Religieux de la Province de Lyon, évêque titulaire de Citrus, administrateur apostolique de Moscou (1926-1946). Une vie tournée vers l’Orient. Né à Gien (Loiret) le 24 février 1877, Eugène- Joseph Neveu est le fils d’un ouvrier faïencier qui eut 16 enfants. Il fait ses études secondaires à l’externat Saint-Joseph de Gien et au petit séminaire d’Orléans, à la Chapelle Saint-Mesmin (1890-1894) et entre dans la Congrégation de l’Assomption en 1895. Il prend l’habit religieux le 8 décembre 1895 à l’abbaye de Livry (Seine-Saint-Denis), sous le nom de Frère Pie. Profès annuel l’année suivante, il devient profès perpétuel à Jérusalem le 25 décembre 1897. Il poursuit ses études de philosophie et de théologie à Notre-Dame de France. Professeur en 1901 au séminaire slave de Karagatch, il est ordonné prêtre le 18 mars 1905 à Constantinople. Il continue dès lors de faire partie de ce petit groupe de religieux qui, selon le vœu du fondateur, le P. d’Alzon, n’attend que le moment opportun pour pénétrer en Russie et se consacrer à l’évangélisation des Slaves. Professeur au collège de Varna en Bulgarie, il est en 1906 nommé aumônier du Bon- Pasteur à Saint-Pétersbourg, la capitale russe. Discrètement, quelques religieux assomptionnistes reçoivent des missions bien circonstanciées, leur permettant d’obtenir un permis de séjour dans le pays et bénéficiant d’une relative liberté de mouvement, après les événements politiques de 1905. Le Père Pie devient très vite curé à Makiéevka (1) en 1907, localité située dans le territoire des Cosaques du Don (bassin du Donetz) où se trouve une importante colonie d’Européens occidentaux qui font carrière dans les mines de la région. À l’époque dans la Russie des tsars, les catholiques romains représentent une toute petite minorité, souvent d’origine étrangère, Page : 43/43 organisée en cinq diocèses sous la direction de l’archevêque de Mohilev, résidant à Saint- Péterbourg. C’est là à Makiéevka que le P. Pie vit les événements et les transformations de la Russie, suite à l’entrée en guerre du pays en 1914, la première révolution politique en 1917 avec la chute du tsarisme et l’arrivée au pouvoir des Mencheviks, puis en octobre la prise du pouvoir par les Bolcheviks. En 1918, Eglise et Etat sont séparés en Russie. Très vite le pouvoir qui a jugulé toute forme d’opposition, pratique à l’égard des confessions religieuses une violente politique d’éradication: arrestations, condamnations, déportations, exécutions, fermeture des églises, des communautés religieuses, spoliations. Administrateur apostolique de Moscou. En 1925, il ne reste rien de la hiérarchie catholique en Russie. Le pape Pie XI s’émeut de cette situation et cherche à y porter remède. Le Père d’Herbigny, Jésuite, est l’homme de confiance du pape pour les affaires de Russie. Il reçoit l’ordre de recevoir en secret l’ordination épiscopale à la nonciature de Berlin, des mains du nonce Pacelli, futur Pie XII. Mgr d’Herbigny passe ensuite en Russie pour sacrer clandestinement trois vicaires apostoliques, l’un pour Moscou, les autres pour Léningrad et Odessa. le P. Pie Neveu n’est pas un inconnu à Rome, il a eu plusieurs fois l’occasion d’écrire à Rome pour informer le pape sur la situation des catholiques dans le pays. Il est donc choisi pour être l’administrateur de Moscou. Convoqué dans la nouvelle capitale par l’ambassadeur de France, il est sacré évêque le 21 avril 1926 dans l’église Saint- Louis des Français par Mgr d’Herbigny, toutes portes fermées, avec le titre de titulaire de Citrus. C’est le second Assomptionniste, après Mgr Petit, à recevoir l’ordination épiscopale. Dès le 3 octobre 1926, Mgr Neveu commence à se montrer publiquement. Le lendemain, il reçoit la visite de la police qui ne le lâche plus. Mais Mgr Neveu bénéficie de la protection de l’ambassade de France où il est pratiquement installé. Il exerce son ministère au milieu des très grandes difficultés du temps et de la continuelle surveillance du régime qui guette le moindre faux pas. En 1934, il peut venir en France participer au pèlerinage national de Lourdes, aller à Rome où le pape le reçoit longuement. Il retourne en Russie, sacre le 30 avril 1935 le Père Amoudrou, Dominicain, comme vicaire apostolique de Léningrad qui se fait expulser quatre mois plus tard. En juillet 1936, la santé de Mgr Pie Neveu le contraint à rentrer de nouveau en France, mais il ne peut plus obtenir un visa de retour en Russie. Il s’installe donc à Paris et rend service dans différents diocèses de France. C’est ainsi que beaucoup de jeunes religieux assomptionnistes reçoivent de ses mains l’ordination presbytérale à Lormoy. La Russie reste l’horizon de sa vie, de son cœur et de sa foi. Il ne cesse d’aimer les qualités du peuple russe, d’apprécier et de reconnaître sa générosité et son sens religieux. Sa devise ‘Paix à tous’ traduit sa volonté et le but tout apostolique de sa mission. Mgr Pie Neveu meurt presque subitement le 17 octobre 1946, un jeudi matin, à Paris, après une cérémonie religieuse célébrée à Saint-Pierre de Chaillot. D’abord inhumé à Paris, son corps est transféré le 16 mai 1954 dans l’église Sainte- Jeanne d’Arc de Gien, reconstruite. Page : 44/44
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille, 1946, p. 101 et p. 105-106 ‘ La Croix, 19 octobre 1946. Circulaires du P. Gervais Quenard, n° 54, 25 octobre 1946 ou n° 62, 25 octobre 1946. Homélie du P. Gervais Quenard pour le transfert des restes de Mgr Pie Neveu à Gien, 16 mai 1954. Catholicisme, t.IX (1982), col. 1182-1183. Ontmoeting 1964; vers l’autel (Scherwiller), 1947, Carillon de N.-D. de l’Ermitage (Soisy-sur-Seine), 1947. Missions des Augustins de l’Assomption, 1947, n° 483, p. 11-14.. Petites Nouvelles aux Amis de l’Assomption, novembre 1946, p. 2. P. Croghan, The Peasant from Makeywska, Worcester, 1982. André Wenger, Rome et Moscou (1900-1950), Paris, 1987; Catholiques en Russie, d’après les archives du KGB 1920-1960, DDB, 1998. Dans les ACR, de Mgr Pie Neveu, nombreuses correspondances et chroniques de sa vie en Russie (1903-1945) . Lettre de Mgr Pie Neveu à des amis, 13 décembre 1936. (1) Makiéevka est la forme reçue dans l’historiographie assomptionniste de ce nom de lieu que l’on peut aussi transcrire ‘Makeevka’. Notices Biographiques