Pacifique (Etienne J.-M.) SOREL – 1894-1976

Heureux les pacifiques.
« Etienne Sorel prit le nom en religion de P. Pacifique. Un programme? Un
charisme? Je dirais: toute une vie! La simplicité du contact, relevant de
la psychologie pratique de l’expérience des hommes, s’unissait chez lui,
dans la conversation, à l’humour de circonstance et faisait de lui
un artisan de paix. Artisan de paix, il le fut pour les âmes qui se
confiaient à lui, dans le ministère de la confession et de la direction
spirituelle ou tout simplement dans la relation pastorale qu’il entretenait
avec ses paroissiens du Thoureil, en Anjou, de Ginestet ou de Puymilou en
Périgord. Artisan de paix, il le fut pour les communautés. Je donnerai le
témoignage que plusieurs communautés, souhaitant bénéficier de la présence
active d’un ancien et d’un sage, ont demandé au P. Provincial de leur
donner le P. Pacifique. Hélas! il n’avait pas le don de bilocation et il
était unique! Il
y a un mois, le rencontrant au jubilé d’un Père assomptionniste dans la
paroisse voisine de Saint- Seglin, il m’exprimait sa souffrance d’une
parole prononcée par quelqu’un, parole qui risquait de compromettre
l’entente d’une communauté. Il avait peut-être du mal à accueillir
certaines mutations … ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Bordeaux. Un visage familier de l’Assomption à l’Ouest. Etienne-Jean-Marie Sorel est né le 16 juin 1894 à Bruc-sur-Aff, au sud-ouest de Rennes (Ille-et- Vilaine). En 1911, il quitte les champs paternels pour l’alumnat des vocations tardives, de Sart-les- Moines en Belgique, près de Charleroi. En août 1914, il est postulant à Limpertsberg, lieu du noviciat dans le Grand-Duché de Luxembourg. La veille de la déclaration de la guerre, les Allemands occupent le pays, pourtant neutre, et réquisitionnent une partie du couvent. La communauté isolée du monde compte une trentaine de postulants, de novices et de profès. Il s doivent s’adonner à des études de philosophie et de spiritualité que remplacent bientôt les travaux agricoles pour ne pas mourir de faim. En 1917, cet ensemble de jeunes exploite leur domaine et quatre fermes des environs: au total près de 500 hectares, plus de 150 bêtes à cornes, 40 chevaux et quelque 300 moutons. On se lève tous les jours vers les 4 heures et le coucher est prévu à 23 heures, sans jour de répit, même pas celui de la fête de Pâques. Tous les jeunes ne peuvent survivre, malgré leur moral d’acier, à l’épidémie de grippe espagnole. Le 22 décembre 1917 quelques jeunes Frères gagnent la maison de Louvain qu’ils partagent avec 300 soldats allemands. Le 11 février 1918, Etienne prend l’habit et le nom de Pacifique qui va si bien résumer sa vie. Profès le 10 novembre 1919 à Taintegnies, il est incorporé au 124ème régiment d’infanterie à Laval (Mayenne). Libéré à la fin de l’année, il complète sa philosophie à Taintegnies, commence sa théologie à Louvain en 1920, devient profès perpétuel le 6 janvier 1923 et est ordonné prêtre à Louvain le 27 juillet 1924. Toute la vie sacerdotale du P. Pacifique Sorel est vouée au service des jeunes. À titre d’économe, A.A il fait partie de la première équipe assomptionniste à l’Orphelinat de Toulouse (Haute- Garonne), en août 1924. De 1928 à 1940, il est professeur de mathématiques, économe et curé à Saint-Maur-Le Thoureil (Maine-et-Loire). Elèves et paroissiens abordent avec une respectueuse familiarité cet homme de bon conseil et de grande modestie, finement psychologue, toujours jovial et poète à l’occasion. Les événements de 1940 conduisent le P. Pacifique à Blou (Maine-et-Loire), au-delà de la Loire. La maison de vocations tardives devient alumnat d’humanités pour la zone occupée. Le Père enseigne toujours les mathématiques, à Blou de 1940 à 1946; il est envoyé ensuite de 1946 à 1961 à Cavalerie (Dordogne) et de nouveau à Saint-Maur, de 1961 à 1965, toujours dans les mêmes fonctions. Enfin il est affecté à la communauté de Kerbernès, au Centre de formation professionnelle agricole et horticole, sur les bords de l’Odet (Finistère), jusqu’en 1969. Durant les six années qui suivent, élèves et communauté bénéficient encore de sa science, de sa sagesse et de son dévouement d’infirmier. Lui-même, dans ce cadre idéal, parfait ses connaissances botaniques, lit beaucoup et taquine la carpe. Il fête ses 50 ans de sacerdoce en 1974, avec le personnel de Kerbernès d’abord, sur les bords de la Loire ensuite, avec sa famille terrestre et ses frères de l’Assomption. C’est là une double occasion pour un témoignage de fidélité et une action de grâces pour une vie bien remplie. En août 1975, le P. Pacifique part pour la maison de repos de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime) où il espère vivre des jours heureux en attendant les joies du Paradis. Il est au pays natal en août 1976, aidant le curé de la paroisse qui est un ami. Rien ne laisse présager le malaise soudain à la suite duquel il est transporté dans une clinique de Redon (Ille-et- Vilaine), le 12 août. Il y meurt le matin du 14 août 1976. Les obsèques ont lieu à Bruc, le 17 août. A l’homélie, le P. Henri Guillemin invite l’assemblée à rendre grâces pour une vie si simple mais si remplie de miséricorde et de rayonnante paix dont bénéficièrent tant de générations de religieux, de prêtres et de laïcs. Il montre ensuite comment le Père a cultivé spécialement les trois béatitudes: heureux les pauvres de cœur, les miséricordieux et les pacifiques.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 32. Documents Assomption, 1977, n° 2, p. 120-121: ‘Visages Familiers’. P. Pacifique Sorel, 12 pages (ouest-Assomption, 1976): citation d’un extrait de l’homélie du P. Henri Guillemin pour le jour des obsèques du P. Pacifique. Dans les ACR, du P. Pacifique Sorel, trois correspondances (1919). Notices Biographiques