Marislav (Stefan-Antonov) BANTCHEV – 1899-1985

Le 30 août 1964, à 18h. d’un coup de téléphone –retranscrit au P, Bugnard,
de la part du P. Wenger de La croix:

« Le P. Marislav Bantchev, ex-supérieur du séminaire de Yambol, est libéré.
L’Agence France-Presse annonce sa libération et celle d’un Père Capucin.
Tous deux
purgeaient une peine de prison de 20 ans, depuis 1952. Ils ont été libérés
à l’occasion du vingtième anniversaire de l’avènement du régime populaire
en Bulgarie. Maintenant, il ne reste plus aucun prêtre catholique dans les
prisons bulgares ».

Lettre du P, Domitien au Fr. Emmanuel Abarnou, secrétaire, le 4 fév. 1979.

« La nuit, je couche le pauvre Père que je suis sur un matelas; le jour je
couche quelques souvenirs sur du papier blanc. J’étais de la fondation de
Boxtel, faite un peu avant celle de Saint Maur, mais je ne réussis pas me
rappeler de tout. A Boxtel, il y avait deux alumnistes bulgares venus en
cette période de guerre: Marin Doulev s’est marié ou s’est lié avec une
personne du sexe, dirait le P. Fabien Petit. Stéphane Bantchev est devenu
le P. Marislav. Etutto, belle cose, tante grazie. ».

Religieux bulgare de la Province de France.

Un bulgare polyglotte.

Stefan Antonov est né le 19 août 1889 à Brégaré, dans l’arrondissement d’Oréchavo en Bulgarie, au diocèse de Nicopolis-Roustchouk. Il commence ses études au petit séminaire de Roustchouk (1911-1914) chez les Pères Passionnistes et se rend aux Pays-Bas près de Nimègue à Molk avant de connaître l’alumnat de Boxtel (1917-1919). De cette période en Europe de l’Ouest, il sait tirer profit au point de vue linguistique puisqu’il s’adonne à la connaissance du français, de l’allemand, du néerlandais, du russe et de l’ italien! Il retourne ensuite en Orient pour étudier la philosophie à Kadi-Keuï (Turquie) de 1920 à 1925 qu’une année entière de maladie interrompt. Il ne prend l’habit assomptionniste que le 29 septembre 1925 à Taintegnies (Belgique) où il prononce ses premiers vœux le 30 septembre 1926, après son temps de noviciat conduit par le P. Savinien Dewaele. Après trois années d’études théologiques à Louvain (1926-1929), il doit à nouveau se soigner à Lorgues (Var). C’est à Toulon qu’il est ordonné prêtre le 2 février 1930.

Professeur et supérieur à Yambol.

Les supérieurs l’envoient à l’école apostolique de Yambol en Bulgarie en 1930, dont il devient supérieur en 1937. Cette petite cité, sur la ligne de chemin de fer Plovdiv-Bourgas, a connu l’implantation d’une première communauté d’Oblates en 1888 et de religieux assomptionnistes en 1889 avec le P. Jean [Ivan ou Yvan] Pichtich. Les religieux ont pu développer l’animation de deux petites communautés catholiques, l’une de rite latin et l’autre de rite slave. De plus ils dirigent un petit alumnat dont les élèves suivent les cours au pro- gymnase de la commune, ce qui permet d’économiser du personnel.

Notices Biographiques A.A Page : 147/147 Sur place, la communauté ne compte guère que trois religieux partagés entre la vie paroissiale et le petit internat où ils donnent quelques leçons de français et d’instruction religieuse. Le P. Quenard a l’occasion de rendre visite à la communauté en avril 1938 pour l’encourager dans son apostolat; la visite suivante qui va être la dernière pour plus de trente ans -est celle du P. Marie- Germain Filliol en juin 1948. Le P. Marislav écrit au P. Quenard le 6 juin 1948 -c’est sa dernière correspondance avant longtemps -:

« Le P. Provincial [Filliol] qui est en Bulgarie depuis plus de dix jours fait en ce moment la visite canonique à Plovdiv. Il ne s’est pas encore annoncé, mais nous l’attendons tous les jours. Hier, j’ai obtenu la prolongation de séjour à Yambol du P. Germain [Reydon]. Il se plait ici, mais il attend toujours en vain la permission de pouvoir publier de nouveau son Poklonik. Après trois années sèches à la suite desquelles beaucoup de sources avaient été desséchées même dans les Rhodopes, cette année il pleut presque tous les jours. Hier encore nous avons eu une pluie torrentielle, la moisson s’annonce abondante. On fait en ce moment une gare nouvelle à Yambol. L’ancienne a été démolie et on construit une route plus directe pour la ville. Dans nos deux paroisses, la vie continue et nous assurons le catéchisme régulièrement… ». Le P. Marislav ne se doute pas que ses jours de liberté sont comptés. Le régime mis en place par les communistes attend son heure pour juguler toute forme de vie ecclésiale constituée.

La fidélité dans l’épreuve.

Au moment du procès de Sofia (sept.-oct. 1952), il est à son tour appréhendé comme curé catholique de Yambol. Il écope de la peine la plus forte d’emprisonnement: vingt ans de prison ferme avec confiscation de tous les biens. Il n’est libéré qu’en 1964. Comme la plupart de ses confrères, il peut alors reprendre du service paroissial, avec toutes les formes de prudence et de discrétion requises. Il meurt à Plovdiv le ler novembre 1983, à 86 ans et y est inhumé le 4 suivant. « Trente-cinq ans, dont douze de prison, de vie silencieuse, fidèle, donnée. Son évêque a dit lors de son enterrement que, faute de chapelet, le Père avait taillé un bout de bois et, sur ce bois, fait dix encoches. En route, au travail, au repos, ses lèvres remuaient: il priait… ». Selon le témoignage du P. Stéphan.

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Bibliographies

Bibliographie et documentation : Documents Assomption, Nécrologe (111) 1984-1986, p. 96-97. Rhin-Guinée, 1964, n° 54, p. 9. Assomption France, Nécrologie n° 4, 1985, p. 97. Ne figurent dans les archives de Rome que quelques rares correspondances du P. Bantchev, principalement entre 1928 et 1948, ainsi que quelques rapports de sa main en tant que supérieur de Yambol de 1937 à 1948.