux celui qui cherche à rendre les autres heureux’. Et la liturgie ? Priante, recueillie, empreinte d’une indéniable dignité. On y dose sagement chant et récitation selon les possibilités vocales ou respiratoires des participants. En tout cas, rien de ringard ni de rétro. Et il est peu de semaines où nous n’apprécions quelque cantique nouveau. C’est qu’on est branché un max. Et nous avons, avec les jeux olympiques, célébré le Seigneur, car les ‘sommets des montagnes sont à Lui’ et ‘la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant’. Et la vie de l’homme, c’est de voir Dieu. En attendant ce moment béni, on peut ici s’habiller Cime de clarté, de calme et de gaîté. Comme on peut les goûter déjà lors des repas de fêtes où tout concourt à rendre plus radieux encore ce pays de soleil et de souffle ». (D’après L’Assomption et ses Œuvres, automne 1992, n° 651, pages 2-1-25)