Noel (Victor) SERIS – 1874-1893

Brian, janvier 1893.
« Notre petit Frère Noël Séris vient d’achever sa course. Ancien élève de
Brian et de Nîmes, il est venu passer ses derniers jours au milieu de ses
maîtres et de ses condisciples. Au mois d’août [1892], il faisait ses vœux
annuels à Livry, puis le P. Picard l’envoyait se reposer auprès de nous.
Lorsqu’il m’annonçait
son arrivée, il me disait qu’il trouverait à Brian le lieu de son repos. Le
cher enfant ne croyait pas prophétiser si juste. Dès son arrivée, nous le
jugions perdu. Lui, au contraire, croyait à un mai passager. Il pensait au
sacerdoce, c’était le rêve de sa vie, le thème de ses conversations. Je me
sentais ému lorsqu’il me racontait qu’à Livry, il priait avec larmes devant
le Saint-Sacrement, afin d’obtenir cette grâce. Ame simple et droite,
Notre- Seigneur l’a récompensé au- delà de ses désirs. A Brian, sa vie fut
une suite de longues souffrances. A certaines heures, le cher enfant
semblait avoir retrouvé sa vie d’autrefois. Je le vois encore, au jour de
la prise d’habit, se levant péniblement et
adressant un quatrain aux nouveaux chevaliers. Je le vois, au 1 er janvier,
entrer dans ma chambre et me faire des souhaits … ». P. Henry C.

Notices Biographiques A.A

Religieux français, profès in articulo mortes. Un destin écourté par la maladie. Né le 22 janvier 1874 à Goulier dans l’Ariège, au diocèse de Pamiers, Victor Séris est scolarisé dans les alumnats de Nîmes (Gard) et de Brian, de 1885 à 1891. Il prend l’habit assomptionniste au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), le 14 août 1891. Souffrant de la tuberculose, il est envoyé par le P. Picard pour se reposer et se soigner à l’alumnat de Brian. Il est trop tard, la maladie empire rapidement. Il meurt à Brian le 17 janvier 1893, après avoir prononcé ses vœux in articulo mortis. Il n’a que 19 ans. Son corps repose dans le petit cimetière de l’alumnat, à proximité au fond d’un vallon solitaire, éloigné des regards. Ephémérides de Brian. « Depuis son arrivée à Brian, et toujours avec une plus grande rapidité, la santé du Frère Noël n’a pas cessé de s’affaiblir. Aujourd’hui [mardi 17 janvier 1893], à l’obéissance qui suit le dîner, nous apprenons que son état devient de plus en plus menaçant. Et, d’une voix émue, le P. Henry [Couillau] nous annonce que ce soir à 16 heures 30 le malade fera sa profession religieuse et recevra les derniers sacrements. Mais, par une conspiration toute providentielle, la cérémonie est avancée. A 14 h15 nous portons solennellement le saint Viatique au mourant. Tous ensemble nous nous unissons à ses prières. Et à 15h. moins 20 minutes son âme s’envoie au ciel et va recevoir la vie éternelle. Les yeux un peu humides, le cœur ému, nous nous rendons ensuite à la chapelle. Et tandis que les anges, emportant sur leurs ailes l’âme de notre cher Frère, chantent Natalis in caelum Fratris, nous récitons les vêpres des défunts et des prières indulgenciées. C’est notre unique consolation. Mais il faut annoncer la pénible nouvelle aux autres maisons de l’Assomption. A.A Aussi, à 17 heures, le P. Henry vient en étude et nous dicte la lettre circulaire. A 18h45, nous récitons en communauté les matines et les Laudes. Mais Dieu sait toutes les prières, tous les actes de vertu que nous lui avons déjà offerts. Tous, nous sommes allés voir une ou plusieurs fois le corps de notre Frère qui repose à l’oratoire. Que de pensées salutaires envahissent nos cœurs! Nous demandons à Dieu de sauver celui qui vient de nous quitter et de nous appeler un jour pour nous accorder la grâce éternelle. Le mercredi 18 janvier, nous chantons la messe des morts à 7 heures. La campagne a pris ses habits de deuil, elle est toute couverte de neige. Néanmoins il faut aller creuser la tombe et se frayer un chemin pour la cérémonie funèbre qui aura lieu ce soir. Un grand nombre d’alumnistes se mettent à l’ouvrage et, malgré le froid, préparent tout avec une grande ardeur. Néanmoins nous n’oublions pas que nous avons un frère défunt dans la maison. Nous sommes silencieux comme la nature, nous sommes recueillis. De temps en temps nous récitons ensemble un De Profundis ou bien une dizaine de chapelet. Nous ne cessons de visiter notre Frère. Son corps repose toujours à l’oratoire. Nous allons quatre par quatre prier auprès de lui, nous récitons une partie de l’Office des morts jusqu’à ce que d’autres alumnistes viennent nous remplacer et con tin uer le même office. Le soir, à 15 heures, a lieu la cérémonie de l’enterrement. La procession se range dans les vastes couloirs de la maison. Le célébrant fait la levée du corps. On met le défunt dans la bière. Après encensement et aspersion, le cercueil est refermé. La procession se met en marche vers la chapelle au chant mélancolique du Miserere. Ceux qui ont soigné le Frère Noël ont l’honneur de porter la civière. Le convoi déroule lentement ses plis sur les flancs neigeux des coteaux. Les arbres inclinent leurs branches chargées de neige, à notre passage. Nous avons près de l’alumnat un petit cimetière, grâce à la bienveillance de notre évêque et au bon vouloir des autorités communales. Le cercueil est descendu dans la fosse. Chacun jette quelques gouttes d’eau bénite sur la bière et reprend tristement le chemin de l’alumnat en essuyant une ]arme. Une modeste croix, entourée de quelques fleurs, surmonte la fosse … ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Souvenirs, 1893, na 132, p. 25-26. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre circulaire du P. Henry Couillaux, Brian, janvier 1893. Ephémérides de Brian (novembre 1892-avril 1893): ACR. Notices Biographiques