Marie-Léopold (Théodemire) GERBIER – 1851-1916

Chemin vers l’Assomption.
« C’est après avoir longuement réfléchi et surtout après avoir beaucoup
prié et fait prier que je viens vous adresser
l’humble demande qui fait l’objet de cette lettre. Depuis longtemps, voyant
l’état peu prospère de la petite Congrégation à laquelle j’appartiens,
pressé par la grâce d’en haut, je me suis senti attiré vers l’institut des
Augustins de l’ Assomption. Le désir d’y trouver une vie religieuse
complète, le dépérissement chaque jour plus marqué de la société des Oblats
de St Hilaire, le peu d’espoir que me donne un semblant de réorganisation,
toutes ces choses m’ont amené à prendre enfin un parti. Je
suis resté longtemps dans l’indécision, craignant de m’illusionner sur la
volonté de Dieu. Il m’avait semblé préférable d’ajourner tout changement à
la mort de ma mère qui est dans sa 82ème année. Mais la pensée du
‘Relinque matrem’ et d’un sacrifice plus grand m’a poussé à ne plus tarder.
Ma mère fait le sacrifice que Dieu lui demande, avec une admirable
générosité, et me laisse partir. Je sollicite donc la faveur d’être admis
parmi les postulants de l’Assomption… ».
L. Gerbier, Poitiers, 29
novembre 1895.

Marie-Léopold (Théodemire) GERBIER

1851-1916

Religieux français.

Un abbé Poitevin.

Théodemire Gerbier est né le 28 mars 1851 à Champdeniers, près de Niort (Deux-Sèvres). Tout son cursus d’études secondaires et supérieures se déroule hors de l’Assomption: petit séminaire à Montmorillon (1865-1869), petit séminaire de Poitiers (1869) philosophie au grand séminaire de Poitiers(1869- 1872), théologie à Faculté catholique de Poitiers (1872-1873) et au collège romain (1873-1875) tout en étant élève au séminaire français de Rome. Il obtient le doctorat en théologie. Le 26 octobre 1873, il est ordonné prêtre à Poitiers par le cardinal Pie. Sous le nom de Marie-Léopold, il choisit de devenir Oblat de Saint-Hilaire, missionnaire diocésain. On lui confie un poste d’enseignement et de direction au grand séminaire de Poitiers: il y occupe la chaire de dogme pendant 11 ans. Aumônier des Religieuses de l’Assomption, pendant 5 ans rédacteur de la Semaine religieuse de Poitiers (1890-1895), il est chanoine et directeur des oeuvres eucharistiques du diocèse. C’est cette brillante situation dans le diocèse de Poitiers qu’il va quitter pour se faire assomptionniste.

Religieux de l’Assomption à Paris, très productif.

Le P. Marie-Léopold est admis au noviciat de Livry en janvier 1896. Dès septembre 1897, il est attaché à la maison de Paris, rue François 1er, oÙ il prononce ses vœux perpétuels le 30 janvier 1898. Il fournit un immense travail sur plusieurs fronts: prédication, ministère, conférences, rédaction de diverses publications de la Bonne Presse, collaboration et rapports aux Congrès eucharistiques internationaux, direction des pèlerinages à Jérusalem, aumônerie de l’Institut Normal catholique de la rue de Jacob, fondation de la Procure de Marseille. Il est le fondateur et le rédacteur des Causeries du dimanche.

Sous forme de tracts abrégés sur les grandes vérités de foi, il rédige de petits traités avec réponses précises à toutes les objections principales. Cet enseignement populaire, traduit en plusieurs langues, est consacré par un grand succès. Il est le fondateur également et le rédacteur principal des Conférences, texte fourni à des publicistes pour débats publics sur des sujets d’actualité. Il collabore enfin à nombre de revues de la Bonne Presse et de l’Assomption: Echos de Notre-Dame de France, Bulletin des Congrégations, Bulletin de l’Ouest, Notre-Dame et l’Eucharistie. Son pseudonyme de guerre habituel est Christian. Toujours disponible pour rendre service, il donne plusieurs fois la retraite annuelle aux religieux d’Orient. Ancien professeur de dogme, il infuse un caractère solide à ses articles. L’épiscopat apprécie dans ses comptes-rendus des Congrès eucharistiques le ton clair et sûr de ses réponses ou de ses mises au point. Il est membre du Comité directeur des Congrès eucharistiques et assure la rédaction de la partie doctrinale des programmes ou des rapports. Bien que doué d’une grande facilité de parole, on le voit toujours préparer ses homélies par écrit. Un véritable surmenage entraîne son épuisement avant l’heure. Sur le plan personnel, le P. Marie-Léopold est un religieux très docile.

Marseille, les dernières années.

C’est en 1910 qu’il quitte Paris pour Marseille, fondant une Procure pour l’Assomption. Fatigué par de nombreuses bronchites, il pense aussi en bénéficiant du climat méditerranéen soigner une santé déjà bien éprouvée. C’est là qu’il trouve la mort, après deux mois de souffrances, le 9 mars 1916 au soir, à 65 ans, victime d’une attaque au moment de monter en chaire. Sa famille insiste pour que son corps repose dans la tombe familiale à Champdeniers (inhumation, le lundi 27 mars). La cérémonie des obsèques a eu lieu à Marseille le 11 mars.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1916, n° 334, p. 261; n° 343, p. 325-327; n° 346, p. 349-352; n° 373, P. 557-561. L’Assomption, 1929,.n° 330, p. 3-5. Circulaire du P. Emmanuel Bailly, 1916, n° 95. Semaine religieuse de Marseille, 26 mars 1916. Notice biographique par le P Marie-Alexis Caudefroy. Du P. Marie-Léopold Gerbier, dans les ACR, correspondance (1896-1912), rapports sur les Congrès eucharistiques (1885-1897), notes sur des pèlerinages et sur l’Eucharistie. Bibliographie très complète du P. Gerbier dans Ontmoeting, 1966, n° 4. Notices Biographiques