Mathurin (Auguste) GUEDO – 1892-1909

Le Bizet, 1906.
« Nous avons pu constater ces jours derniers que la vie ici-
bas n’est faite que de sacrifices et de réparations. Le bonheur que l’on
éprouve parfois est éphémère. Il passe comme une fumée. Il y a plusieurs
changements au Bizet. C’est le Bon Dieu qui nous a demandé ces sacrifices.
Nous les lui avons offerts de bon cœur
pour notre vocation. Le P. Cyprien [Gouelleu] est parti pour la mission du
Chili. Les Assomptionnistes y ont plusieurs résidences. Les derniers
tremblements de terre ont détruit leurs églises de Santiago et de Los
Andes. Notre regretté Père y est allé quand même pour convertir à Dieu un
grand nombre d’âmes. Avant son départ, son successeur est déjà là. C’est le
P. Jean Damascène [Dhers], ancien supérieur de l’alumnat de Zepperen. Il
connaît bien les enfants et nous est tout à fait dévoué, ainsi que les
autres religieux. Aussi nous remercions le Bon Dieu qui d’un côté nous
demande des sacrifices et de l’autre nous accorde ses meilleures
bénédictions. Le mois du Rosaire est un mois de prière. Daigne la Vierge
Marie vous bénir tous ».
Auguste.
P.S. Je reçois à l’instant votre photographie. Elle est parfaitement
réussie.

Mathurin (Auguste) GUEDO

1892-1909

Religieux français, profès in articulo mortis.

Une mémoire ‘éteinte’.

On ne trouve sur ce religieux frère coadjuteur que l’annonce de son faire-part de décès, libellé comme suit dans la revue L’Assomption: « Le Bon Dieu a récemment rappelé à lui un jeune Frère de l’alumnat du Bizet. Le Frère Mathurin Guédo a pris l’habit le 6 janvier 1909. Ses débuts dans la vie religieuse, écrit le P. Damascène Dhers, étaient d’un grand dévouement; mais bientôt miné par la maladie de poitrine, il doit se reposer. Le médecin juge que l’air natal lui sera plus favorable. On l’envoie donc à Bignan, dans sa famille. Là, le mal ne fait que s’aggraver, et le Bon Dieu vient de le rappeler à un séjour meilleur ». Cet extrait provient d’une correspondance conservée du P. Damascène Dhers, alors supérieur au Bizet, du 4 décembre 1909, qui donne quelques détails supplémentaires: « je me permets de venir vous demander les prières de règle pour l’un de nos frères convers que le Bon Dieu rappelait récemment à lui. L’année dernière, vu son peu d’application pour les études, Auguste Guédo demandait à les interrompre. Son esprit de dévouement le poussait à demander son admission au nombre des frères convers. On le lui permet et, après un postulat de six mois, il prenait l’habit le 6 janvier 1909… Nous n’avons pas de détails sur ses derniers moments. Au lieu de les attendre, nous avons préféré écrire aussitôt et demander à tous nos frères les prières dont il avait besoin. Auguste Guédo s’appelait dans la vie religieuse Frère Mathurin ». Il n’existe malheureusement pas de dossier personnel pour ce religieux puisqu’il n’a pas eu le temps de franchir le premier stade de constitution du dossier: rapports de noviciat en vue de la demande de profession. Nous devons nous contenter des maigres indications portées sur le Registre:

Auguste Guédo est né le 1er juillet 1892 à Bignan (Morbihan), dans le diocèse de Vannes. Il est fils de Jacques Guédo et de Mathurine (1), née Robic. Il prend l’habit le 6 janvier 1909 au Bizet, sous le nom de Frère Mathurin, et meurt dans sa famille, à Bignan (2), le 5 décembre 1909 (1), dans sa 18ème année.

Un écho de la vie au Bizet.

En feuilletant la collection des Echos de l’alumnat Notre-Dame de Grâce, bulletin du Bizet, nous avons découvert cette correspondance d’un jeune élève, Joseph [?], reproduite dans la revue, et qui peut nous introduire dans le quotidien et l’atmosphère de la vie de l’alumnat: « Quelques lignes seulement, car je suis très occupé. Cette année, pendant nos vacances, la maison a été mise sens dessus dessous, car il faut s’agrandir. je suis l’un de ceux qui se sont improvisés maçons, charpentiers, comme les moines de l’ancien temps. Pour ces travaux manuels, chacun s’affuble à sa guise. C’est parfois très amusant. Quant à moi, je me distingue surtout par mes gros sabots et je chante: ‘Mes sabots ne sont point riches, mais je suis dans mes sabots’. je porte briques, planches etc… Quelle bonne distraction! Tout en travaillant, chacun cause, rit, chante. De temps en temps une dizaine de chapelet est récitée et les Ave comme une rosée bienfaisante rafraîchissent nos âmes. Lorsque tu te rendras au bourg, tu diras bien des choses à tante Jeannette. Au revoir petite sœur ».

(1) On cherche parfois les raisons d’adoption de tel ou tel prénom par les novices: préférence pour un saint… Il est évident ici que l’amour familial a guidé le choix de Frère Mathurin.

(2) Bignan est une localité morbihannaise située dans l’arrondissement de Pontivy et le canton de Saint-Jean-Brévelay.

(3) Il est à remarquer que la date de décès du Frère Mathurin, couchée sur le Registre, ne correspond certainement pas à la réalité si on se rapporte au texte de la lettre du P. Damascène citée plus haut. Le 4 décembre, le Frère Mathurin est déjà décédé. Il se peut aussi que la lettre du P. Damascène contienne une erreur …

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1910, n° 157, p. 10. Lettre du P. Damascène Dhers, Le Bizet, 4 décembre 1909. Echos de l’alumnat de N.D. de Grâce, novembre 1906, n° 15, p. 238. Notices Biographiques