Marie-Léon (Léon-Marie-Joseph) TYRODE – 1893-1977

Poème.
« Des aiguilles et du fil: bien modeste dépense
qui suffit, cependant, à tisser cinquante ans
toute une vie d’amour, de don persévérant
bien plus solidement que le monde ne pense…
Des aiguilles et du fil! Mon
Dieu, quelle débauche
en ai-je bien pu faire? Et sans autre raison
que d’être le tailleur en nombreuses maisons
sans, pour autant, avoir de bons écus en poche… J’emprunte de ces vers le
rythme et la mesure
pour vous dire: ‘Mon Frère, allez, n’hésitez pas
et de fil en aiguille aimez lier vos pas.
Au ciel, Dieu vous rendra le tout avec usure! ».

Cette année le noviciat de la Chaume exulte dans les actions de grâces
jubilaires. Après le jubilé d’argent du P. Provincial, ce fut le jubilé
d’or de profession religieuse du bon Frère Marie-Léon,
cinquante années de fidélité au service du Seigneur par la pratique
généreuse des trois voeux et par un dévouement inlassable à ses Frères.
Cette fête jubilaire fut aussi le triomphe de la couture.

Pont l’Abbé.

Religieux de la Province de Lyon. Un très jeune religieux. Léon-Marie-Joseph Tyrode est né le 21 mars 1893 à Ouhans (Doubs). Très jeune, il participe à la vie de la ferme familiale quand survient, vers l’âge de 7 ou 8 ans, l’accident qui va modifier l’orientation de sa vie. Grièvement blessé par le soc d’une charrue, il doit subir l’amputation de la jambe droite à la hauteur du genou. Il demande son admission à l’Assomption et il est reçu à la prise d’habit, à Louvain (Belgique), le 11 avril 1909, à l’âge de 16 ans, sous le nom de Frère Marie-Léon. Le P. François-Xavier Legrand dirige le noviciat des Frères coadjuteurs et il apprécie chez le Frère Marie-Léon ses qualités de foi et sa régularité persévérante dans le travail de couture qui lui est dévolu. C’est ainsi que devenu tailleur, ce jeune religieux va confectionner dans toutes les maisons où il sera nommé un nombre impressionnant de robes et de camails. Pendant dix ans, le Frère Marie- Léon appartient à la communauté de Louvain, mais il réside de 1912 à 1918 à Gempe. Devenu profès le 4 mai 1912, il est reçu à la profession perpétuelle, le 4 mai 1919 à Louvain. La maison de Gempe a servi successivement de noviciat, d’alumnat et de maison de vacances pour les jeunes religieux de Louvain (1). Frère tailleur en grande communauté. En 1919, le Frère Marie-Léon est affecté à la communauté de Taintegnies (1919-1924), puis de Saint-Gérard (1924-1934), puis, en France, au noviciat de Nozeroy (Jura), de 1934 à 1946, au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle), de 1946 à 1953, de nouveau au noviciat de Nozeroy, de 1953 à 1959, et à celui de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente- Maritime), de 1959 à 1962. Rappelé dans sa province d’origine, Lyon, il réside une quinzaine de mois à la Procure de Lyon (Rhône) Page :127/127 avant d’être affecté à la maison de repos de Lorgues (Var), en août 1963. A Lorgues, il n’a plus d’habits religieux à confectionner. Le Frère s’adonne à la culture des fleurs. Il en fait même son terrain réservé, mais sans résultat remarquable. Il apporte son concours à tous les travaux intérieurs: balayage, épluchage, tant que ses forces le lui permettent. A son pénible handicap, plus ou moins corrigé par le port d’une prothèse, s’ajoutent d’autres maux et infirmités, notamment la surdité qui ne contribue pas à améliorer ses relations avec son entourage. Autre sujet d’inquiétude, l’évolution qu’il constate dans les formes de la vie religieuse, liturgique, communautaire. Tout change, dit-il farouchement, mais pourquoi? Toute cette évolution consécutive aux années conciliaires le fait souffrir, exacerbant un tempérament de nature explosive. Il en a conscience et sait, par moment, reconnaître très humblement ses torts. Nonobstant ses saillies de caractère, le Frère Marie-Léon vit en profondeur sa consécration religieuse. Très attaché à ses pratiques de prière, à la lecture spirituelle, il demande fréquemment conseil, se voulant docile à la volonté de Dieu, exprimée par la voix de ses supérieurs. Sa bonne volonté est réelle et profonde, sinon toujours manifeste. Lucidement et en esprit de foi, il se prépare à la mort. Déjà en mai 1974, il demande le sacrement des malades. On le lui administre de nouveau, au cours de sa dernière maladie. Il le reçoit en pleine connaissance et avec piété, répondant aux prières. Après trois semaines d’alitement, il s’éteint doucement le samedi 19 février 1977. Le P. Morand Kleiner, Supérieur Provincial de Lyon, vient présider la cérémonie des obsèques, célébrée le 21 février. Le Frère Marie-Léon est inhumé dans le caveau de la propriété, à la chapelle de la Dormition. D’après le P. Alphonse-Marie Jubert. (1) Durant les années de guerre 1914-1918, affluent à Louvain des vagues successives de postulants venus de Bure et de Zepperen, sans compter en décembre 1917 les religieux venus du noviciat de Limpertsberg. Le potager de Gempe aide au ravitaillement de cette véritable population assomptionniste qui atteint jusqu’au chiffre, insurpassé depuis dans une communauté, de 140 personnes. On comprend que, malgré tout le dévouement des Frères coadjuteurs, la question du ravitaillement pour un tel nombre, en temps d’hostilités et de restrictions, soit vite devenue cruciale. Page :128/128

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 42-43. Lyon-Assomption, avril 1977, n° 54, P. 18-19. Jubilé d’or du Frère Marie-Léon Tyrode dans le bulletin Saint Antoine de la Chaume (Pont- l’Abbé d’Arnoult), mai-juin 1962, n° 3, p. 10-11.