Religieux de la Province de Paris. Dans la rudesse des temps. Maurice-Emmanuel-Pierre-Antoine Périé (1) est né le 7 décembre 1894 à Murviel-lès-Montpellier (Hérault). En septembre 1906, Maurice arrive à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère), regardant avec surprise le massif de la Grande Chartreuse, ayant quitté ses garrigues natales. Il regrette toujours ses collines couronnées de chênes-verts du Midi, même devant les hauts paysages du Grand Som ou les escarpements du Luxembourg. À l’école du P. Alype Pétrement, il devient un élève studieux, un peu turbulent, aimant les mots d’esprit et les ardeurs batailleuses de la jeunesse (1906-1912). À la fin de ses études, il opte pour l’Assomption et se présente en octobre 1912 au noviciat de Limpertsberg au Grand-Duché de Luxembourg. Il y prend l’habit sous le nom de Frère Modestey le 6 octobre 1912. Ce prénom lui convient si bien qu’on le chansonne aimablement: ‘Qui donc s’avance ainsi, paisible et sans un geste? Le nom est bien choisi: c’est le Frère Modeste’. Il prononce ses premiers vœux en octobre 1913. Dans la nuit du ler au 2 août 1914, avant la déclaration de guerre, les Allemands entrent au Luxembourg. S’ensuivent pour les jeunes religieux isolement, privations et pénibles travaux agricoles pour ne pas dépérir. Le 11 avril 1915, le Frère Modeste peut prononcer ses vœux perpétuels. On le trouve en Belgique à la fin de la guerre, à Louvain pour la philosophie (1918-1919), à Taintegnies une année (1919-1920) et de nouveau à Louvain (1920-1924). Laborieux, doué d’un esprit de clarté plus que de vivacité, il achève en quelques années le parcours des études qui l’autorisent à devenir prêtre. Le 27 juillet 1924. Mgr Petit l’ordonne, alors que le P. Gervais Quenard célèbre ses noces d’argent sacerdotales ce même jour. A.A Professeur d’alumnat modèle. La première lettre d’obédience du P. Modeste est pour l’enseignement à l’alumnat de Poussan (Hérault), nouvelle fondation, où il réside de 1924 à 1934, avant de passer à cette date à Vérargues (Hérault) qui en est la suite. Il y mène une vie de travail, de prière et de dévouement aux côtés de ces jeunes vocations qu’il s’agit d’affermir et de diriger. Paisible avec ses compagnons de jadis, il est le même dans sa fonction d’enseignant et de conseiller. Il aime la vie d’étude, recherche sans cesse de nouvelles productions et cherche à faire passer ses connaissances. Sorti de l’étude, il anime les jeux, dirige les promenades et conduit la prière à la chapelle. Simple et souriant, ce religieux aux gestes calmes saisit les goûts de son jeune entourage et cherche à les satisfaire. Son bureau est une véritable écritoire. en dehors des cahiers et livres de classe, on trouve tel article ou poésie pour le bulletin ‘Le Rameau de Notre- Dame’, des épreuves à corriger, de la correspondance échangée avec les bienfaiteurs de la maison. Parfois, mais rarement, il s’absente pour quelques prédications dans les alentours et il revient généralement les bras chargés de paquets pour ses jeunes élèves. On dirait que ses prédications et ses allocutions, précises, dites avec simplicité et sans hésitation, viennent reverser leur trop plein sur l’affection qu’il porte à ses jeunes élèves. C’est en janvier 1934 que le P. Modeste suit à Vérargues l’alumnat qui se transporte de Poussan. Sent-il que ses forces s’épuisent? Un jour, il n’accompagne pas comme à son habitude les aluninistes dans une grande sortie. Lors d’une course à Montpellier, il fait une visite chez un médecin. Il y est frappé d’une congestion cérébrale qui le laisse quelque temps sans force. Il ne peut reprendre le régime des classes, mais cherche toujours à s’intéresser à la vie de la maison. Il meurt à Vérargues le dimanche 13 février, à l’âge de 44 ans. Le Père Modeste est inhumé dans le caveau de sa famille à Murviel-lès-Montpellier le 15 février suivant. (1) Le nom de ce religieux est orthographié de façon fantaisiste: Périer, Perrier ou Perrié.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1938, no 741, p. 25-26 et no 745, p. 53-56. Notice biographique du P. Modeste Périé par le P. Marie-Alexis Gaudrefoy. Le Rameau de Notre-Dame (Vérargues), avril 1938, no 42, p. 3-4 et 7-9. Le Petit Alumniste (Miribel-les-Echelles), avril 1938, no 593, p. 53-55. Du P. Modeste Périé, dans les ACR, quelques correspondances (1919-1930), arti- cles dans le Rameau de Notre-Dame. Lettre du P. Modeste Périé, Taintegnies, 27 décembre 1919. Notices Biographiques A.A Page : 206/206 Religieux français. Un fils du P. d’Alzon, fondateur des P.S.A. Etienne (Claude-Etienne) PERNET 1824-1899 Claude-Etienne Pernet est né le 23 juillet 1824 à Vellexon (Haute-Saône)il est le fils de Claude-Louis, maréchal-ferrant, et de Madeleine Cordelet. Il est pris en charge pour son éducation par le prêtre du village, l’abbé Guillaume, qui l’envoie après la mort de M. Pernet en 1838 à l’école de Membrey. Le 3 novembre 1840, il entre au séminaire de Luxeuil, en 1842 au séminaire de Vesoul où il étudie la philosophie et en 1843 à celui de Besançon (Doubs) pour la théologie. Doux, timide, modeste, il est effrayé par la responsabilité du sacerdoce, il quitte le séminaire et accepte à 22 ans un préceptorat à Dôle (Jura) chez Mme de Fontenelle et dans une maison ecclésiastique d’éducation. Dans l’espoir de trouver un poste plus définitif, il séjourne à Paris en 1849 et entre en relation avec M. Marie -Eugénie de Jésus qui le dirige vers le P. d’Alzon en recherche de professeurs. C’est ainsi qu’Etienne Pemet prend le chemin de Nîmes (Gard) et devient surveillant au collège de l’Assomption. Bachelier en août 1850, il raffermit son projet de vocation religieuse au sanctuaire de Rochefort-du-Gard et se donne à la Congrégation naissante du P. d’Alzon. A sa suite, le 25 décembre 1850, il prononce ses premiers vœux avec quatre autres compagnons et, le 25 décembre 1851, ses vœux perpétuels. En 1852 il est préfet de discipline au collège. En octobre 1852, le P. d’Alzon l’envoie à Paris au nouveau collège de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, collège transféré à Clichy en 1853. Tout en s’adonnant à sa fonction d’enseignant, le P. Pernet se prépare à l’ordination sacerdotale, conférée le 3 avril 1858 par Mgr Nanquette, évêque du Mans. De 1858 à 1863, il continue les mêmes fonctions dans les différentes implantations plus ou moins éphémères de l’Assomption: Rethel dans les Ardennes en 1858, Clichy, Auteuil et Paris. A Nîmes, il entraîne les élèves du patronage à s’intéresser aux misères sociales de l’Enclos-Rey. Peu à l’aise dans le monde scolaire, il est heureux d’être envoyé en renfort au P. Picard dans la capitale pour s’y occuper de ministère, à partir de la chapelle de la rue François ler (octobre 1863). Il y fait la connaissance en mai 1864 de Mlle Marie Maire et de Mlle Antoinette Fage avec lesquelles il songe à fonder une congrégation religieuse d’infirmières pour les pauvres, à domicile. Il les établit dans des logements provisoires, rue Saint-Dominique, rue Vanneau, impasse Gaillard ou encore à Monceau avant le choix du n° 57 de la rue Violet (avril 1870) qui devient le siège de la maison- mère. Le but de l’œuvre est clairement défini: soigner les malades, gratuitement, à domicile. Les premières religieuses prononcent leurs vœux le 22 septembre 1866. Le P. Pernet trouve en Antoinette Fage l’instrument privilégié et correspondant §Trait de vie. « En 1870, pendant le siège de Metz, le jour de la bataille de Ladonchamps, le général Halna du Fretay, près de qui j’étais attaché, m’envoya en reconnaissance vers le château. J’arrivai à un endroit où les chasseurs à pied de la garde impériale étaient très chaudement engagés. Le feu de l’ennemi, très violent à cet endroit, faisait de grands ravages au milieu d’eux, ce qui ne les empêchait pas d’avancer à l’assaut du château, dont il s’emparèrent à la baïonnette. J’allai continuer ma route lorsque je vis au milieu d’un tas de blessés un prêtre accroupi soutenant un chasseur dans ses bras. L’endroit était tellement dangereux, je le vis si exposé que je ne pus m’empêcher de m’arrêter une minute: j’avais reconnu la pèlerine et le petit capuchon des Assomptionnistes, ayant été élevé dans leur collège à Clichy. En relevant la tête, je reconnais le P. Pernet, mon ancien professeur. Il me dit: ‘Je donne le passeport à ces pauvres enfants qui vont paraître devant Dieu. Ne restez pas là ou bientôt je vous donnerais le vôtre’. Eh bien, mon Père, vous croyez- vous à l’abri des balles et des obus? ‘Oh! moi, que la volonté de Dieu soit faite, je dois être près de ceux qui souffrent…’». Xavier Feuillant, Le Gaulois 28.03 1903. Notices Biographiques A.A Page : 207/207 pour donner à cette oeuvre son assise, son esprit et sa pierre de fondation, avouant quelques années plus tard. « Comme Jacob, j’ai dû attendre 14 ans ma Rachel », signifiant par là le temps qui lui a été nécessaire pour trouver sa voie propre dans la vie religieuse, dans le sacerdoce et dans l’Assomption. Encouragé par le P. d’Alzon qui admire cette fondation de foi et de charité, le P. Pernet se trouve à Rome au concile de Vatican I comme théologien. En août 1870, il se porte aumônier militaire volontaire à Metz (Moselle) tandis que les sœurs de Grenelle établissent dans leurs murs une ambulance de guerre. Il est d’abord arrêté à Metz comme espion. libéré, il suit les militaires français prisonniers jusqu’à Mayence. En mars 1871 il rentre à Paris au moment où se déclenche l’insurrection de la Commune. Arrêté, il faillît être fusillé et ne doit la vie sauve qu’à la recommandation d’un ami qui le fait sortir du commissariat de police. Pour le protéger, le P. Picard envoie à l’orphelinat d’Arras, auprès du P. Halluin. Les troubles apaisés, le P. Pernet retrouve sa résidence à Paris et dès lors sa vie se confond avec celle de sa fondation religieuse. Du vivant de la co-fondatrice, quatorze communautés sont fondées: Monceau (1870), Saint-Louis d’Antin (1871) transféré aux Batignolles, Saint-Roch (1874), Levallois-Perret (1875), Belleville (1875), Belleville (1876), Creil (1877), Sèvres en 1877 où Mère Fage prononce ses vœux perpétuels le 5 octobre 1878, Choisy-le-Roi (1879), Puteaux (1879), Perpignan (1879). En juin 1880, il part en Angleterre installer des Petites Sœurs à Bow, à l’est de Londres, première fondation hors de France. Le mouvement ne s’arrête pas: Issy-les-Moulineaux (1880), Montmartre (1882), transféré à Clignancourt, Lyon (1883). Le P. Pernet crée la Fraternité du Salut qui travaille à remettre en honneur dans les foyers les valeurs chrétiennes. En 1875, la première règle est approuvée par l’Ordinaire de Paris, Mgr Guibert. Le 18 septembre 1883, meurt la co-fondatrice, Mère Fage à laquelle succède Mère Marie du Saint-Sacrement, allas Eugénie Jacobs (1853-1922). En 1884, il fonde les Filles de Sainte-Monique, anciennes malades soignées par des sœurs et devenues mères de famille. De 1885 à 1899, il se multiplie à travers la France et l’Europe pour fonder de nouvelles communautés de sœurs et des Fraternités. En 1891 il traverse l’Atlantique pour une première fondation aux U.S.A auprès de laquelle se dévoue le P. Henri Brun, un compagnon de la première heure. En 1896, à la demande de Mgr Vannutelli, protecteur de l’Institut, il a la joie d’installer une communauté à Rome et de rencontrer en audience privée le pape Léon XIII, le 9 mars. Le 2 avril 1897, il reçoit la première marque romaine d’approbation, le bref laudatif. C’est à Grenelle, rue Violet, que meurt le P. Pernet le 3 avril 1899, jour anniversaire de son ordination sacerdotale. Il est inhumé dans la crypte de la chapelle, rue Violet. A cette date, les Petites Sœurs sont au nombre de 319, réparties en 30 communautés. Le 3 août 1901, sont approuvées les Constitutions des Petites Sœurs et avec elles, l’Institut. En janvier 1903, sort le premier numéro de la revue ‘Le pain de chez nous’. De 1903 à 1911, les Petites Sœurs affrontent en France procès, poursuites judiciaires et condamnations. En 1931, la cause du P. Pernet est introduite à Rome, après le procès diocésain. En 1947, les Petites Sœurs décentralisent l’Institut en établissant un régime provincial. Le 14 mai 1983, un décret pontifical proclame le P. Pernet vénérable. Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1899, n° 385, p. 45-52; n° 387. Caholicisme, t. X, col.1266-1267. H. Galeran, Croquis du P. d’Alzon, p. 345-358 (évocation du P. Pernet). Il existe de très nombreuses biographies et études sur le P. Pernet, indépendamment de celles qui sont centrées sur sa fondation, les Petites Sœurs de l’Assomption. P. Pernet, édit. Rondelet, 1-901; Matthieu Lombard, 1911; E. Federici, 1940; Gaétan Bernoville, 1944; Madeleine Legoët, 1948; Ferdinand Morsink, 1952; Sr Humbert, 1954, 1960, 1962; A. Richomme, 1958; Remi Kokel, 1962; Touveneraud, 1966 … On trouve sur le P. Pernet et la congrégation des P.S.A. brochures, plaquettes, traductions en nombreuses langues, même en chinois (1944). Les écrits du P. Pernet (Instructions, conférences, prédications, livres de règle, correspondances … ) sont intégrés dans une banque de données informatique par les soins de la Congrégation des Petites Sœurs de l’Asomption, 57 rue Violet à Paris. Sa cause, entièrement reprise en 1959, a donné lieu aux productions d’usage: position summarium, dactylographie des écrits … Notices Biographiques