Religieux de la Province de Lyon, assistant provincial (1946). Une jeunesse traversée par la guerre. Charles Rauscher est né le 22 décembre 1896 à Scheibenhard, près de Lauterbourg (Bas-Rhin). Il découvre l’Assomption en Belgique, à Bure où il commence ses études secondaires (1911-1915). Il doit s’enfuir clandestinement pour échapper aux Allemands qui le recherchent. Au moment où, essayant de gagner la Suisse, il embrasse ses parents en passant par l’Alsace, alors territoire du Reich, il est arrêté, puis mobilisé à 21 ans dans l’armée allemande. Il est expédié sur le front russe après avoir connu quelque temps l’enfer de Verdun. Au début de l’année 1917, malade, souffrant de rhumatismes articulaires qui lui occasionneront plus tard des ennuis cardiaques, il est rapatrié. Démobilisé à la fin de l’année 1917, il peut reprendre le cours de ses études à l’Institut Saint- Joseph à Strasbourg (Bas-Rhin) jusqu’à la fin de la guerre. En 1918, il peut rejoindre Sart-les-Moines en Belgique, puis Louvain pour y terminer ses études secondaires. Il est admis au noviciat, à Louvain, le 29 septembre 1919, sous le nom de Frère Nicolas. C’est à Saint-Gérard que se poursuit son temps de noviciat, sous la conduite du P. Rémi Kokel qui note sur son dossier de profession: « Le Frère Nicolas a beaucoup souffert de la guerre et il en garde ses séquelles sur le plan de sa santé. C’est un excellent jeune homme, très doux et très ferme, d’une piété solide et franche. Les circonstances expliquent les lacunes de sa formation antérieure ». A l’issue de sa première profession, le ler octobre 1920, le Frère Nicolas est envoyé comme professeur à l’alumnat de Scy-Chazelles (Moselle). En 1921, il suit les cours de philosophie au scolasticat de Taintegnies (1921-1923) où il prononce ses vœux perpétuels le 1er octobre 1923, A.A chaudement recommandé par le P. Léonide Guyo. Il rejoint Louvain pour quatre années de théologie (1923-1927) et il est ordonné prêtre le 24 juillet 1927. Professeur et supérieur d’alumnat. Le P. Nicolas est affecté à l’alumnat Sainte-Odile à Scherwiller (Bas-Rhin) comme professeur de 6è-me et aide-économe . En 1932, il en devient supérieur jusqu’à l’exode de 1940. Avant de quitter l’Alsace, il met en sûreté le maximum de mobilier des deux alumnats de Scy-Chazelles et de Scherwiller. Miribel ne peut accueillir tout le premier cycle, en plus de ses effectifs habituels. C’est alors qu’est trouvée une solution provisoire, à Saint-Albin de Vaulserre (Isère) où peuvent être regroupés des alumnistes de Saint-Sigismond (Savoie), de Scherwiller et de Scy-Chazelles, grâce à l’hospitalité généreuse des châtelains du domaine. Le P. Nicolas prend également en charge son père, M. Jean Rauscher, évacué à Saint-Albin. En juin 1940, lui qui a fui l’Alsace envahie, doit même y cohabiter trois semaines avec un bataillon de l’armée allemande qui a forcé les gorges de Chailles et livre une dernière bataille à la cluse de Voreppe, aux portes de Grenoble. Quand les alumnistes de Saint-Sigismond peuvent réintégrer la Savoie, le Père Nicolas reste aumônier de la communauté des Sœurs du Rosaire à Pont-de-Beauvoisin (Isère) jusqu’à la fin de l’année 1944. Son logement est le rendez-vous des proscrits du régime nazi il cache des juifs et des résistants. Nul ne s’entend comme lui à faire établir des états-civils de rechange et à trouver des abris sûrs pour les personnes fugitives ou traquées. Son action de résistant-patriote de la première heure lui vaut en 1944 un brevet de la Résistance. A la libération, il part avec un camion américain et regagne Scherwiller alors que la bataille fait encore rage dans la poche de Colmar. Il peine beaucoup pour sauver la maison des ravages que lui font connaître les différentes armées, notamment les F.F.I., qui l’occupent et peu à peu il peut la rendre à son exercice normal. En octobre 1945, il peut accueillir 18 jeunes. Son courage n’est plus à prouver: il faillit même être tué par un soldat de la Légion, alors qu’il défend l’accès de la cave aux maraudeurs qui viennent la vider. Au début de l’année 1946, il doit prendre quelque temps de repos. Il suit une cure d’un mois à Montigny-les-Metz, près de sa sœur religieuse. Il veille ensuite à la réorganisation du scolasticat de Scy-Chazelles et aux reconstructions de Nozeroy (Jura). C’est là que vient le chercher la confiance des supérieurs pour lui demander d’être premier assistant de la Province de Lyon et économe (juillet 1946). Il écrit alors qu’il ne pourra tenir plus de six mois à Lyon. Son cœur est trop atteint pour assumer une semblable activité. Il doit très vite, le 18 novembre, gagner la maison de Lorgues (Var) où il a le pressentiment de sa mort: « je crois que Lorgues sera ma dernière maison. Ce qui me peine, c’est de mourir avant mon père [alors âgé de 92 ans] ». Il contracte une pneumonie. A peine guéri, surviennent de nouveaux symptômes d’un état de santé dégradé: enflement des jambes, congestion du foie, crise d’urée. Il meurt dans la nuit du 19 au 20 décembre, à 50 ans. Il est inhumé à Lorgues dans le caveau de la communauté.
Bibliographies
Bibliographie et documentation% Lettre à la Famille, 1946, n° 13, p. 59 (Scherwiller, 1945) ; 1947, n° 25, p. 118-119 (circulaire du P. Marie-Germain Filliol) ; n° 31, p. 147 (curriculum du P. Nicolas Rauscher). Vers l’Autel (Scherwiller), avril-juin 1947, p. 3-6. Le Petit Alumniste (Miribel), janvier-février 1947, n° 662, p. 78-79. Lettre du P. Nicolas Rauscher au P. Gervais Quenard, Saint-Albin de Vaulserre, 4 janvier 1940. Du P. Nicolas Rauscher, dans les ACR, rapports sur Scherwiller (1932-1946), correspondances (1928-1946). Notices Biographiques