Marie (Joseph Marie) BOURNISIEN – 1856-1936

Informations et échanges au temps de la dispersion.

« Comme vous me l’avez fait demander, je me suis rendu hier à l’œuvre
d’Orient. Ces Mrs. du bureau étaient au grand complet, ils ont proposé pour
remplacer les disparus de cette année l’Amiral de Cuverville, le Duc
d’Estissac. Mgr. Charmetant fit approuver tout ce qu’il avait organisé
pour les secours ordinaires, puis voter quelques dons particuliers. Le P.
Alfred
[Mariage] obtint aussi une allocation supplémentaire de
5OOff. pour subvenir au déplacement du séminaire bulgare de Koum-Kapou.
Mgr. fut très aimable pour nous. Il s’est enquis de l’état de votre santé
et me dit qu’il avait bien pris part à tous vos
ennuis. Le P. Abel [Fabre] très fatigué depuis quelque temps est allé hier
trouver son
docteur. Celui-ci le rassura un peu mais ne lui prescrivit comme remède
qu’un changement d’air durant un mois ou deux. Cette visite lui donna du
courage. Le P. Hippolyte [Saugrain] va assez bien en ce moment.
Daignez bénir votre vieil enfant et avoir pitié de lui aux pieds de N.S. ».

P. Marie Bournisien au P. Picard, Paris le 29 mai 1901.

Religieux de la Province de Paris.

D’une famille d’amis et de bienfaiteurs de l’Assomption.

Le nom de famille ‘Bournisien’ affleure déjà dans la correspondance du P. d’Alzon: en effet le père de Joseph-Marie, Louis, notaire de profession, est connu comme vice-président du Conseil des pèlerinages (1876). Joseph-Marie est né à Chartres (Eure-et-Loir) le 11 janvier 1856, mais sa famille, dès sa prime jeunesse, réside à Paris, rue Blomet, où elle participe aux œuvres publiques de l’Assomption après 1870. joseph ne peut oublier, sa vie durant, ses impressions de pèlerinage à La Salette (1872) et à Lourdes (1873), premier pèlerinage national. Le jeune Joseph-Marie est scolarisé à Paris (1868-1874), au collège de l’Immaculée- Conception de la rue de Vaugirard tenu par les Jésuites, devenu ensuite le fameux collège Sainte-Geneviève de la rue Lhomond où il sera plus tard surveillant et préfet d’études de 1880 à 1891. Entre-temps, il a choisi la vie de prêtre séculier à Paris: études de philosophie au séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux (1875-1876) et études de théologie à Rome, au séminaire français (1876-1880). Joseph-Marie est prêtre depuis le 22 mai 1880. C’est en 1891 qu’il décide de faire le pas vers la vie religieuse à l’Assomption où tant de liens l’attachent avec les responsables de l’époque: P. Picard, P. Vincent de Paul Bailly, le P. Germer-Durand… Il entre au noviciat de Livry le 8 décembre 1891, à 35 ans – à l’âge d’ailleurs où le P. d’Alzon choisit en 1845 de devenir religieux – et prend le nom de Fr. Marie. Il y prononce ses vœux perpétuels le 8 décembre 1893. Sa formation antérieure le rend immédiatement disponible pour le ministère, sauf pour la prédication, car d’un naturel plutôt timide, il en est dispensé pour la vie, après un fiasco éliminatoire à la chapelle de la rue François 1er!

Informations et échanges au temps de la dispersion.

« Comme vous me l’avez fait demander, je me suis rendu hier à l’œuvre d’Orient. Ces Mrs. du bureau étaient au grand complet, ils ont proposé pour remplacer les disparus de cette année l’Amiral de Cuverville, le Duc d’Estissac. Mgr. Charmetant fit approuver tout ce qu’il avait organisé pour les secours ordinaires, puis voter quelques dons particuliers. Le P. Alfred [Mariage] obtint aussi une allocation supplémentaire de 5OOff. pour subvenir au déplacement du séminaire bulgare de Koum-Kapou. Mgr. fut très aimable pour nous. Il s’est enquis de l’état de votre santé et me dit qu’il avait bien pris part à tous vos ennuis. Le P. Abel [Fabre] très fatigué depuis quelque temps est allé hier trouver son docteur. Celui-ci le rassura un peu mais ne lui prescrivit comme remède qu’un changement d’air durant un mois ou deux. Cette visite lui donna du courage. Le P. Hippolyte [Saugrain] va assez bien en ce moment. Daignez bénir votre vieil enfant et avoir pitié de lui aux pieds de N.S. ».

P. Marie Bournisien au P. Picard, Paris le 29 mai 1901.

Notices Biographiques A.A Un prisonnier volontaire de la ‘guérite pénitentielle’.

Le P. Marie ne va connaître comme champ d’action que la capitale, sauf un bref intermède au collège de Nîmes (1898-1899) où il exerce la fonction de préfet des études. Il est affecté prioritairement par le P. Picard à l’aménagement du navire des pèlerinages, le Notre-Dame de Salut, anciennement le Dunrobin Castle, rebaptisé L’Etoile après 1900. C’est pourquoi de 1895 à 1898, il effectue souvent la navette entre Paris et Marseille. A Paris, il s’occupe de l’œuvre de la ‘petite chapelle’ de la rue François 1er: cette appellation recouvre la formation des enfants de chœur, les services de la sacristie, mais surtout les permanences au confessionnal. D’ailleurs il est désigné comme confesseur dans toutes les communautés proches de l’Assomption et à la paroisse du Gros-Caillou où il a un confessionnal attitré comme à Lourdes: ne s’y rend-il pas fidèlement pour chaque pèlerinage national? Son histoire est donc celle du secret de Dieu, à l’ombre de la grille. Ce .ministère de l’ombre’ convient tout à fait au P. Marie qui reste un religieux humble, très effacé et très dévoué. En deux occasions seulement, le P. Marie faillit connaître le feu des projecteurs: en 1897, il est question pour lui d’aller en Russie, officiellement comme rédacteur de La Croix, pour rendre compte de la visite du président Félix Faure à la cour de Nicolas -mais le projet échoue, l’ambassade russe lui refuse le visa- et en mars 1898, il se fait broyer une phalange de l’index de la main droite en manœuvrant la ‘mitrailleuse’, petite machine à imprimer. A partir d’octobre 1901, il est obligé de vivre en isolé dans Paris, ayant obtenu un induit de sécularisation, mais il est contraint à déménager souvent jusqu’en 1905 et à partir de 1907 il quitte la rue de Chaillot pour venir habiter avec le P. Vincent de Paul boulevard Latour-Maubourg n° 58. Il passe encore à la rue Camou n° 11, sans chauffage central, ni l’eau courante, ni salle de bain, vivant dans une chambre plus qu’encombrée et restée célèbre comme une tranchée. En juillet 1934, il est hospitalisé au no 60 rue Violet pour une opération de la prostate qui se complique de grippe et de pneumonie. Il meurt à l’avenue Bosquet le 20 août 1936, n’ayant pu prendre la veille le train blanc pour Lourdes, comme à son habitude. Les obsèques sont célébrées le samedi 22 août à St Pierre du Gros-Caillou. Le P. Marie est inhumé au cimetière de Montparnasse dans la tombe de l’Assomption, dite tombe Bailly.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1936, n° 655, p. 301-304; n° 660, p. 341-348; n, 661, P. 349-356; n° 667, p. 397-408; n° 672, p. 449-454. L’Assomption 1937, n° 426, p. 2-4. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Les archives romaines ont gardé une immortante correspondance du P. Bournisien des années 1894-1936, ainsi que son cahier de ‘petit noviciat’.