Mathias SIMON – 1911-1961

Luxembourg, 1955.
« Votre lettre reçue la semaine dernière m’a apporté un immense soulagement
et un grand réconfort. Merci mille fois pour la sympathie et pour les
sentiments paternels que vous me témoignez. J’ai donc décommandé mon voyage
en Amérique. J’ai écrit au P. Marie-Germain Filliol dont j’attends une
réponse. Ne me souvenant plus de l’adresse exacte de la résidence
provinciale à Lyon, j’ai prié le P. Filliol de transmettre mes lignes au P.
Linder. Il m’a été impossible de garder secrètes vis-à-vis de ma famille ma
détermination et les
démarches entreprises pour une exclaustration. Mon frère chez qui je me
trouve refuse de comprendre. Je prévois de sérieuses difficultés. Nos
rapports quotidiens jusqu’ici cordiaux se sont refroidis et raidis. Je me
suis ouvert aussi à une de mes sœurs qui ne
désire que mon bien. Dans ma lettre au P. Fillici, j’ai exprimé une
préférence regardant ma destination. J’ai pensé que dans un pays comme
l’Angleterre ou l’Italie je pourrai plus aisément
retrouver mon assiette, cet équilibre plus ou moins perdu. Je continue le
traitement médical prescrit par la Faculté pour mon cœur. Le repos absolu
est obligatoire pour le moment ».

Notices Biographiques A.A

Religieux luxembourgeois de la Province de Lyon. Un homme de talent que visite l’épreuve. Né le 14 février 1911 à Beaufort (Grand-Duché de Luxembourg), de parents modestes, le jeune Mathias Simon trouve auprès de ses nombreux frères et sœurs l’affection dont il ressent le besoin. Comme eux, il manifeste rapidement un goût prononcé pour la musique. Dès l’âge de sept ans, il est capable d’accompagner à l’orgue une messe de Requiem. C’est sans doute ce goût de la musique et un sens religieux nourri dès l’enfance qui lui font exprimer très tôt le désir de devenir prêtre. Vu les moyens financiers restreints de la famille, le curé de Beaufort fait admettre le jeune Mathias à l’alumnat de Scy-Chazelles (Moselle) en 1922. Il n’a pas encore onze ans. La vie pauvre de l’alumnat ne l’effraie pas. Il se fait rapidement à la vie de famille, de prière liturgique et d’étude qu’on y mène et à laquelle les jeunes participent directement. Sa voix argentine domine rapidement celle de ses camarades. On sait y recourir en bien des circonstances comme aussi à son talent d’organiste. Le jeune Mathias est remarqué aussi pour sa délicatesse et sa piété. D’autres talent se révèlent en lui au fur et à mesure de la poursuite des études. Le musicien se découvre également passionné pour la littérature. Les études d’humanités à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère), de 1926 à 1928, permettent le développement de cet attrait pour l’écriture et la lecture. Mathias hésite une année sur la direction à donner à sa vie. Nous retrouvons le jeune homme le 21 novembre 1929, encore à Scy- Chazelles, mais cette fois à la maison Saint-Jean, où stest ouvert le noviciat de la Province de Lyon. Il y fait profession le 22 novembre 1930. Il ne change pas de lieu pour entamer son parcours d’études philosophiques puisque la maison Saint-Jean se mue en scolasticat, A.A Nozeroy dans le Jura prenant le relais du noviciat de Lyon. Cela permet au Frère Mathias de revoir souvent l’alumnat où on aime lui confier la direction des chants liturgiques. Ses études ne semblent pas en souffrir d’après le relevé de ses notes, même si la littérature et la musique ont toujours ses préférences. En 1933, on lui confie un premier poste de professeur à l’alumnat de Scherwiller (Bas-Rhin) où l’on demande de l’aide et où le Frère prononce ses vœux perpétuels le 22 novembre 1933. Le Frère Mathias est envoyé à Rome pour ses études de théologie (1934- 1938). La ville éternelle est faite pour l’enchanter avec ses manifestations liturgiques grandioses. Des études un peu plus personnelles, le contact avec les professeurs de théologie, de spiritualité et de musique l’enthousiasment. Le 12 mars 1938, il est ordonné prêtre. Après de joyeuses et ferventes célébrations de première messe dans son pays natal, le P. Mathias rejoint l’alumnat de Miribel-les-Echelles où, durant six ans, il sait gagner l’affection des jeunes qui souffrent de leur séparation forcée d’avec leur famille. Cette période de temps difficiles explique peut-être la crise intérieure que le P. Mathias traverse. On pense y remédier en l’envoyant au noviciat de Nozeroy en 1944. De fait, il y retrouve son calme, la paix et l’enthousiasme de jadis. Il se dit heureux aussi d’y revoir d’anciens élèves. En 1946, il est désigné pour le scolasticat de Scy-Chazelles. Son dévouement est entier, mais on remarque aussi chez lui une certaine inquiétude. Sa santé s’est détériorée, un séjour en famille ne peut l’améliorer. on lui propose alors un temps de reprise en Suisse, mais cela sans succès notable. Le P. Mathias en arrive à perdre la saine direction de ses décisions. la fraternité des religieux de Cevins (Savoie) lui redonne confiance et espoir en l’avenir. A l’automne 1955, le P. Mathias accepte d’enseigner les langues, anglais et allemand, au collège de Mongré (Rhône). Ses malaises cardiaques ne font que s’accentuer. On croit ménager sa santé ébranlée en l’envoyant à la fin de l’année 1959 à Rome où l’on demande sa collaboration pour l’édition française de l’Osservatore Romano. Il y rend de grands services. Lorsque Mgr Glorieux quitte la direction de ce service, le P. Mathias le suit dans sa retraite et il est envoyé à Florence où sa connaissance de l’italien et des jeunes aurait pu être employée de façon très bénéfique. L’état de son cœur ne le permet pas. Le P. Mathias revient à Rome pour y mourir le 5 mars 1961. Son corps est inhumé à Campo Verano, dans la concession mortuaire de l’Assomption.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A octobre 1962, p. 168-169. Lettre à la Famille, 1961, n° 320, p. 141-142. Rhin-Guinée, juillet 1951, n° 32, p. 12-13. Lettre du P. Mathias Simon au P. Wilfrid Dufault, Luxembourg, 31 janvier 1955. Du P. Mathias Simon, dans les ACR, correspondances (1950-1960). Notices Biographiques