Mgr PETIT – 1868-1927

Athènes, 18 mars 1926.
« Je vois par la réponse de la Propagande que la haute amitié du grand
lahma de la place d’Espagne continue, mais je suppose que le Kalavasisme y
est encore pour bien davantage, cela est aussi l’impression de Mgr
Tisserant venu ici pour les livres. Il est persuadé que c’est Papadopoulos
qui voulait mon éloignement pour essayer d’implanter à Athènes ses grandes
réformes hiérarchiques qui ont échoué par-tout ailleurs. Aussi je suppose
bien que vous ne l’avez pas cru quand il est venu pour vous parler du
cardinalat. Mais vous savez
peut-être que ces bonnes gens manquent de courage civique et ils ne
voudraient pas se compromettre avec les Assomptionnistes trop ouvertement,
d’autant plus que le bail du lycée finit l’an prochain. Je suis d’avis
qu’il ne faut pas attendre d’être mis à la porte. Mais tout n’est pas fini
avec mon départ, déjà on commence à se manger ferme. Je cède tout à la
Vaticane de mes 8000 volumes. Avant-hier, j’ai corrigé en un seul jour 48
colonnes in-folio, la tête m’en
tourne encore. Je vais reprendre mon habit, robe et camail. Les bouches
diplomatiques débitent par jour autant de mensonges que la fontaine du
Janicule débite d’eau … ». Au P. Gervais Quenard.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon, archevêque d’Athènes (1912-1926). Un savant, de formation autodidacte. Louis Petit est issu d’un modeste milieu de paysans savoyards. Il est né le 21 février 1868 à Viuz-la-Chiesaz (Haute-Savoie), le septième de onze enfants. Il fait ses études dans les alumnats de l’Assomption, à Notre-Dame des Châteaux (1879-1883) et à Clairmarais (Pas- de-Calais), de 1883 à 1885. On y remarque déjà sa belle intelligence, sa mémoire prodigieuse et son appétit de connaissances encyclopédiques. Il prend l’habit au noviciat d’Osma en Espagne, le 15 août 1885, et prononce ses premiers vœux à Livry (Seine-Saint-Denis), le 25 mars 1886. Ses vœux perpétuels datent du 15 août 1887. Entre 1887 et 1894, il alterne périodes d’enseignement à Notre-Dame des Châteaux, de 1887 à 1889, à Clairmarais en 1892 et à Phanaraki (Turquie) en 1893, et de formation à Rome où il obtient ses licences de philosophie et de théologie (1890- 1892 et novembre 1893juillet 1894). Il est ordonné prêtre à Livry le 15 août 1891. Affecté au scolasticat de Toulouse (Haute-Garonne) en octobre 1894, il participe à la fondation de La Croix du Midi. Jeune supérieur, il part à nouveau pour l’Orient, à Kadi-Keuï en 1895. Le pape Léon XIII vient de confier aux Assomptionnistes les paroisses latine et grecque de Koum-Kapou (rive européenne d’Istanbul) et de Kadi-Keuï (rive asiatique). C’est dans ce contexte de contacts avec l’Orient que le Père Louis Petit entreprend avec une petite équipe de religieux de fonder une revue, Les Echos d’Orient (1897), qui fasse mieux connaître les richesses de l’histoire des Eglises orientales. Partisan d’un apostolat intellectuel qui baigne dans les racines mêmes du monde oriental, il crée à Kadi-Keuï une maison d’études qui révèle de possibles vocations missionnaires et de chercheurs, une sorte d’Institut Oriental avant la lettre. On compte alors dans son entourage un petit groupe de professeurs-chercheurs, les PP. Arsène Calmels, Jules Pargoire, Sophrone Rabois-Bousquet, Aurelio Palmieri, Siméon Vailhé ou encore Martin Jugie, ouvriers de la première heure qui, sous la direction du P. Louis Petit et avec les larges encouragements du supérieur de la Mission d’Orient, le P. Alfred Mariage, deviennent dans leur matière de véritables spécialistes, réputés et reconnus. Grand amateur de livres et de manuscrits, le P. Louis constitue un précieux fonds documentaire. Bon administrateur et organisateur, doué d’une vive intelligence et d’une personnalité affirmée, polyglotte, il se fait lui-même rapidement un nom dans le monde savant byzantin. Membre du Syllogue littéraire grec, principal centre de culture hellénique de l’Empire ottoman, et membre de l’institut archéologique russe de Péra, il collabore à de nombreux dictionnaires, encyclopédies et revues A.A spécialisées. Son intérêt de recherche se fixe surtout sur les actes monastiques et hagiographiques de l’antique Byzance. Il publie des recueils conciliaires et épigraphiques dont les tomes 37 à 46 de la fameuse collection de Mansi, toujours inachevée depuis le XVIIIème siècle. Ce travail le met en contact avec les principaux monastères grecs dont l’Athos où il effectue, en compagnie de son infatigable secrétaire, le Frère Jules Pector et du P. Pargoire, de nombreux et fructueux voyages. En 1906, le P. Louis se rend à Rome comme membre du chapitre général. Il entre en relations de confiance avec les principaux responsables des archives du Vatican dont Mgr Caiii, pour les textes conciliaires, qui lui permettent d’envisager avec le chanoine Martin l’édition des actes du Concile de Vatican 1, travail énorme qui va l’occuper jusqu’à sa mort. Archevêque latin d’Athènes. En mars 1912, le P. Louis Petit est nommé par le pape Pie X archevêque latin d’Athènes et délégué apostolique pour la Grèce. C’est la première fois qu’un Assomptionniste est élevé au rang de l’épiscopat. Cet honneur dont l’intéressé faisait surtout remarquer le poids entrave quelque peu la carrière scientifique du P. Louis Petit. Nommé consulteur en 1911 pour le concile arménien catholique, le nom du P. Petit a été relevé dans les milieux romains qui ont part à la vie des Eglises d’Orient. Encouragé à ne pas abandonner ses travaux, Mgr Petit, sacré à Rome le 25 avril 1912 par le cardinal de Cabrières, Mgr Campistron évêque d’Annecy et Mgr Zampini sacriste du pape, est intronisé à Athènes le 21 mai suivant. On ne peut pas dire que sa charge fut de tout repos. Il doit d’abord relever les finances de son diocèse trouvées en fâcheux état, réparer sa cathédrale Saint-Denys et décorer la nef d’un plafond à caissons en bois sculpté, augmenter le traitement du clergé. Les plus grands embarras ne sont cependant pas d’ordre administratif, ils proviennent surtout des innombrables difficultés politiques tant intérieures qu’extérieures du pays: les guerres balkaniques, l’assassinat du roi Georges, l’expulsion du roi Constantin, l’accident mortel du roi Alexandre, les changements de régime et coups d’Etat, les intrigues militaires et diplomatiques qui précèdent et accompagnent tous ces bouleversements sans compter les tensions et conflits propres à la société religieuse tant du côté de la majorité orthodoxe que de la petite minorité catholique. Mgr Petit sait cependant nouer des relations d’estime et de dialogue avec la hiérarchie orthodoxe, malgré les limites d’un état d’esprit resté très unioniste d’un côté et malgré des préventions anti-romaines très fortes de l’autre. Après la grande guerre, il met son autorité morale au service d’une couvre humanitaire, l’Abri papal des réfugiés de Castella, pour venir en aide aux populations grecques déplacées d’Asie Mineure. Malade et fatigué, Mgr Petit abandonne le siège d’Athènes le 24 juin 1926 et devient archevêque titulaire de Corinthe. Il est atteint d’une furonculose qui le mine. Il retrouve avec joie sa cellule de religieux à Rome et voyage en Europe occidentale durant l’été 1926, reprenant son travail d’éditeur et de chercheur. Début novembre 1927, il gagne la maison de Menton (Alpes-Maritimes). Il y meurt le 5 novembre d’une infection généralisée. Il est inhumé à Roquebrune.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption et ses Oeuvres, 1927, no 317, p. 178; 1928, no 318, p. 4; mars 1928, no 320, p. 33- 64. Lettre à la Dispersion, 1927, no 245, p. 273-280; no 247, p. 289-293, p. 305- 312; no 251, p. 321-328. A.A. lnfo, déc. 1997, no 160 (colloque Mgr Petit) et A.A. info, mars 1998, n° 161, dossier (pages jaunes I-IV). Siméon Vailhé, Mgr Louis Petit, arch. d’Athènes, Paris, 1944; Vitalien Laurent, Mémorial Louis Petit, Bucarest, 1948. Les Echos d’Orient, t. 15, 1912, p. 97-108 et t. 27, 1928, p. 129-144. Catholicisme, 1986, fasc. 49, col. 60-61; Mgr Croce dans Orientali christiana periodica, 1987, p. 257-333. D.H.G.E., fas. 148-149, col. 1313-1317. Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, t. VIII, La Savoie, p.330-331 (cf bibliographie dans Ontmoeting, 1961) Archives de l’Assomption, Rome, correspondances, rapports, notes, cahiers (1886-1926) Actes du Congrès Mgr Petit, Rome, 1997, dans Analecta (volume à paraître). Notices Biographiques