Maximin GACHET – 1871-1885

Dans les chroniques du noviciat de Paris.
«Le vendredi 10 juillet
[1885],on récite l’Office des morts pour le regretté P. de Pascal, nous
offrons tous notre communion pour le repos de cette chère âme.
Le P. Alfred [Mariage] se sent un peu fatigué: il n’y a pas de répétition.
Le soir le P. Maxime [Viallet] fait le chapitre des Coulpes. Nous
continuons avec ardeur et confiance de bien prier pour les vocations: le
rosaire se récite très régulièrement et nous prions aussi beaucoup pendant
la neuvaine de Notre- Dame du Carmel.
Samedi 11 juillet: le P. Alfred Mariage entend aujourd’hui les rendements
de compte. Par La Croix, nous apprenons la touchante cérémonie de la
prise d’habit et de la profession du petit Fr. Maximin, malade à Paris:
nous nous réjouissons avec
toute la Congrégation de cette grâce sans pareille accordée à notre jeune
frère (voir La Croix du 7 juillet 1885). A cause de cela, le P. Alfred
donne le Deo gratias au dîner
».

Registre des chroniques du noviciat de Paria, année 1865.

Maximin GACHET

1871-1885

Français, alumniste mort profès (in articulo mortis).

Une fleur de Savoie, novice d’un jour.

Maximin Gachet, frère aîné de Jean qui deviendra en 1892 sous l’habit assomptionniste Marie-Maximin, est né à Arêches (Savoie) le 12 mars 1871. Alumniste à Notre-Dame des Châteaux (Savoie) pendant quelques mois et à Mauville (Pas-de-Calais), alumnat fondé en 1879. Sa santé laisse à désirer, la tuberculose le mine. Il meurt à 14 ans, à la communauté de la rue François ler, le 8 juillet 1885. Trois jours auparavant, le 5, selon son désir, Maximin a prononcé ses vœux de religieux. Il n’a que 14 ans! Son corps est inhumé à Paris, au cimetière des Batignolles. Les honneurs de La Croix et du Pèlerin.

Le P. Vincent de Paul Bailly, sans doute ému par la jeunesse et les dispositions de cet enfant au moment de son sacrifice, a jugé opportun de faire connaître l’itinéraire du jeune Maximin Gachet aux lecteurs du journal La Croix et à ceux du Pèlerin. Nous reproduisons cet article, écrit à la manière du temps, seule source d’information que nous ayons conservée du parcours humain du jeune savoyard:

« Dimanche, fête du Précieux Sang et en France solennité de S. Pierre et de S. Paul, renvoyée de lundi à cause du malheur des temps, nous avons eu la consolation d’assister, en une étroite cellule, à une cérémonie que les cathédrales pourraient envier. Un enfant de quatorze ans, auquel la nature a départi une de ces beautés suaves que l’innocence recouvre d’un charme inexprimable, attendait la mort. Maximin, c’est son nom, avait été consacré au Seigneur comme Samuel, dès l’âge le plus tendre, après une première communion faite à 8 ans. Il appartient à une famille patriarcale,

il est l’aîné de 8 enfants et cette famille agréait le désir profond qu’il avait d’être un jour religieux. Or, au milieu d’un voyage dans lequel il comptait rétablir sa santé, il s’était arrêté pour un jour dans la maison-mère de la communauté où il voulait, plus tard, vivre et mourir. C’est là que la maladie le renversa inopinément et hier on attendait l’agonie. Mais les excès d’un mal, parfois violent, n’éteignaient que rarement le sourire sur les lèvres du malade, et son âme prête à sortir, se posait rayonnante sur son visage endolori. Cependant il eut comme une heure de répit, et à un moment où il retrouva la respiration et la parole, on l’autorisa comme l’Eglise le permet en ce cas extrême, à faire des vœux conditionnels de religion. Si la mort arrive, ces vœux conditionnels ont tout leur effet, et le novice d’un jour s’en va vraiment profès. Le père, accouru près de son enfant, était là pour consommer son offrande; on recouvrit le petit corps de l’habit religieux, on lui attacha la ceinture, et il fit avec bonheur les vœux de vivre en chasteté, pauvreté et obéissance jusqu’à la mort; puis le nouveau religieux embrassa avec amour la croix de profès et il embrassa son père, ses nouveaux frères, et leurs larmes coulaient sur son sourire de plus en plus radieux. Quelle harmonie céleste dans ce mélange de bonheur et de douleur! Il semblait un moment que la maladie eût été vaincue par cette puissante émotion… Le père selon la nature, chrétien plein de foi, se mêlait aussi à cette supplication: « Que mon fils offre un jour la Victime sur la terre, qu’il reste encore pour bénir mon tombeau »…. Qu’est devenu Maximin? Pendant trois jours, les hommes et les anges ont disputé sa possession et, au moment où nous écrivons ce mercredi [8 juillet 18851, le partage vient de se faire: les anges emmènent l’âme et les hommes gardent la relique… jusqu’au cime tière ».

Le P. Picard recommande ‘ce petit enfant de Mauville, de 14 ans et demi’ aux prières des communautés assomptionnistes auquel il n’a pas hésité à permettre la prise d’habit et la profession in extremis, ‘tant ses dispositions étaient parfaites et son désir d’être religieux de l’Assomption touchant’.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Dans les ACR, Maximin Gachet est un inconnu. Seule une mention f igure dans le Registre des Professions, n° 126, avec la date de profession, le 5 juillet, qui est proche de celle du décès (08.07.1885). Le Pèlerin, 1885, n° 445, p. 398. La Croix, 7 juillet 1885, page 1 (joie et douceur); Il juillet 1885, p. 2 (Maximin). Circulaire du P. Picard n° 24, 7 juillet 1885. Notices Biographiques