Marie-Théophane DURET – 1885-1908

Lettre commune.

« En apprenant la nouvelle de la venue de Mgr. Tacci à Andrinople, dans le
courant du mois de mal, un désir déjà un peu ancien agrandi aussitôt dans
notre cœur. Nous l’avons fait connaître au P. Jules
[Boutry] qui, avec ses encouragements, nous a donné le conseil de vous
écrire au plus tôt. Ne pourrions-nous pas, mon R. Père, obtenir de recevoir
à cette occasion les Ordres mineurs? Nous avons eu le bonheur de faire
notre profession perpétuelle le 4 octobre 1904. Il y aura donc bientôt
trois ans de ce] a et nous n’avons pas même reçu la tonsure. Nous avons
appris avec joie, mais en enviant un peu leur bonheur, que nos anciens
frères du noviciat avaient déjà pour la plupart reçu les Ordres mineurs. Ce
n’est là de notre part qu’un désir et nous sommes prêts à nous soumettre
joyeusement si la décision est contraire. A l’avance, nous vous
remercions de tout cœur, mon R Père, de la démarche que vous voudrez bien
faire en notre faveur. Vos trois fils:
Fr. Marie-Théophane, profès 4 octobre 1904, Fr. Guillaume Bélard, profès 18
sept. 1904, F. Marie-François, profès 4 octobre 1904 ».
Karagatch, 27 avril 1907.

Marie-Théophane DURET

1885-1908

Religieux français.

Un enfant des alumnats.

Théophane Duret est né le 7 janvier 1885 à La Chapelle-Saint-Etienne, commune des Deux-Sèvres, au diocèse de Poitiers. De 1897 à 1902, il passe par les alumnats du Breuil (Deux-Sèvres), de Saujon (Charente-Maritime) et de Brian (Drôme). Le P. Félicien Vandenkoornhuyse le présente à la prise d’habit le 4 octobre 1902 à Louvain où le jeune homme est admis sous le nom de Frère Marie- Théophane, pour le différencier du Frère Théophane Burgue, novice à Livry en 1887. Après une année à Louvain, le Frère Marie-Théophane est envoyé sur les rives de Constantinople, à Kadi-Keuï pour sa seconde année de noviciat. Il est admis à la profession des premiers vœux annuels, en octobre 1903. « Bon novice, pieux et surnaturel, mais d’une santé qui laisse à désirer, doux, soumis, un peu timide, manquant un peu d’entrain ». Le Frère Marie-Théophane est destiné à la mission d’Orient: le climat de la région semble propice et bénéfique à sa santé. Il passe donc à la maison de Karagatch en septembre 1904: c’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels pour la fête de Saint- François d’Assise, le 4 octobre 1904, en compagnie du Frère Polycarpe Roucour, du Frère Désiré Chauvet et du Frère Marie-François Laurent, tous compagnons de noviciat à Louvain. À peine ses vœux prononcés, il est affecté à l’hôpital de Karagatch.

A Andrinople, entre l’hôpital et le séminaire.

Ses supérieurs pensent également à lui pour un futur encadrement au séminaire bulgare d’Andrinople où il pourrait donner des cours de latin, mais la tuberculose ne lui donne guère de répit. Il reprend souvent le chemin de l’hôpital pour y recevoir des soins. Une crise d’appendicite l’affaiblit au point qu’on le croit perdu, et pourtant,

pendant deux années, il résiste à son mal, passant l’hiver à l’hôpital d’Andrinople et l’été sur les rives de la mer de Marmara à Phanaraki. Un grand désir l’habite, celui de parvenir au sacerdoce. En novembre 1907, alors qu’il se trouve à son poste à l’hôpital d’Andrinople, il sollicite l’avis de chirurgiens pour qu’ils tentent une opération qui le délivrerait de toute menace d’une crise d’appendicite qui serait fatale. Mais, vu son état de santé précaire, l’opération est remise à plus tard. Le Frère Marie-Théophane met alors tous ses espoirs dans la perspective de pouvoir entreprendre bientôt ses études de philosophie et de théologie. En mars 1908, il comprend que ses jours sont comptés et il se prépare avec sérénité au grand passage. Une péritonite le met à deux doigts de la mort (avril 1908) et, pendant 22 jours, son organisme peut encore résister à un affaiblissement continu. Il meurt à l’hôpital d’Andrinople le 8 mai 1908, dans sa 24ème année, assisté par le P. Saturnin Aube. Il est inhumé au cimetière de Karagatch. Ame simple et candide, très délicat de sentiment, courageux dans le support de ses souffrances, il laisse à ses compagnons de route cette impression de détachement et de nostalgie dont ses notes intimes font état:

« Je t’aime, ô mois d’avril, ô mois de poésie,

où l’âme d’émotions se sent toute saisie, car enfin par tes fleurs et le bleu de ton ciel tu me fais entrevoir le printemps éternel., Sainte Jérusalem, quand pourrais-je te voir? Mon âme souffre de l’absence.

Vers toi mon cœur ardent s’élance.

De cette vie, hélas! Quand donc viendra le soir? ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1908, n° 138, p. 89-90 et n° 139, p. 106-107. Missions des Augustins de l’Assomption, 1908, n° 146, p. 91-92. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefray. Dans les ACR (Rome) , deux correspondances du Frère Marie-Théophane Duret au P. Emmanuel Bailly (1907). Notices Biographiques