Marie-Pierre (Jean-Louis) VASSEL – 1861-1930

Saint-Guilhem, 1916.
« Je M’empresse de vous offrir mon remerciement respectueux. A mon départ
de San Remo, il y a quelques jours, si je me suis permis d’exposer
différentes raisons d’ordre spirituel et intime, quand il s’agissait de
ministère paroissial comme aussi d’un autre ordre, quand il a été question
de classe, c’est que j’ai cru que c’était pour moi
une obligation de le faire. Il m’a semblé que je ne pouvais
pas en conscience reprendre ce travail qui m’avait tant torturé
ni m’engager dans une oeuvre que je n’aurais pas tardé à entraver. Si
certaines expressions ont trop vivement traduit mes appréhensions, si mon
langage n’a pas été assez religieux, le motif en est là et je vous prie de
vouloir bien me pardonner. Je vous remercie pour le nouvel emploi dont je
suis chargé. Je m’efforcerai d’agir bien surnaturellement. Dans ces
maisons, il y a des difficultés comme ailleurs. Je continuerai à ne
m’occuper que de mon ministère et à me tenir à
distance et au-dessus de toutes les petites misères qui surviennent. Nous
n’avons à Saint-Guilhem aucun horaire.
Je ne sais pas quel jour j’arriverai à Paris, jeudi matin ou soir 23
septembre ou vendredi 24 … ». P. Marie- Pierre Vassel.

Religieux de la Province de Paris. Une vie itinérante. Jean-Louis Vassel est né le 25 novembre 1861 à Saint-Victor-sur Arione dans la Haute-Loire, au diocèse du Puy. Il fait ses études secondaires au collège de la Chartreuse, ses études philosophiques et théologiques au grand séminaire du Puy-en- Velay. Il y est ordonné prêtre le 13 juin 1886. Après avoir été vicaire dans plusieurs paroisses de son diocèse, notamment à Monlet et Allègre, il est nommé curé à Saint-Georges d’Aurac. C’est de là qu’il prend la décision d’opter pour la vie religieuse. Sous le nom de Père Marie-Pierre, il entre au noviciat de Louvain en Belgique, le 8 décembre 1907. Il prononce ses premiers vœux à Gempe, le 8 décembre 1908. Il doit être envoyé quelque temps à la maison de repos de San Remo en Italie et prononce ses vœux perpétuels à Rome, le 13 janvier 1910 entre les mains du P. Emmanuel Bailly, supérieur général. Il retourne ensuite à San Remo où il est chargé de plusieurs aumôneries (1910-1916). Il est envoyé ensuite à Saint-Guilhem (Hérault) et devient aumônier du noviciat des Petites Sœurs de l’Assomption en plusieurs lieux: à Thiais dans la région parisienne pendant 20 ans (19171918), à Mézangers en Mayenne pendant une année, en attendant que le noviciat puisse regagner Paris. On trouve le P. Marie-Pierre au noviciat assomptionniste de Lumières (Vaucluse) en 1919, puis à Scy-Chazelles en Moselle (1920), à Menton- Carnolès (Alpes-Maritimes) de 1920 à 1921, aux Essarts (Seine-Maritime), de 1921 à 1922, à Bourville (Seine-Maritime) de 1922 à 1927. Il finit par retrouver le noviciat des Essarts, de 1927 à 1930. Depuis plusieurs années, le Père Marie-Pierre est accablé par un affaissement mental qui le rend inapte à tout ministère. Peu à peu il entre dans la nuit où toutes ses facultés mentales sombrent, Page :259/259 sans perdre le sens de ce qui le constitue comme religieux et prêtre, surtout les vertus d’obéissance et de piété. Il est hospitalisé à Gand, en Belgique, chez les Frères de Saint-Jean de Dieu, où il trouve la mort le 17 mars 1930, à peine après deux mois de soins. Il n’a que 69 ans. Le P. Cassien Dubost donne les quelques détails suivants sur la fin de la vie du P. Marie-Pierre, le 23 mars 1930, depuis Le Bizet: « Il y a environ trois semaines, des Essarts, le P. Léonide Guyo, accompagné du Frère Auguste Durand, ont conduit le pauvre Père Marie-Pierre chez les frères de Saint-Jean de Dieu, à Gand. Au cours d’un arrêt forcé qu’ils durent faire au Bizet, j’ai pu me rendre compte de J’état affligeant du pauvre P. Marie-Pierre: nouvelles figures et nouveaux lieux ne parurent réveiller en lui aucune conscience. A Gand les Frères ménagèrent un charitable et bienveillant accueil au pauvre malade. Dans une lettre qu’il m’écrivait à son retour aux Essarts, le P. Léonide me disait sa joie de savoir le cher P. Marie-Pierre entre de bonnes mains. Ce dernier ne devait pas jouir longtemps de cette paix. Lundi 17 mars, une dépêche, transmise de Gand à Paris, de Pâris à Louvain et enfin au Bizet, nous apprenait que le P. Marie-Pierre venait de mourir subitement ce matin même du 17. Par téléphone nous pûmes savoir que les funérailles auraient lieu le jeudi 20 à 10 heures. Le P. Provincial que je rencontrai à Lille à la bénédiction de la nouvelle chapelle du P. Eustache [Pruvost], agréa bien volontiers mon offre d’aller représenter la Congrégation aux funérailles de ce cher Père. La chose m’était plus facile puisque, déjà en voyage vers Louvain, il me suffisait de faire un détour par Gand. Le Supérieur des Frères s’empressa autour de moi. Par lui j’appris que le P. Marie-Pierre avait été trouvé lundi matin par le Frère infirmier qui le soignait affaissé sur un fauteuil, en proie à une grande défaillance. Un prêtre de la maison lui donna ]Extrême-Onction. Quelques minutes après le Père rendit le dernier soupir, sans effort. Les Frères n’ont remarqué chez lui aucune reprise de conscience. Le pauvre Père accusait un état d’usure mentale très prononcée. Il a été inhumé dans le cimetière de Gand ». Page :260/260

Bibliographies

Bibliographie et documentation- Lettre à la Dispersion, 1930, n° 334, p. 65; n° 345, p. 73-75. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Marie-Pierre Vassel au P. Emmanuel Bailly, Saint-Guilhem, 24 septembre 1916. Dans les ACR, du P. Marie-Pierre Vassel, correspondances (1908-1918).