Religieux de la Province de Lyon. Un missionnaire de l’Orient. Jean-Charles-Emile Schaffhauser est né le 24 juin 1881 à Wintzenheim (Haut-Rhin). Peu après sa naissance, ses parents quittent l’Alsace, devenue allemande, pour gagner le Nord, puis Paris. Il fait ses études secondaires à l’Institut Sainte-Marie à Solesmes (Nord), de 1894 à 1899, puis à l’école Notre-Dame de Boulogne-sur-Seine, de 1899 à 1902, où il enseigne l’allemand une année (1902- 1903). Il se présente alors à l’Assomption. Il prend l’habit le 18 octobre 1903 au noviciat de Louvain en Belgique, sous le nom de Frère Materne. Profès annuel le 19 octobre 1904 et profès perpétuel le même jour, l’année suivante, il accomplit tout son parcours d’études ecclésiastiques à Louvain (1905- 1911). Il est ordonné prêtre le 9 juillet 1911 par Mgr de Wachter et passe encore une année à Rome pour compléter sa formation théologique. Très attaché au P. Merklen, il souffre des événements qui perturbent la communauté lorsque l’équipe professorale est dispersée. En 1912, il est nommé professeur au collège de Varna en Bulgarie. En 1915, il en devient le supérieur par intérim en raison de la situation politique du pays. En 1915, malgré sa qualité officielle de sujet allemand, il doit se réfugier en Roumanie, puis gagner l’Angleterre après un long exode qui le conduit de Russie en Europe du Nord. Il est affecté à la maison de Charlton (Angleterre) jusqu’en 1919. De 1919 à 1935, le Père Materne est professeur dans les différentes maisons d’Orient, Karagatch, Plovdiv, Zongouldak et Varna. En 1935, il revient à Plovdiv où il réside jusqu’à la fermeture forcée du collège Saint-Augustin en 1948, et où il est connu comme professeur attitré d’allemand. Ses goûts personnels le portent davantage vers l’histoire et, sans doute pour tromper la monotonie des jours, A.A il aime raconter des anecdotes pour faire rire son auditoire. La discipline ne gagne rien à son mode d’enseignement, mais lui-même reconnaît souvent qu’il ne sait pas distinguer quelle est la part de chahut dans le succès obtenu. Il en va bien autrement pendant les heures de surveillance. Sa haute taille et sa puissante carrure en imposent. Il n’hésite même pas à retrousser les manches lorsque le silence est interrompu. La rumeur laisse entendre que le Père Materne est un ancien boxeur et lui ne fait rien pour démentir une réputation usurpée! En communauté, il est un excellent confrère, très régulier et fraternel. Son compagnon de promenade, le dimanche, n’a pas à alimenter la conversation, il n’a qu’à écouter, mais il doit se garder des coups de coude du P. Materne pour ne pas rouler dans le fossé. Parfois un peu bourru dans son franc-parler, il sait demander pardon de propos un peu vifs échangés avec un confrère. Un de ses anciens élèves, Nicolaïev, russe converti au catholicisme qui sait aussi se pousser dans les rouages gouvernements à l’heure du communisme, réussit à faire obtenir au P. Ausone Dampérat une des plus hautes décorations nationales, sans oublier de faire honorer les PP. Materne et Emmanuel Kraehenbühl! Le P. Materne, tout heureux, en donne même le commentaire suivant: je la montrerai à saint Pierre quand j’arriverai à la porte du ciel! Le retour en France en 1948 lui est un grand sacrifice, car les années en Orient représentent la plus grande part de sa vie sacerdotale. Envoyé comme professeur d’allemand à l’alumnat de Vellexon (Haute-Saône), de 1948 à 1953, le P. Materne qui supporte de plus en plus difficilement les jeunes, accepte avec joie un service d’aumônerie chez les Frères de Saint-Jean de Dieu à la rue Lecourbe à Paris, puis chez les Frères enseignants à Matzenheim et à Barr en Alsace. Rattaché à Scherwiller (Bas-Rhin), il aime venir se retremper en communauté. En 1960, il gagne Lorgues (Var) par nécessité car il devient aveugle. D’un caractère entier, bougon, un peu ‘rouspéteur’ par principe, d’une indignation toute verbale, il cache sous une rude carapace un cœur d’or qu’une petite attention émeut. Jusqu’au bout, il s’attache à apprendre et à mémoriser des faits précis. n meurt à Lorgues le 19 janvier 1967. Il y est inhumé.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1968, p. 220. Lyon-Assomption, avril 1967, n° 5, p. 11-14. Lettre du P. Materne Schaffhauser au P. Joseph Maubon, Charlton, 29 novembre 1918. Dans les ACR, du P. Materne Schaffhauser, correspondances (1914-1931). Notices Biographiques