Norbert (Emile Pierre) MATHIEU – 1852-1918

Mostratli, 1904. « Depuis sa fondation, la maison de Mostratli s’est
toujours trouvée dans un état de gêne continuel
à bien des points de vue, mais surtout au point de vue matériel et
financier. Les premières dépenses qui ont dû être faites, soit pour payer
la dette de la Propagande
(15.000 francs), soit les frais d’achat de tous les grains nécessaires pour
la première année que nous avons dû payer à Mgr Petkov, très exigeant en
cette matière, les frais de construction et de restauration très sommaire
et non encore achevée, construction de la maison des Soeurs nécessaire à
une très modeste installation, tout cela nous a mis dans un état de gêne et
de pauvreté qui dure encore, malgré un régime de vie très pauvre, des
dépenses très restreintes. Tout cela a absorbé les aumônes de nos
bienfaiteurs et nous avons dû recourir aux insuffisantes récoltes de chaque
année au point de n’avoir que des greniers vides au moment de la moisson
pour entretenir le personnel religieux et domestique. Mais surtout le fait
d’avoir une ferme, des champs, des domestiques est
incompatible avec la charge de supérieur et de curé qui, entrant dans tous
ces détails, perd tout prestige en discussion avec ces gens ignorants et
susceptibles ».

Religieux français.

Un Méridional.

Emile Pierre Mathieu est né le 19 février 1852 à Vers, près de Remoulins (Gard). Il fait ses études, d’après la correspondance du P. d’Alzon, dans les communautés du Vigan (Gard) et de Paris. On sait également, d’après une remarque du P. d’Alzon, que le jeune Emile a passé antérieurement trois ans à I’œuvre Argaud, à Nimes. Il prend l’habit assomptionniste au Vigan, le 11 novembre 1871, sous le nom de Frère Norbert. D’après le P. d’Alzon, il doit en garder un souvenir cuisant« Le jeune Mathieu Went de prendre l’habit. En sortant de la cérémonie en procession, il a fait un patratras sur l’escalier et sur, enfin vous savez. Je lui ai demandé s’il ne s’était pas fait maL Au contraire. Tant mieux » (1). En juillet 1872, il retrouve la compagnie de l’œuvre Argaud où il prend logement, facilitant par le fait même la reprise en main de cette oeuvre par le P. d’Alzon qui y établit sa résidence à la rentrée. Il semble en tout cas n’y avoir pas été accepté facilement. La profession annuelle du Frère Norbert n’est pas consignée, sa’ profession perpétuelle est datée du 5 juin 1876, à Paris où il entreprend ses études de philosophie. Il a été envoyé au moins deux ans enseigner à l’alumnat Notre-Dame des Châteaux (Savoie) et il a fait savoir au P. d’Alzon sa disponibilité pour partir en mission, en renfort au P. Galabert. Sous-diacre en 1877, diacre en 1878, il est ordonné prêtre à Montpellier (Hérault) par Mgr de Cabrières, le 25 septembre 1880, à 28 ans.

A la Mission d’Orient.

La vie apostolique du P. Norbert se déroule principalement en Orient: à Andrinople en Turquie européenne (1881), puis à l’école Saint-André de Philippopoli en Bulgarie (1881-1882),

à l’éphémère collège de Sofia (1882-1883), à Karagatch (1883-1884), de nouveau à Philippopoli, mais cette fois au collège Saint-Augustin (1885-1886), à nouveau à l’école Saint- André (1886-1887) avant de reprendre le chemin du collège (1888-1895), puis celui de Karagatch (1895-1901). Le Père Norbert est de la fondation du nouveau poste de mission à Mostratli où il est supérieur (1901-1905) dans cet ancien couvent du moine Pantaléïmon. Il est aussi curé de la paroisse slave, étant passé au rite gréco-slave depuis 1897. Il cède la place au P. Christophe Portalier pour reprendre quelques cours de dessin au collège de Philippopoli. Peu avant la première guerre mondiale, en août 1913, fatigué, le P. Norbert revient en Occident. Il gagne d’abord la maison de Bure où la guerre vient le surprendre. Envoyé très vite à Sart-les- Moines, toujours en Belgique, il est atteint à la fin de l’année 1917 d’un cancer intestinal dont il supporte avec courage les pénibles souffrances. Il est transporté à l’Hôtel-Dieu de Jumet pour y recevoir les soins dévoués des religieuses. Il y meurt le vendredi 31 mai 1918 (2), dans sa soixante-septième année. Il est inhumé à Sart-les-Moines, le lundi 3 juin. Nous lisons d’une carte du P. Possidius, datée du 1er juin 1918: « Le bon Dieu vient de rappeler à lui le P. Norbert Mathieu. Le Père est mort hier, vendredi 31 mai, dernier jour du mois de Marie, à midi 10. Il a succombé aux suites d’un cancer intestinal qu’on ne réussit pas à arrêter ». Le P. Norbert ne passait pas pour un religieux au caractère facile. Colérique, il rendait la vie commune assez pénible à ses confrères, à cause de ses emportements, de ses criailleries et ses excès de voix. En 1909, il accepta de consigner quelques souvenirs sur le P. d’Alzon dont il a partagé la vie quelques années. (1) Lettres du P. d’Alzon, tome IX (1994), p. 199. lettre du 11 novembre 1871. (2) Et non le 30 mai 1918, comme cela avait été annoncé par le P. Damascène Dhers, d’une nouvelle reçue de Louvain et signée du P. Eustache Pruvost, via Locarno. On est encore en période de guerre et les communications postales connaissent ce genre de détails et de délais.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1918, n° 517, p. 465-466. Lettres d’Alzon, r. XIII, 1996, p. 456. Lettre du P. Norbert Mathieu au P. Emmanuel Bailly, Mostratli, 1er juillet 1904. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du P. Norbert Mathieu, correspondances (1884-1914).