Religieux de la Province de Paris. Une vocation tardive, une mort précoce. Albert-Claude Martin est né le 9 novembre 1911 à Jarrier, en Savoie, dans le diocèse de Saint-Jean de Maurienne. D’après sa fiche de religieux établi en 1937, sa famille est à. cette époque établie dans le Manitoba au Canada. Vocation tardive, il bénéficie de cours complémentaires à la maison de Saint- Denis (Seine-Saint-Denis) de 1934 à 1935 et à Chanac, en Lozère, de 1935 à 1937. Le P. Marie- Albert Devynck est son maître des novices aux Essarts (Seine-Maritime) où Albert-Claude prend l’habit le 10 octobre 1937, sous le nom de Frère Martin. Nous reproduisons les quelques annotations de présentation de ce religieux par le P. Marie- Albert, en vue de la première profession: « Malgré quelques hésitations provenant de sa délicatesse de conscience, le Frère Martin se donne généreusement à sa vie religieuse nouvelle. Il a tout ce qu’il faut pour s’engager dans cette voie: du bon sens, du jugement, même s’il souffre des lacunes de sa formation antérieure et d’études commencées trop tard et par conséquent incomplètes. C’est un jeune homme courageux, énergique, très dévoué. Il est porté parfois à douter de lui-même, mais il surmonte cette difficulté grâce à sa fervente piété. Il est d’une tournure d’esprit simple et pratique, menant une vie de communauté harmonieuse grâce à sa charité et son bon caractère. Nous pouvons compter sur sa bonne santé. Il inspire toute confiance par son sérieux, sa maturité et son esprit surnaturel. Je crois qu’avec le temps, son ardeur au travail et ses capacités, il pourra combler les lacunes de sa formation intellectuelle encore trop sommaire ». Après le noviciat, le Frère Martin est envoyé dans la maison d’études de Scy-Chazelles (Moselle). Le Il octobre 1938, il y prononce ses premiers vœux. Page :315/315 Mais sans doute ce religieux n’a-t-il que les apparences d’une bonne santé puisqu’en décembre 1938 il doit être envoyé au repos à Lorgues (Var). Il y commence un cours de théologie bénéficiant de l’aide de quelques religieux présents dans la maison, sous la direction du Supérieur, le P. Clément Laugé. Ce dernier signe son rapport de présentation à la profession perpétuelle qui a lieu à Lorgues, le 11 octobre 1941. Le P. Jean de Matha Thomas (1894-1976) annonce la mort du Frère Martin, décédé le 17 janvier 1944 à Lorgues: « Nous venons de fermer les yeux à notre bien-aimé Frère Martin Viallet qui, il y a quinze jours, était encore plein de vie et même plein d’espérance en une ordination prochaine. Venu à Lorgues de Scy- Chazelles dès avant la guerre, on le croyait presque guéri quand soudain il fut repris par une fièvre violente. On lui proposa ]Extrême-Onction hier dimanche et la formule des vœux qu’il voulut lire lui-même. Ce matin, 17 janvier, trouvant son pouls plus calme, je lui disais que c’était un premier effet du sacrement. Il répondit. ‘Ou bien, c’est la fin qui approche. Ce qui me fait de la peine, c’est mon pauvre papa, là-bas au Canada’. Sa famille en effet est partie de Savoie pendant que lui-même entrait jadis à Saint-Denis. Il me parlait, parfaitement résigné et me serrait la main; et dans l’après-midi, il mourut sans même pousser un soupir. C’était un religieux exemplaire qui ne fit jamais entendre une plainte. Prions pour lui. Que Dieu nous préserve d’autres deuils ». Lorgues, 1944. La communauté de Lorgues s’apprête à vivre des heures chaudes en cette année 1944. La préfecture menace tout d’abord la maison de réquisition, en faveur, de 200 enfants de Boulouris, tuberculeux osseux à évacuer. Le P. Jean de Matha trouve une parade en indiquant la communauté des Sœurs de Notre-Dame des Anges dont les jeunes pensionnaires peuvent trouver refuge ailleurs. Le gouvernement de Vichy décide de regrouper tous les citoyens anglo- américains à Toulon et il s’agit pour le P. Jean de Matha Thomas de protéger et de mettre à l’abri le Frère Stephen Reynor. Les autorités exigent encore l’envoi au S.T.O. des Frères Eduardus [Van Berkel, hollandais] et du Frère Marie-Antoine [Bénin, bulgare], mais leur transfert en Allemagne, dans l’incertitude des temps, équivaudrait à leur arrêt de mort. Le P. Jean de Matha Thomas doit une nouvelle fois intervenir auprès des autorités locales pour protéger les Oblates d’une réquisition de leur maison… Page :316/316
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Nouvelles de la Famille occupée, n° 29, p. 1. Lettre du Frère Martin Viallet au P. Gervais Quenard, Les Essarts, 3 septembre 1938.