Religieux français. Résumé biographique. François-Joseph Sauter est né le 13 février 1878 à Dinsheim en Alsace, alors allemande. Il se fait remarquer par sa piété et les heureuses qualités de son cœur. Le curé du village l’adresse au P. Césaire Kayser, parent de la famille Sauter. En 1893, François-Joseph entre à l’alumnat de Taintegnies en Belgique, pour passer de là à Clairmarais (Pas-de- Calais) où il séjourne de 1896 à 1898. Son temps de noviciat à l’Assomption commence à Livry (Seine- Saint-Denis) où il prend l’habit, le 4 septembre 1898, sous le nom de Frère Meinrad, et s’achève à Gemert en Hollande où il prononce ses vœux perpétuels, le 10 septembre 1900. Etudiant à Bure, puis à Louvain pendant six ans (1900-1906), il reçoit le sacrement de l’ordination sacerdotale le 9 juillet 1905. Pèlerin à Jérusalem en 1906, il reçoit comme obédience la mission au Chili. Il est de ceux, pourra écrire par la suite le P. Emmanuel Bailly, qui ne mettent ni condition ni restriction au don d’eux-mêmes. Trois mois à peine après son arrivée à Lota, le jeune missionnaire est emporté en quelques jours par la maladie, le 2 mai 1907, à l’âge de 29 ans. Il n’a encore pu exercer aucun ministère, ne connaissant pas suffisamment la langue espagnole. Le corps du P. Meinrad repose au cimetière de Lota. Le P. Aurélius Martinez, de passage en Europe, se plaisait à raconter le trait suivant. En 1939, à la suite d’un des nombreux tremblements de terre qui désolent le Chili, le cimetière de Lota est bouleversé et beaucoup de tombeaux éventrés. Le corps du P. Meinrad, enterré 32 ans auparavant, est à cette occasion retrouvé dans un état de conservation parfaite. D’une lettre du P. Casimir Romanet, 8 avril 1907. « Le bon Dieu vient de nous envoyer A.A une bien terrible épreuve: que sa sainte volonté soit faite! Le jour même où je terminai ma dernière lettre, mardi de Pâques, 2 avili, la maladie du bon Père Meinrad s’aggravait sou »n et nous enlevait tout espoir de le sauver. A trois heures, il entra en agonie et vers 5 heures, il rendait sa belle âme à Dieu, entouré de tout le personnel de l’hôpital en pleurs et en prières, et assisté du P. Joachim qui récita les prières des agonisants et lui renouvela l’absolution. Appelé à une heure auprès d’un malade éloigné, je ne pus être averti à temps et arrivai un quart d’heure après le dernier soupir. Aucune mort ne m’avait fait tant d’impression. Le bon Père Meinrad était si bon religieux, si humble, si obéissant que je l’aimais comme mon âme. B me servait de modèle, en attendant qu’il pût me servir de bras droit par les services que sa belle intelligence, son instruction et sa générosité faisaient attendre de lui. Sans avoir ni prêché, ni confessé, depuis les deux courts mois passés à Lota, il avait par sa sainteté acquis l’estime et l’affection de toute la population. Sa mort soudaine et inespérée fut un deuil et une consternation pour tous. Toute la journée qu’il resta exposé à l’hôpital, ce fut un véritable pèlerinage devant ses restes. Les rosaires succédèrent aux rosaires jour et nuit. Le mercredi, à la tombée de la nuit, je fis la levée du corps, pour l’apporter à l’église paroissiale. Immédiatement une foule de plus de 300 personnes se réunit et nous accompagna en priant. Les prières continuèrent à haute voix jusqu’à 11 heures du soir, moment où se fermèrent les portes de l’église. Nous ne pouvions suffire à satisfaire toutes les personnes qui voulurent se confesser pour offrir la sainte communion pour le défunt. Nous dûmes confesser jusqu’à 10h30. Le lendemain ce fut pour nous une grande consolation de pouvoir distribuer 400 communions. Après la messe solennelle où l’église était plus que comble, près de 1.000 personnes se mirent sur les rangs pour accompagner le corps à sa dernière demeure. On récita des rosaires à haute voix pendant tout le trajet. Or vous savez que le cimetière se trouve à trois quarts d’heure de la ville. Le P. Joseph [Maubon] arrivé par express de Santiago put chanter la messe et bénir le tombeau. Le bon Père qui ne semble avoir apparu à Lota que pour se Ure regretter, repose dans le monument de la Confrérie du Sacré-Cœur que nous venions d’achever 10 dix jours auparavant. Cette mort nous laisse u grand vide, mais, j’en suis sûr, du haut du ciel, il sera pour nous un puissant protecteur et obtiendra de nombreuses grâces de conversions pour ce cher Lota qui en a tant besoin. Nous attendons un nouveau et plus grand développement de nos oeuvres après cette nouvelle épreuve. Et comme en ce bas monde une croix ne va jamais seule, voilà que Los Andes vient de perdre aussi un autre jeune religieux de vertu solide, le Père Sauveur. Notre-Seigneur doit nous vouloir bien saints et nous destiner de grandes bénédictions puisqu’il nous ménage une si large part aux amertumes de ses douleurs. Le P. Joseph s’est chargé de vous communiquer de plus amples détails de ces deux morts et d’envoyer la lettre générale aux différentes maisons. C’est pourquoi je n’en cils pas davantage, sauf que notre peine est immense et que nous attendons de votre bonté les renforts qui doivent remplir les cadres vides. Le pauvre P. Joseph a été bien abattu par ces coups successifs. Que le bon Dieu le console et le fortifie! ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Circulaire du P. Emmanuel Bailly, n° 36, mai 1907 (p. 338). Circulaire du P. Joseph Maubon, Santiago du Chili, 12 avril 1907. Lettres du P. Casimir Romanet au P. Emmanuel Bailly, Lota, avril 1907. L’Assomption, 1907, n° 126, p. 87-90. Lettre à la Famille, 1948, n° 41, p. 8. Missions des Augustins de l’Assomption, juillet 1907, n° 135, p. 98-100. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Vers l’Autel (Scherwiller), oct.-déc. 1923, n° 15, p. 251-252 et mai-juin 1932, n° 60, p. 35-40. Lettre du P. Meinrad Sauter au P. Merklen, Louvain, ler septembre 1904. Dans les ACR, du P. Meinrad Sauter, quelques correspondances (1902-1904). Notices Biographiques