Octave (Eugène-Louis-Joseph) CARON – 1868-1931

Une vocation de choix.

« Agé de 17 ans et trois mois, Eugène Caron, orphelin de père et de mère,
s’est décidé à se faire religieux à la suite
d’une retraite à Clairmarais où son frère ecclésiastique du diocèse de
Cambrai l’a conduit.

La famille est excellente. Eugène est un bon élève et montre des
dispositions de piété, de travail, d’obéissance et de simplicité qui, unies
à la bonne éducation et à l’instruction solide qu’il a reçue, en font, ce
semble, une des meilleures recrues du noviciat. Je le propose bien
volontiers à la prise d’habit.

Il a passé la première partie du baccalauréat avec succès pour l’écrit,
mais il a échoué à l’oral pour le grec ».

E. Bailly, Osma,
26 octobre 1885.

Religieux de la Province de Paris.

Le fruit d’une retraite à Clairmarais.

Eugène-Louis, frère de l’abbé Auguste, aîné du futur P. Benoît-Labre, est né également au foyer d’Eugène Caron et Charlotte Gruson le 26 juillet 1868, au Maisnil, près d’Ifaubourdin dans le Nord. Il fait ses études secondaires à l’Institut du Sacré-Cœur de Tourcoing de 1878 à 1885. Hésitant sur son choix d’un état de vie, il va sur les conseils de son frère prêtre, Auguste, faire une retraite de discernement à Clairmarais (Pas- de-Calais), sous la direction du P. Géry Delalleau. Au lieu de s’y ennuyer comme il le redoutait, il rentre chez lui transformé et enthousiasmé pour la vie religieuse. Quelques mois plus tard, il part pour le noviciat d’Osma en Espagne. Il y prend l’habit le 21 novembre 1885 sous le nom de Frère Octave, fait le fameux pèlerinage d’Avila avec la communauté et en octobre 1886 vient achever son temps de noviciat à Livry où il prononce ses premiers vœux le 25 mars 1887. « Fr. Octave est un novice qui donne toute satisfaction du point de vue de la piété, de l’obéissance, de l’ouverture, de la distinction de cœur et d’esprit et de l’énergie. Il est encore jeune et inexpérimenté, il a besoin de se développer dans l’étude ». L’année suivante il est envoyé à Rome pour ses études philosophiques et théologiques. Il prononce ses vœux perpétuels le 21 novembre 1887 en l’église Sainte Brigitte de la place Farnèse.. Le 15 août 1891, il est ordonné prêtre à Livry par Mgr Duboin. Ses études de théologie se sont déroulées tant à la Minerve qu’au Collège romain: il obtient un double doctorat en philosophie et en théologie. Doué pour les langues, il parle couramment l’espagnol, l’anglais et l’italien et le chant grégorien n’a pas de secret pour lui. C’est en 1893 qu’il quitte Rome.

Horizons apostoliques et assomptionnistes.

Le P. Octave est d’abord attaché comme professeur au noviciat de Livry (1893-1898) où il est en même temps chargé de deux publications de la Bonne Presse: La Vie des Saints et La Franc- Maçonnerie démasquée pour lesquelles il se montre fort diligent. De 1898 à 1902, il est envoyé comme supérieur de la maison de Menton (Alpes-Maritimes). Il sollicite ensuite la faveur d’être envoyé dans les missions lointaines. Il part pour le Chili où il reste de 1902 à 1909, d’abord à Mendoza près de Rengo, puis à Santiago. Il revient ensuite en Europe et devient professeur d’alumnat à Elorrio en Espagne pendant deux ans (1909-1911). Une nouvelle obédience lui fait connaître l’Amérique du Nord. De 1911 à 1930, il ne quitte pas la paroisse de Notre-Dame de Guadalupe dont il remplit la charge de curé, de 1918 à 1921. Parlant couramment l’espagnol, l’anglais et l’italien, il possède une culture intellectuelle solide et étendue. Pendant vingt ans, il ne cesse de travailler pour soulager la misère des pauvres du quartier, avec une âme d’enfant et un cœur d’apôtre, selon les expressions d’un confrère. Il fait le bien même à ceux qui le trompent. Sans faire de bruit, il sait atteindre le cœur de tous, riches et pauvres, les riches pour leur tendre la main, les pauvres pour les secourir.

Retour en France.

A l’automne de 1930, le P. Octave qui manifeste des signes de fatigue rentre au pays natal. Au bout d’un mois de séjour à la maison de javel à Paris, on finit par découvrir la cause de son mal, un cancer au pancréas. Les médecins déconseillent une intervention chirurgicale qu’ils jugent même impossible. Le corps médical ne lui reconnaît plus que quelques semaines à vivre. Le P. Octave est transporté à l’hôpital de Notre-Dame du Bon-Secours où il lutte avec une grande patience et sans se plaindre contre un mai qu’il sait inexorable. Un de ses frères religieux lui donne le sacrement des malades. Le P. Octave meurt le 11 mars 1931, à l’ âge de 63 ans. Son corps repose au caveau de l’Assomption au cimetière parisien de Montparnasse.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1931, n° 385, p. 65-69; n° 387, p. 83-84. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Le P. Octave a travaillé à la Bonne Presse aux Vies des Saints et au Chili à l’Eco de Lourdes. D’autre part les ACR gardent un lot de ses correspondances (1892-1925) et de ses rapports sur Mendoza (1905).