Religieux français.
Un témoin d’origine de l’alumnat de Miribel-les- Echelles.
Les archives ont heureusement conservé une unique missive de Maurice Billard, alors frère, écrite de Miribel-les-Echelles (Isère), le 1er octobre 1888, au P. Emmanuel Bailly, son maître des novices à Livry. Cette correspondance ne peut évidemment compenser la minceur de sa notice biographique, mais elle vient donner une touche personnelle :à cette fondation d’alumnat réalisée en 1887 et nous donner un écho des impressions, sentiments, états d’âme qui habitent le cœur d’un jeune religieux de presque 22 ans, à peine sorti du noviciat:
« J’avais demandé au P. Picard qu’il voulût bien me permettre de prononcer les vœux perpétuels. Il m’a répondu affirmativement en donnant au P. Vincent [Chaîne] la permission de recevoir mes vœux quand il le voudrait. Mais le Père Vincent désirerait savoir quelles sont les formalités à remplir. Auriez-vous la bonté de les lui indiquer et de lui envoyer un questionnement? Permettez-moi, mon cher Père, de me recommander à vos bonnes prières et à celles de toute la communauté de Livry, et particulièrement à celles des trois novices futurs profès.
J’attends de vous, mon bien cher Père, quelques conseils avant d’accomplir un si grand acte que celui des vœux. Je n’ai qu’un désir, celui de me donner à Dieu et à la Congrégation. Notre- Dame du Rosaire me fera, je l’espère la grâce d’être un fervent profès bien que je n’aie été qu’un novice peu fervent. Je vous remercie des bréviaires que vous m’avez envoyés. Je vous renverrai la part d’été que j’avais, ainsi que la sacoche du Frère Ludovic.
A Livry, j’étais entraîné par la vie religieuse, ici il faut entraîner les autres. Livry prend les proportions d’une abbaye avec magnifique chapelle, ici tout est petit: la chapelle est une chambre étroite. Ajoutons qu’à Livry, la vie était bien tranquille. Ici on peine un peu. Les novices qui sont encore dans le nid du noviciat sont heureux! Mais enfin on se console car la joie se trouve dans le cœur de jésus. L’office et mes exercices de piété sont ma consolation, j’y suis toujours fidèle.
La tête se refuse quelquefois à travailler autant que je le voudrais, mais plus l’âne est chargé, plus il marche. Je puis me lever à 5 heures sans trop de fatigue et me coucher à neuf et demie après la surveillance de toute la journée et quatre heures de classe. Nous avons vingt -cinq alumnistes à Miribel et nous en attendons encore cinq. Ma section n’est donc pas encore au complet: j’aurai une quinzaine d’élèves. Je fais la classe dans l’ancienne écurie. On y voit encore la place de la crèche. Je tiens la place de l’âne, je la remplis bien. Nous attendons avec impatience le Père Désiré Alype [Pétrement]. Le Père Vincent ne peut suffire à son travail, il faut en plus qu’il fasse la classe à la seconde section. Je serais heureux d’avoir un écho des belles fêtes de Livry. Je me suis associé à vos joies par la prière.
Miribel est un charmant pays. Le P. Marie-Léon a bien raison d’en être fier. Les habitants nous sont très sympathiques. Leurs petits dons en sont la preuve: on nous apporte des poires, des pommes, du lait, du beurre, du fromage etc… Une autrefois (sic), ce sont des pommes de terre etc… Les Associées sont dévouées à faire tout ce qu’elles pourront en faveur de l’œuvre. Nous espérons qu’elles se multiplieront d’ici à l’année prochaine, car il faudra bâtir et on ne bâtit point sans argent. Les Chartreux sont bien près, mais ils répondent souvent: ‘Nous aimons votre œuvre, que Dieu vous donne ce qu’il vous faut pour la soutenir’. D’argent, point. Veuillez, s’il vous plaît, présenter mes respects et mes remerciements aux FP. Alfred [Mariage] et Maxime [Viallet]. Votre enfant soumis: Fr. Maurice Billard ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Souvenirs 1899, n° 391, p. 109-110. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudrefroy. Lettre de Maurice Billard au P. Emmanuel Bailly, 1er octobre 1888.