Maur (Jean-Félix) MELSCOET – 1900-1975

Un cœur en fête, 1953.
« Mon vieux,
Faut-il avoir un toupet monstre pour traiter ainsi un vénéré, en attendant
qu’il soit vénérable, Assistant Général!
C’a été le premier mouvement. Il est vrai que Talleyrand en a dit:
‘Méfiez-vous, c’est le bon’
‘Bref, il est parti. Merci de votre riche affection, merci de votre mot qui
m’est allé profond au cœur. La fête a été réussie, il y a eu tout le
tralala: maîtrise de la cathédrale de Toulouse, 30 petits chanteurs
à la tête, non pardon, à la croix de bois, chant grégorien par
les Frères, foule de paroissiens, belle couronne de Pères, toasts et repas
pour assurer une cure de bonne humeur fraternelle. Vous sachant si
perméable à l’affection de vos confrères, je me réjouis avec vous, à l’orée
de ce nouveau bail dans le sacerdoce, du magnifique sort qui est fait au
prêtre de renouveler sa jeunesse au contact du désir. Priez pour ma seconde
et dernière étape afin qu’elle soit pleine de grâces pour moi et pour les
âmes que j’aurai à guider
désormais. Tout cela a été d’un grand réconfort pour le pauvre curé que je
suis et on ne s’attendait pas à une telle qualité ».
P. Maur.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Dans la valse des années de jeunesse.

Jean-Félix Melscoët (1) est né le 17 mai 1900 à Morlaix (Finistère), dans une famille bretonne nombreuse. Fier de sa ville natale au célèbre viaduc, il apprend à connaître les beautés de cette région au riche passé. Le père de famille, Auguste, couturier de son état, est employé à la célèbre manufacture de tabacs, fondée par la Compagnie des Indes au XVIIIème siècle, qui fait vivre la petite cité de 22.000 habitants. A douze ans, il gagne l’alumnat du Bizet en Belgique, pour deux ans (1912-1914), dans les bâtiments neufs terminés en 1904 par le P. Jean- Baptiste Riotte, architecte. En août 1914, c’est la guerre, les jeunes regagnent leur famille. Le P. Marie-Emile Ladret réussit ce tour de force de sauver le matériel de la maison et de l’acheminer à Saint-Maur (Maine-et-Loire). En octobre 1915, Jean peut continuer ses études dans cet alumnat des bords de Loire avec 6 autres rescapés du Bizet. Dès septembre 1916, pour ses humanités, il est conduit sur les rives du Lac Majeur, côté suisse, à Ascona (1916-1918), mais pour peu de temps puisque l’alumnat se porte armes et bagages au collège voisin de Locarno en janvier 1918. Jean se présente au noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) où il prend l’habit le 7 septembre 1918, sous le nom de Frère Maur. Il garde longtemps en mémoire le massif du Lubéron dont l’échine hérissée de pins et de cèdres barre la route du Midi et s’ouvre pour donner accès à la vallée de la Durance. Profès annuel le 24 septembre 1919, il gagne un autre haut lieu, l’abbaye de Saint-Gérard de Brogne (Belgique). En mars 1920, il est requis par ses obligations militaires à Metz (Moselle). Les aléas du temps lui assignent le poste d’enseignant à Karagatch, ville pomme de discorde entre la Turquie et la Bulgarie qui deviendra l’Edirne turque en 1933.

En 1922, voilà le Frère Maur de nouveau sur le sol belge, pour commencer à Taintegnies ses études de philosophie (1922-1923) et vite gagner Louvain pour décharger une communauté trop à l’étroit. Profès perpétuel le 25 novembre 1924, il est, au terme de ses études de théologie, ordonné prêtre à Louvain, le 29 juillet 1928.

Un joyeux entraîneur, ami du calembour. Rompu à l’art des voyages, le P. Maur est mis à disposition de sa jeune province d’appartenance. De 1928 à 1965, sa route va connaître bien des zigzags. Toulouse (1928-1931), Melle (1931-1935), Bordeaux-Caudéran (1935-1946), Pont-l’Abbé d’Arnoult (1946-1949), Layrac (1949-1961), Melle à nouveau (1961-1965) Blou (1965-1966) et Chanac enfin, sa dernière communauté (1966-1975). Le P. Maur débute dans les oeuvres de formation, d’abord à l’orphelinat de la Grande Allée à Toulouse comme surveillant. A Melle il est professeur d’histoire, jamais à court pour présenter l’actualité et terminer la leçon sur un calembour. Sa principale activité est le service paroissial. Cycliste intrépide, capable d’enthousiasme explosif, il se compare volontiers au mineur qui besogne en silence, tête baissée, affairée à découvrir le filon que le métal de la pioche fait jaillir de la roche. A Bordeaux, il est l’animateur fervent du patronage Jeanne d’Arc qui entraîne les jeunes à la salle de gymnastique et les fait défiler au son de la fanfare. Il met sur pied la colonie des Arros à Soulac-sur-Mer ou au château Cazeneuve à Préchac. A Layrac, le P. Maur fait un long séjour en compagnie du P. Michel Kerboul, au service de la paroisse. Quand il retourne à Melle, il espère poursuivre longtemps encore une activité apostolique à Saint-Romans, sécurisé par les petits soins attentifs d’une communauté religieuse, niais rapidement il se rend compte de l’impossibilité où il est de faire face pendant l’hiver à ses obligations. En 1965, dans le bulletin paroissial, il fait la deuxième fois en trente ans ses adieux à tous ses amis. Il rejoint la petite communauté de Blou (Maine-et- Loire). Il se rappelle au souvenir du Provincial, animé de l’espoir de retrouver des forces pour un poste moins exposé. Obéissant, il résiste à la pensée d’aller assister pour sa fin sa vieille mère âgée de 95 ans elle meurt en 1967 et se résigne à aller à Chanac (Lozère). Sa voix tonitruante de belle basse perd de force, reste sa bonhomie, inébranlable. En juillet 1972, il est opéré à Mende d’une tumeur au colon et trouve la force de plaisanter: ‘Il n’y a que les ‘maur’ qui ressuscitent, me voilà à nouveau sur pied, décolonisé moi-aussi en partie’. En 1975, il souffre encore d’une tumeur viscérale, soignée à Béziers. Le P. Maur décède le 6 août 1975. Il est inhumé le vendredi 8 août à Morlaix, à la demande de sa sœur, Mme Viviez. Son nom est porté sur la pierre tombale de Chanac, aux côtés des PP. Juste Bonnet (1966), Gildas Le Gloaniic (1967), Raphaël Pocquet (1969), Guillaume Bélard (1969), Gwénolé Le Menthéour (1970), Marie-Félix Dufau (1971), Michel-Marie Kerboul (1975). (1) Sont attestées les deux formes d’orthographe: Melscouet et Mescoët, cette dernière étant préférée.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 14-15. A Travers la Province (Bordeaux) , 1975.- notice par le P. Jean-Robert Montembault, 12 pages. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac) 1976, n° 95, p. 24-25. Lettre du P. Maur Melscoët au P. Domitien Meuwissen, Layrac, 14 avril 1953. Dans les ACR, du P. Maur Melscoet, correspondance (1918-1956), Souvenirs sur les débuts de Saint-Maur.