Marie-Marcellin (Marcellin) VIGNES – 1900-1974

Gimont, 1941.
« Depuis longtemps déjà, par le simple jeu des conversations qui se font
inévitablement sur les religieux, vous devez être au courant des revers qui
m’ont frappé du côté de ma famille. Après beaucoup de réflexions et
d’hésitations, je vois que je ne puis plus me soustraire à mes obligations
de soutien de famille. J’ai donc pris la décision de prier mes Supérieurs
de vouloir bien prendre des dispositions qui me permettent de faire face à
ces devoirs. La solution qui me paraît la meilleure est celle qui
consisterait à demander à Mgr Choquet [évêque de Lourdes] de mettre à ma
disposition une paroisse des environs de Lourdes. Cette solution d’une
paroisse, confiée provisoirement à la Congrégation en la personne d’un
religieux qui a besoin de secourir sa famille, aurait cet avantage de me
laisser la possibilité de rester religieux, tout en me facilitant les
secours que je suis obligé de donner aux miens. Je vous demande donc de
faciliter l’obtention de cette solution
aussi vite que possible laquelle concilie à mes yeux le mieux mes doubles
engagements. Je compte sur votre dévouement empressé ».
P. Vignes.

Religieux de la Province de Bordeaux. Formation à travers l’Europe. Marcellin-Pascal-Jean-Marie Vignes est né le 15 avril 1900 à Lahitte, un village des sommets entre les vallées de l’Adour et du Gave de Pau, dans les Hautes-Pyrénées. Le P. Victor Duquesne, chargé du recrutement de l’alumnat d’Elorrio en Espagne, remarque ce jeune homme et l’enrôle en 1912. Marcellin repasse les Pyrénées en 1916 afin de poursuivre sa formation secondaire à Ascona, en Suisse, sur les bords du lac Majeur (1916-1918). Le 7 septembre 1918, il reçoit l’habit religieux au noviciat de guerre confié au P. Léonide Guyo à Notre-Dame de Lumières (Vaucluse). Il y est reçu à la première profession le 24 septembre 1919. En décembre 1920, on le trouve à la caserne du 58ème régiment d’infanterie d’Avignon où il accomplit son service militaire. En mars 1921, comme soldat détaché au service de la coopération francophone, il gagne le poste de Brousse en Turquie (1921-1922). En 1922, il peut reprendre ses études ecclésiastiques, d’abord à Taintegnies en Belgique, pour la philosophie (1922-1923), puis à Louvain pour la théologie (1924-1928). Il excelle dans l’interprétation au théâtre des comédies de Molière. Profès perpétuel le 25 novembre 1924, il est ordonné prêtre à Louvain, le 29 juillet 1928. Promoteur de la presse et missionnaire diocésain. En septembre 1928, le P. Marcellin est envoyé dans son premier poste comme religieux-prêtre à Auch. Il y est le vicaire du P. Protais en la paroisse Saint- Pierre et il y seconde le chanoine Farel, directeur de La Croix du Gers. Il sait déjà conduire un véhicule automobile pour diffuser quatre hebdomadaires locaux et les productions de la Bonne Presse. Doué d’une voix puissante, il est prédisposé pour la prédication. Habile dans les relations, Page :319/319 il obtient de négocier avec Mgr Ricard, archevêque d’Auch, l’autorisation de créer un alumnat en 1931 auprès du sanctuaire marial de Notre-Dame de Cahuzac. De 1932 à 1939, le P. Marcellin réside à Cahuzac avec le titre d’économe et de recruteur. Privé de son véhicule de ‘propagandiste diffuseur de presse’, il mesure les difficultés de sa tâche en arpentant les montagnes et les vallées des Pyrénées. Il sillonne ainsi les départements, prêche dans les paroisses: tous ses sermons sont écrits avec soin, puis appris par cœur, de façon à pouvoir être exprimés avec feu. Cet homme impressionnant est d’un abord facile, de contact aisé avec les gens simples, sachant faire naître l’enthousiasme pour l’organisation de manifestations religieuses. En septembre 1939, la mobilisation de nombre de religieux oblige un regroupement des alumnistes à Blou (Maine-et-Loire). Lui-même est incorporé un temps au 14ème régiment d’infanterie à Toulouse (Haute-Garonne). En position de religieux isolé. A son retour, il est tiraillé par une épreuve de famille. Sa mère, chargée de six enfants, devient veuve. Il demande un temps de retrait provisoire. Il s’établit en 1948 dans une ferme qu’il exploite à Madiran, au nord de Tarbes (Hautes-Pyrénées). De 1941 à 1951, il s’est ainsi efforcé de nourrir, de former et d’éduquer les membres de sa famille. En 1951, estimant sa mission accomplie, il demande à réintégrer une communauté. Il devient surveillant au collège de Tarbes (Hautes-Pyrénées) avec le secret espoir de pouvoir reprendre sa vie missionnaire d’avant guerre. Mais les temps ont changé, les demandes de prédicateurs se font rares. Le collège ne peut lui offrir un travail à sa convenance. Il offre alors ses services à Mgr Théas et pendant quinze ans, de 1956 à 1971, il est au service des paroissiens de Lahitte, d’Arrodets et d’Arrayou. En 1971, Mgr Donze lui propose l’aumônerie d’une maison d’enfants dirigée par des religieuses franciscaines à Escala. En septembre 1973, il accepte l’aumônerie du petit couvent à Lourdes, résidence religieuse qui fait pension pour des pèlerins de passage. Bien qu’éloigné de toute forme de vie commune une bonne partie de son existence, ce religieux est resté profondément attaché à sa vie religieuse et à sa Congrégation. Il meurt d’une embolie foudroyante à Lourdes le 15 juillet 1974. Ses obsèques sont célébrées sur place le 17 juillet suivant. Son corps est inhumé dans le caveau de l’Assomption à Layrac (Lot-et-Garonne). Page :320/320 Religieux de la Province de Bordeaux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1975, p. 263. Le P. Marcellin Vignes par le P. Jean-Robert Montembault dans A Travers la Province (Bordeaux) novembre 1974, no 226. Lettre du P. Marcellin Vignes au P. Félicien Vandenkoornhuyse, Gimont, 4 octobre 1941. Dans les ACR, du P. Marcellin Vignes, cluelclues correspondances (1920-1949).