Marie-René (René) GAURY – 1906-1985

Un fond d’inquiétude.
« Nous venons d’avoir la visite canonique. Que restera-t-il de cette
visite? Une lettre de
visite qui, selon les bonnes traditions, dit la vive satisfaction du
Visiteur devant le travail accompli, louange le Supé rieur local, émet de
vagues vœux pour la bonne marche de l’œuvre. Une fois de plus, lettre
morte! S’est-on inquiété de la vie religieuse des Pères? A-t-on essayé de
confronter le texte des Constitutions avec la réalité quotidienne de leur
vie? Vous m’excuserez, mon Père, mais depuis 1925, date de mon entrée au
noviciat, je n’ai vu que le P. Possidius, lors de la visite canonique de
Taintegnies en l926, poser des questions précises. Je sais qu’en ce siècle
secoué, dixit Einstein, par trois explosions, l’atomique, la biologique et
la psychologique, l’apostolat n’échappe pas au mal de la civilisation
d’aujourd’hui, marquée par l’accélération des tâches, le surmenage, le
manque de détente, la tension nerveuse et parfois l’angoisse pathologique».
P. Goury au P. Dufault, 13 juillet 1961, St Roman-lès-Melle (D’après
l’article de A.T.L.P. Bordeaux, juillet 1961, article littéraire et
doctrinal ‘Moines de choc’).

Marie-René (René) GAURY

1906-1985

Religieux de la Province de France.

Parcours d’une existence.

René Gaury est né le 5 mai 1906 à Cerisay (Deux- Sèvres), dans une famille traditionnellement austère. Il a 8 ans lorsque celle-ci vient s’établir à Paris où il connaît les Religieux de l’Assomption. En 1920, il arrive à Saint-Maur (Maine-et-Loire), en 1923 à Miribel-les-Echelles (Isère), en octobre 1925 au noviciat de Taintegnies où il fait sa première profession le 1er novembre 1926. Suivent trois années de philosophie à Saint-Gérard (Belgique), un an de service militaire à Paris avec Lucien Laurent et Robert Montembault. Il est ordonné prêtre à Louvain au terme de ses années de théologie, le 16 avril 1934. Les différents emplois du P. René sont bien connus: il commence par 12 ans dans l’enseignement, comme professeur de 6ème, à Cahuzac (Gers), de 1934 à 1943, puis au Collège Sainte-Barbe à Toulouse jusqu’en 1946. Nommé directeur de l’orphelinat de la Grande-Allée, il n’y reste que deux ans. Le voilà, en 1948, curé de la paroisse du Sacré-Cœur à Angoulême (Charente), qui a été confiée à l’Assomption dès sa création en 1933. « Animé des sentiments de David et de Salomon, il décide de donner au Seigneur une maison convenable. Il y trouve une église commencée depuis longtemps, mais restée en panne. Il y a beaucoup, beaucoup à faire. Il décide de la terminer. Pour trouver les fonds nécessaires, il emploie plus d’un moyen. En particulier la représentation d’une Passion d’un auteur connu, Jean Suberville, maintes fois donnée dans la paroisse et dans les environs. L’église est terminée… Je suis convaincu qu’il a toujours apporté la même foi, le même courage et le même soin à toutes ses entreprises (1). Le Père René quitte Angoulême en 1958 à la suite d’un coup dur, le départ dans la nature de l’un de ses frères, en qui il a préféré avoir confiance plutôt que de croire à ce qu’il pensait n’être que racontars.

Il a ensuite d’autres déboires qui le font beaucoup souffrir ». Pendant un an, il est vicaire à Laleu-La Rochelle (Charente-Maritime) puis, de 1959 à 1961, curé de Saint-Roman-lès-Melle dans les Deux-Sèvres. En septembre 1961, il est transféré à la Province de Paris sur sa demande. Il réside à Paris, quai de javel, est nommé curé de Longpont en décembre. Il s’y acquitte de son ministère avec beaucoup de dévouement et un grand esprit surnaturel, mais souhaite de plus en plus vivre dans une équipe dont il ne soit pas le responsable. Affilié à la Province de Paris (1966), il devient, l’année suivante, aumônier des Sœurs de Jean Eudes au Mesnil-Longpont et de l’hôpital psychiatrique du Perray-Vaucluse qu’il visite depuis 1962. L’église des pauvres selon l’expression utilisée dans sa correspondance, le préoccupe beaucoup. A partir de 1977, il fait partie de l’équipe pastorale de Viry-Châtillon. Quelques religieux, chargés de ministères divers, sont venus le rejoindre en 1976. La communauté cesse d’exister en 1981, le P. René rejoint alors Layrac (Lot-et-Garonne) au cours de l’été 1981. Plein d’allant, certain de reprendre rapidement un travail apostolique. Ce qui frappe chez lui, c’est son accueil, sa gentillesse, la vivacité de son esprit. Il est toujours prêt à répondre par un mot plein d’à propos, un grand sourire, un regard malicieux avec ses grands yeux bleus très clairs. Il a laissé à Viry-Châtillon le souvenir d’un prêtre aimable et zélé. Il en est qui n’ont pas hésité à faire le voyage jusqu’à Layrac pour passer quelques heures avec lui. Son courrier est très important et il répond toujours, tant qu’il peut taper à la machine malgré la maladie de Parkinson. Le 1er mai 1984, il fête le -50ème anniversaire de son ordination, avec les PP. Montembault et Salaan. Il garde la hantise de la liberté et cherche à sortir dans Layrac. On le retrouve un jour tombé dans un champ de mais, incapable de se relever (2). Il meurt le 27 avril 1983, peu avant ses 79 ans. Ses obsèques sont célébrées le mardi 30 avril. Le corps du P. René Gaury repose à Layrac, dans le cimetière et la tombe des religieux de l’Assomption. (1) D’après l’homélie du P. Lucien Laurent, à la cérémonie des obsèques, Layrac le mardi 30 avril 1985. (2) Témoignage du P. Henry-Jérôme d’Argouges supérieur de Layrac.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 66-68. Assomption-France, Nécrologie n° 4, année 1985, p. 70-71. Voulez-vous? (Layrac), juillet-septembre 1985, p.19-24. Du P. René Gaury, dans les ACR, quelques correspondances (1961-1969). Notices Biographiques