Nicéphore (Antonios) DOUNAVIS – 1897-1969

Nouvelles d’Orient en 1941
« A Belgrade, le P. Privat
[Bélard] allait bien le 13 décembre, ainsi que les Sœurs restées avec lui.
A Plovdiv, le P. Ausone
[Dampérat] a repris son collège avec 500 élèves dont
150 internes et 20 alumnistes. Il gémit d’avoir 5 professeurs en moins, 7
décembre.
A Bucarest, le P. Marie-Alype
[Barral] disait, fin novembre, que tout allait bien chez lui. Trois Pères
de l’Institut byzantin donnaient des cours au lycée français. Cinq jeunes
suivaient des cours à l’Université. Les Sœurs de Beïus, assistées du P.
Stefan
[Berinde], donnaient aussi de bonnes nouvelles de leur internat.
A Jérusalem, le P. Pascal
[Saint-Jean], resté en l’hôtellerie [Notre-Dame de France] avec deux Pères,
deux Frères et cinq Sœurs, y vit tranquillement avec des pensionnaires
payants.
A Athènes, le P. Nicéphore
[Dounavis] a peine à vivre chez lui où l’on ne trouve plus
ni pain rationné à 40 grammes, ni huile montée à 800 d. le litre, pas même
des raisins de Corinthe. Il a pu expédier les enfants et deux Pères dans
les îles et à Rome un étudiant, le Fr. Grégoire». 25.12.194

Nicéphore (Antonios) DOUNAVIS

1897-1969

Religieux de la Province de Lyon.

Un Grec des îles, à l’Assomption.

Antonios Dounavis est né le 5 février 1897, à Vari, la principale bourgade de l’île de Syra, dans les Cyclades. Son frère Apostoie, alumniste à Koum- Kapou, s’engage dans le clergé séculier. Un de ses sœurs devient religieuse. Recruté par le P. Léandre Gayraud en août 1908, le jeune Antonios prend à son tour le chemin de l’alumnat de Koum-Kapou (Istanbul) où il est scolarisé de 1908 à 1914, sous la férule du P. Sylvain Barthassat, directeur de l’alumnat, et du P. Benjamin Laurès, supérieur. La guerre de 1914-1918 interrompt cet heureux séjour, l’alumnat doit être évacué. Les plus grands alumnistes dont Antonios, sont regroupés en novembre 1914 dans un village, Héraclée, près d’Athènes où la vie, rude et improvisée de tous les jours, se compose d’un régime de privations et de sacrifices. On cueille des herbes sauvages dans la montagne et on se nourrit de tortues des bois. En octobre 1916, Antonios prend le bateau au Pirée pour se rendre en France, prudemment escorté par un contre-torpilleur. Il entre au noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse) où il prend l’habit le 23 novembre 1916, sous le nom de Frère Nicéphore. Il y prononce ses premiers vœux le 23 novembre 1917. La Grèce entrée en guerre le requiert pour le service militaire. Il doit transiter par Tunis, Malte, Milo pour arriver à Salonique. Engagé dans l’armée grecque, il fait les campagnes de Macédoine, de Serbie et de Thrace pendant 48 mois pleins (1918- 1922). ce n’est qu’en septembre 1922 qu’il peut se rendre à Taintegnies (Belgique) pour entreprendre ses études de philosophie (1922-1923). Le 13 septembre 1924, il prononce ses vœux perpétuels à Louvain où il étudie la théologie (1924-1928). Enfin, il est ordonné prêtre le 29 juillet 1928.

Son premier champ d’apostolat va être la Roumanie, se septembre 1928 jusqu’en février 1933, date à laquelle il vient à Athènes. Il doit s’y abriter sous le toit protecteur des Frères Maristes, l’Assomption après Mgr. Petit, arrivé lui à Athènes en 1912, ne trouvant pas grâce aux yeux de son successeur Mgr Jean Filipputsis. Seule l’intervention énergique de Mgr. Margotti, délégué apostolique pour la Turquie et la Grèce, peut faire plier l’ inflexible prélat en 1934 et vaincre son opiniâtre refus. Le Père Nicéphore fait partie de la petite équipe dont le P. Elpide Stephanou, des fondateurs de la maison Sainte-Thérèse, inaugurée en novembre 1934. Toute sa vie va se dérouler pratiquement là: en 1938 il succède au P. Elpide comme supérieur jusqu’en 1950. Il se dévoue également comme aumônier du lycée léonin des Frères Maristes de Patissia. Le temps de la seconde guerre mondiale n’est pas facile: les Allemands occupent le pays de 1941 à 1944 et en décembre 1944 une tentative de mainmise communiste sur le pays déchire l’état grec en de sanglantes factions rivales que l’histoire retient sous le nom de ‘bataille athénienne’. Le P. Nicéphore ouvre l’Assomption grecque à un apostolat paroissial en dehors de la capitale, Volo, Le Pirée où lui-même réside de 1959 à 1962. Une autre de ses préoccupations pastorales est la constitution du Tiers-ordre augustinien, fondé par lui en 1945, pour étendre par la prière l’apostolat des religieux dans le champ des auxiliaires laïcs.

L’épreuve de la maladie.

En 1967, il est atteint d’un cancer au rein. Il est opéré à Lyon. La tumeur migre au cerveau, puis à tout le côté gauche. Le jeudi 23 octobre 1969, le combat du Père est terminé: le Père Nicéphore meurt, assisté jusqu’à la fin par le P. Augustin Roussos, son supérieur. Les obsèques sont célébrées le lendemain, vendredi 24, en l’église Sainte-Thérèse de la communauté athénienne, rue Heptanissou, avec le concours de Mgr. Brindesis, archevêque latin, et de Mgr. H. Gad, évêque de l’éparchie byzantine, ainsi qu’avec la participation de nombreux fidèles des deux rites. Le P. Nicéphore est inhumé au cimetière d’Héraclée, près d’Athènes, où reposent déjà deux autres vaillants serviteurs de l’œuvre grecque, le P. Salaville et Mgr Vuccino.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. novembre 1970, p. 140. Lyon-Assomption, novembre 1969, n° 20, p. 17-19 (article du P. Elpide Stephanou). Nouvelles de la Famille occupée, I (décembre 1941), p.l. Correspondances dans les ACR (1918-1962). Notices Biographiques