Marie-Joseph (Pavli) BEGOV – 1882-1958

Carte du P. Balabanov, du 13
décembre 1958.

« Hier, à 4 heures du matin, notre ‘grand oncle’ Pavli est parti pour le
ciel. Avant de mourir, il a reçu les sacrements: la confession, la sainte
eucharistie et l’extrême- onction. Je lui ai donné l’indulgence plénière.
Et aujourd’hui 13, le matin, messe de requiem et enterrement. Il repose au
cimetière catholique. Sa maladie a été courte. Vers minuit, un médecin est
venu:
‘Son état est très grave’, a-t-il dit. Et à quatre heures du matin, il
expirait. Que Dieu ait son âme! Prions pour lui ». De longs noviciats.

« Fr. Marie-Joseph a été admis à la profession de trois ans en février
1909, après trois ans de noviciat à Karagatch. Mais à l’expiration de ses
vœux
(1912), il sortit de la Congrégation. Un mois après son départ, il supplia
qu’on le reprît. Le P. E. Bailly y consentit, mais à condition de refaire
le temps du noviciat
(mai 1912). Il se déroula de nouveau à Karagatch jusqu’en novembre 1914
puis à Varna jusqu’en septembre 1915. Le second noviciat se prolongea de
quatre ans à cause de la guerre! ».

Rapports d’admission.

Religieux bulgare de la Province de Lyon.

Un parcours religieux de combattant.

Pavii est né le 15 août 1882 à Davadjovo, près de Plovdiv en Bulgarie. On ne sait pas grand’ chose de son enfance, sinon qu’il ne dut guère fréquenter l’école puisqu’il reste illettré toute sa vie. De même son curriculum vites tient en peu de lignes: on sait seulement qu’il entre au postulat de Karagatch (Turquie) en novembre 1904 pour 15 mois, que son noviciat se déroule au même endroit du 25 mars 1906 au 25 mars 1909. Son maître des novices, le P. Saturnin Aube, le présente de façon confiante à la première profession comme un religieux frère sans instruction, mais d’une grande générosité, dévoué et travailleur, particulièrement doué pour le jardinage. Docile et pieux, il s’est efforcé de pratiquer les vertus religieuses. C’est à l’expiration de ses vœux triennaux qu’il reprend sa liberté le 1er avril 1912, décision sur laquelle il revient deux mois plus tard. Le droit canonique impose alors un second temps de noviciat plein de trois ans: d’abord à Karagatch (juin 1912-novembre 1914) puis à Varna en Bulgarie (nov. 1914-septembre 1915). Le sort s’acharne sur lui: le rapport pour la ‘première’ profession envoyé en 1915 reste sans réponse à cause des difficultés de la guerre et ce n’est que le 11 février 1920 que sous le nom de Marie- Joseph, Pavii prononce enfin ses vœux simples pour trois ans. Il demande en 1923 l’admission à la profession perpétuelle qui a lieu le 24 juin 1923. Sa vie se déroule en deux temps: de 1919 à 1934 à Karagatch où il aide le supérieur dans la formation des postulants convers et de 1934 à 1938 à Plovdiv, dans le cadre du collège de Plovdiv, heureux de le solliciter pour de nombreuses tâches matérielles jusqu’en 1948. Les rapports de ses supérieurs font toujours état de ses excellentes dispositions: la bonté et la miséricorde

Notices Biographiques A.A Page : 209/209 dont on a usé envers lui après son retour à l’Assomption l’ont attaché fortement à la famille spirituelle et il s’est toujours bien dévoué pour elle, notamment pendant les années de guerre qui sont aussi pour lui et ses confrères des années d’épreuves. Il sait rendre de grands services à la communauté et se fait aimer de ses frères en s’appliquant à se montrer bon religieux. En 1948, la communauté du collège de Plovdiv est dispersée et il doit vivre ensuite au pays dans un état d’isolement comme ses confrères bulgares restés sur place et inquiétés par le régime communiste.

Espérance dans un champ de ruines.

Au lendemain de la guerre en 1945, les communistes plongent la mission assomptionniste de Bulgarie, de Roumanie et de Yougoslavie dans une situation d’éclatement: les religieux d’origine étrangère sont priés de partir, les religieux autochtones sont soit condamnés à mort ou à de lourdes peines de prison. Privés de la carte de travailleur, les autres, souvent dispersés, vivent dans un état de précarité proche de la misère. Bien souvent, quand cela est possible, quelques-uns vivent de la solidarité familiale. Sans relations avec les centres occidentaux de la Congrégation jusque dans les années 1964 et par la suite encore surveillés par la police politique, ces religieux essaient d’abord de survivre au cœur de la tourmente, tout en espérant que le cyclone dévastateur de l’athéisme officiel n’aura qu’un temps. lis entretiennent discrètement la flamme de la foi dans ces églises qualifiées d’églises du silence à l’ombre de la croix. En Bulgarie, trois religieux arrêtés en 1948 sont fusillés en novembre 1952, mais l’Eglise sait au cours de sa longue histoire espérer sur la tombe des martyrs voir naître de nouveaux apôtres. Le risque de l’Occident, c’est d’oublier après la disparition des témoins la mission elle- même que cette poignée de survivants tentent de maintenir coûte que coûte au péril de leur vie. Dans la vision chrétienne de l’existence des personnes et de l’histoire, l’heure de la Résurrection est aussi préparée par le chemin de la Croix puisque tel est le chemin fondateur du christianisme.

Page : 210/210

Bibliographies

Bibliographie : Lettre à la Famille 1959, n° 262, p. 150. Rhin-Guinée, 1958, n° 10, p. 2. Film-témoignage: Le Balkan crucifié (1996).