Michel LE PAPE – 1918-1938

Souvenirs.
Le Frère Michel vint au noviciat en avril 1936 et y recevait ensuite
l’habit. Sa formation fut facile, il possédait déjà un esprit religieux
profond, cherchait sérieusement la perfection et se montrait avide de tout
ce qui pouvait l’aider à la poursuivre. Son maître des novices [Pol de Léon
Cariou] se souvient particulièrement de son attention à écouter les
instructions du ‘petit noviciat’, de l’émotion qui l’étreignait parfois et
qu’il n’arrivait pas
toujours à dissimuler quand on développait devant lui les grandeurs et les
beautés de la vie intérieure. Il avait des défauts, mais il s’efforçait de
les combattre. On pouvait lui confier des charges, on était certain qu’il
les remplirait consciencieusement. Il fut d’abord préposé à la basse- cour
et tous ceux qui connaissent la Chaume et sa population volatile, qui se
chiffre par centaines surtout à l’époque des couvées, savent que cette
besogne n’est pas une sinécure. Plus tard il seconda le Frère Marie-
Eugène Bocquet au potager, et lorsque celui-ci fut envoyé à l’alumnat de
Cavalerie, il
devint jardinier en chef. Il paraissait chétif et marchait voûté les
épaules rentrées. On lui fit passer une radio avant la profession».

Religieux de la Province de Bordeaux, profès perpétuel in articulo mortis.

Un capital de santé tôt ébréché.

Michel Le Pape est né le 26 mars 1918 à Plonéour- Lanverne (Finistère), dans une famille patriarcale et profondément chrétienne. Après des études primaires commencées au village et achevées au pensionnat des Frères, il s’adonne aux travaux agricoles de la ferme. De janvier 1935 à mai 1936, entré comme postulant à la maison des vocations tardives de Blou (Maine-et-Loire), il formule le double espoir de pouvoir rattraper son retard scolaire et d’envisager le sacerdoce, mais il se rend compte lui-même que ce chemin lui est impossible et il demande à entrer dans la Congrégation comme religieux-frère. Il est reçu comme postulant convers au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente- maritime) où il prend l’habit le 31 mai 1936, sans changer de prénom. Il y prononce ses premiers v?ux, le 4 juin 1937. Le P. Pol de Léon Cariou, son maître des novices, le présente ainsi: « Le Frère Michel est un excellent novice. Malheu,reusement, par suite de travaux trop lourds dans sa famille et durant son long temps de postulat à Blou, sa santé a été fortement ébranlée. Il n’est pas malade, mais il a besoin d’être surveillé pour ne pas compromettre l’avenir ». Sérieux, docile, il prend grand soin de la ferme et de la basse-cour comme de toutes les charges qui lui sont confiées au potager. Peut-être par suite d’une série d’imprudences, il se met à souffrir d’une pleurésie et doit être éloigné dans une maison de repos pour y être soigné. Ses supérieurs l’envoient alors passer quelque temps en famille. Il rejoint ensuite la maison de Lorgues (Var) en février 1938, mais, malgré toute l’attention qui lui est prodiguée, son affection, doublée de tuberculose, ne le quitte pas. On lui propose de prononcer le 18 juin 1938 des v?ux in articulo mortis.

Il meurt deux jours après, le 20 juin, à loge de 20 ans passés de quelques mois. Le Frère Michel est inhumé au cimetière de Lorgues.

Flash sur la vie à Lorgues.

« Lorgues, maison de repos pour les vétérans de la Congrégation, maison de malades où l’on reprend des forces pour recommencer les labeurs de l’apostolat, vestibule du ciel pour un certain nombre de nos hospitalisés, se plaît en ce mois de novembre, à rappeler à voire pieux et fraternel souvenir ses chers défunts. Si sérieuse que soit la pensée du trépas, elle n’est pas, pour autant, opposée à toute joie. Notre vie habituelle en est une preuve. D’ailleurs le soleil de Provence, si recherché de tous, nous invite, à longueur de journées, à jouir de ses doux rayons et de sa vive lumière. De la joie? Mais nous avons le c?ur débordant, et cela malgré nos infirmités. Pourquoi pas? Serait-ce si contradictoire? J’ai parlé d’infirmités; parlons donc un peu de nos chers malades. La communauté compte à présent 33 membres. Grâce à Dieu, elle en compte de vaillants. C’est la minorité évidemment, mais combien dévouée, laborieuse et bonne pour les Pères et Frères âgés ou infirmes!… Vous savez que vos frères lorguais, vaillants, malades ou âgés, travaillent, chacun à sa façon, à la réalisation de l’Adveniat regnum tuum. Les grandes fêtes liturgiques ne revêtent pas un éclat solennel extérieur. Rarement, en effet, nous pouvons chanter la sainte messe ou les Vêpres. Pour nous en dédommager, nous avons le Salut solennel du Très Saint Sacrement tous les jours et aussi quelques fêtes de famille. Au début du mois d’octobre’ la profession perpétuelle du Frère Marie-Antoine Bénin, convers, notre chef cuisinier, fut pour nous l’occasion d’une réjouissance. Quel vrai bonheur que d’assister à une oblation définitive d’un des nôtres à Notre-Seigneur par Notre-Dame! La journée se passa dans l’intimité la plus douce. Les Oblates et d’autres religieuses, de même que les Tertiaires, assistèrent nombreuses à la cérémonie. Le dimanche 30 octobre, les Frères Pedro Frias et François-Régis Loaec prirent part à l’ordination faite à Toulon par Mgr Simeone… ». D’après Lettre à la Dispersion, 1938, n°772, p. 248-249.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1938, n° 754, p. 105; n° 755, p. 113-114, n° 759, p. 141. Souvenirs par le P. Pol de Léon Cariou. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.