Marie-Maximin (Jean) GACHET – 1875-1900

Paris rue François ler, 1899.
« J’espère qu’aujourd’hui vous êtes sur pieds et que vous êtes allé écouter
la sceltamusica à Saint Venance. Pour moi, quoique toujours in articulo
mortis, je n’en vais pas plus mal. On trouve cependant que la chapelle
devient de plus en plus sonore à force d’y toussailler, et une bonne
marquise dont j’ignore le nom en a été émue et a déposé hier à la loge 2
boites de bonbons pour les deux petits pères malades qui toussent, les deux
qui sont au bout du banc à gauche.. et elle ajoutait: Faut- il le dire, ce
sont 2 petits saints! Hum! Le Dr Marage avait un moyen infaillible pour
faire cesser la suppuration de mon oreille droite. Il l’a employé. Le trou
du tympan s’est agrandi et cela coule plus qu’avant. En dernier ressort, il
m’a consolé en me disant quel n’y avait rien à faire! J’ai aperçu samedi
dernier le P. Hilaire [Canouël] de retour de Clairmarais. Le P. Gay est
toujours très malade à Livry. Le Dr Ménard croit à une simple fatigue
passagère. Lefebvre au contraire a dit crûment qu’il était foutu. Tous les
facteurs sont en grève et le gros Mougeot est fort embêté. La loi
d’Association publiée par la Croix ennuie le gouvernement… ».

Marie-Maximin (Jean) GACHET

1875-1900

Religieux français.

Un petit Savoyard sur les routes du monde.

Jean Gachet naît le 2 août 1875 à Arêches (1), petite localité près de Beaufort-sur-Doron (Savoie). Il entre en 1887 à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux et, en 1888, se retrouve à Miribel-les-Echelles (Isère) avec la petite équipe des fondateurs de cet alumnat inauguré en 1887: il y supporte courageusement le régime des privations inhérentes à toute fondation plus ou moins improvisée. Atteint d’un fort érysipèle, il endure son mal jusqu’à tomber de défaillance. De 1890 à 1892, il termine ses humanités à Brian (Drôme). Le 7 août 1892, il prend l’habit religieux à l’abbaye de Livry (SeineSaint-Denis) et échange son prénom Jean contre celui de Frère Marie-Maximin, en souvenir de son frère aîné, Maximin, déjà décédé à 14 ans à Paris, le 8 juillet 1885, en qualité d’ alumniste profès in articulo mortis (2). Les novices de Livry de cette année 1892 s’adonnent à la construction, dans la propriété, d’une grotte à Notre-Dame de Lourdes. Le Frère Marie-Maximin, terrassier, manœuvre maçon, se dépense à ce travail avec beaucoup d’assiduité. En récompense de cette œuvre les novices peuvent accomplir un pèlerinage à Notre-Dame de Chartres. Avec patience et labeur se construit ce que des générations de novices vont appeler ‘l’île de la prière’. Sa seconde année de noviciat s’achève à Phanaraki (Turquie d’Asie) où il se rend en juin 1894 et où il prononce ses vœux perpétuels, le 15 août 1894. L’Orient lui réserve comme surprise d’accueil un tremblement de terre! Le Frère Marie-Maximin peut alors commencer ses études de philosophie sur place (1895-1896). En octobre 1896, il devient étudiant à la maison de Rome et continue à donner à ses compagnons l’exemple de l’entrain et de l’ardeur au travail. Le P. Emmanuel Bailly lui rend ce témoignage:

«Il est difficile de trouver un religieux qui ait plus personnifié que lui à Rome, à Phanaraki ou à Livry, le désintéressement de soi-même pour le bien des autres, auquel il s’acharne avec une énergie, une intelligence et une générosité que rien n’arrête ». Pendant les vacances scolaires, les étudiants de Rome prennent quelques jours de repos à Frascati. Au bout de trois ans (1896- 1899), après avoir reçu le diaconat le 18 mars 1899 à Saint-Jean de Latran, le Frère Marie- Maximin est contraint pour raison de santé de rentrer en France (mai 1899).

Un frère emporté à 25 ans par la tuberculose.

Il souffre de bronchite, de tuberculose et d’une surdité déjà très prononcée. A Paris où il se rend tout d’abord, il ne peut guère rester à cause de l’aggravation de la tuberculose. Les Supérieurs pensent lui faire retrouver la santé en l’envoyant se soigner dans sa famille, déjà éprouvée par la mort de son frère Maximin en 1885. Arêches semble lui rendre au moins momentanément un peu de vigueur. Pendant l’hiver 1899-1900, il est affecté à la communauté de Carnolès-Menton (Alpes-Maritimes). En mai 1900, une rechute l’oblige à regagner sa famille à Arêches. C’est là qu’il meurt le 18 juin 1900, à 23 ans. Les alumnistes de Notre-Dame des Châteaux participent à la cérémonie des obsèques du Frère Marie-Maximin. Le corps du Frère repose dans la tombe familiale, au cimetière d’Arêches.

(1) Arêches est un petit village de Savoie, dans le Beaufortin, en fond de vallée, familier aux habitants de Notre-Dame des Châteaux; point de départ pour de grandes promenades sur les sommets environnants (Le Grand Mont, le col du Pré), c’est aujourd’hui un village classé de montagne, avec un habitat étagé de chalets tout à fait typique.

(2) Cf fiche biographique suivante: Maximin Gachet (1871-1885).

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1900, n° 44, p. 111-113; 1904, n° 94, p. 152-154. Association de Notre-Dame des Vocations, juillet 1900, p. 532-533. Aux Frères de la Dispersion en orient, 1900, p. 14. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Marie-Maximin Gachet au Frère Joseph Biendiné, Paris, le 18 mai 1899. Notices Biographiques