Religieux français. De l’Assomption-Collège, avant l’Assomption-Congrégation. Paul-Elphège Tissot est né le 17 avril 1801 à Lyon, d’un professeur de dessin, Alexis, et de Jeanne-Marie Richard. Il est baptisé le 19 avril suivant par l’abbé Jean-Louis Berlié, ancien aumônier des Bénédictines de Saint-Pierre des Terreaux, missionnaire clandestin réfractaire sous la Révolution. Il fait ses études à la Manécanterie de Lyon, institution scolaire contiguë à la Primatiale Saint-Jean, la famille Tissot demeurant alors n’17, montée du Chemin Neuf, sur les pentes de Fourvière. En novembre 1819, Paul-Elphège entre au grand séminaire Saint-Irénée, situé place Croix- Paquet, au pied de la colline de la Croix-Rousse. Il est ordonné prêtre le 2 avril 1825 à la Primatiale Saint-Jean par Mgr de Pins, administrateur apostolique de Lyon après le départ du Cardinal Fesch. On lui connaît quelques affectations vicariales: à Charlieu en 1825 (Loire), dépendant alors du diocèse de Lyon, à la paroisse et à l’église Saint-Just de Lyon (1827-1837), à l’orphelinat Caille à Fourvière en 1838 (1). Dans quelles circonstances est-il conduit à seconder l’abbé Alexandre Vermot dans la création en 1839 d’une pension scolaire à Nîmes (Gard) dont il est le sous-directeur, nous l’ignorons. On sait la suite: en 1843, les abbés d’Alzon et Goubier acquièrent l’établissement alors en pleine décadence et le transforment en une institution scolaire de qualité. L’abbé Tissot reste dans les lieux et participe aux projets tant éducatifs que religieux de l’abbé d’Alzon (2). Dans la vie mouvante de la première Assomption. Nommé au collège parisien de la rue du Faubourg Saint- Honoré où se forme la communauté en août 1851 avec l’abbé Charles Laurent et le frère Victor Cardenne, l’abbé Tissot s’engage dans la vie religieuse à l’Assomption. Il prononce ses premiers voeux qui sont aussi perpétuels, avec le P. Charles Laurent, le 25 mars 1852, entre les mains du Fondateur alors à Paris. Professeur cultivé, bachelier, auteur en 1851 d’une grammaire latine en 1851 qui eut son heure de succès, il épouse sans peine les vues du P. d’Alzon éducateur et de l’Assomption enseignante, à Paris (1851-1853) et au collège de Clichy-la-Garenne (1853-1860), après avoir rendu le service de l’aumônerie chez les Religieuses, rue Chaillot (1850). Une nouvelle page se tourne pour lui quand il accepte, à 59 ans, de s’embarquer, le 7 décembre 1860, de Liverpool, avec le P. René Cusse et le Frère François de Sales Gavète, pour la mission australienne où les rejoindront le Père Henri Brun et le Frère Polycarpe Hudry. Après cinq mois de navigation, Page : 83/83 les premiers missionnaires de l’Assomption débarquent le 10 mai 1861 à Brisbane pour se mettre aux ordres de Mgr Quinn, tout jeune évêque du diocèse. Après quelques mois à Brisbane, le P. Tissot est nommé curé à Maryborough, son poste de mission de 1861 à 1875. Pionnier, il fonde, construit église et école; et, lorsque le P. d’Alzon décide de fermer la mission, Mgr Quinn n’ayant jamais donné l’institution canonique permettant une véritable implantation communautaire assomptionniste en terre australienne, il est accompagné par toute une population en larmes qui l’acclame comme un saint (3). Revenu d’Australie, le P. Tissot passe d’abord quelques mois à l’alumnat de Nice (Alpes-Maritimes), puis il retrouve le collège de Nîmes, entre 1876 et 1878. Il est ensuite nommé directeur académique de l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie) où sa présence est signalée, au moins par intervalles, entre 1878 et 1890. Il compose des recueils de versions et de thèmes empruntés aux vies des saints, se fait professeur des petits grammairiens à ses heures, mais aussi volontiers manœuvre à d’autres, terrassier, menuisier ou jardinier ou encore portier. De 1890 à 1895, le P. Tissot finit par se fixer à la communauté du noviciat de Livry (Seine-Saint-Denis) où il conçoit le projet d’élever une grotte à Notre-Dame de Lourdes et où il se livre toujours à de menus travaux de menuiserie. Il y meurt, nonagénaire, le 16 février 1895, et il y est inhumé le 18, ouvrant la deuxième tombe dans le cimetière établi dans la propriété, après celle du P. Maxime Viallet. Les corps des religieux morts à Livry seront par la suite transférés à Paris, cimetière Montparnasse (1907). Le P. Tissot est le premier religieux de l’Assomption du XIXème siècle, par sa date de naissance, immédiatement après le P. O’Donnell qui, lui, est le seul à être né au XVIIIème siècle. Il est également le premier nonagénaire qu’ait compté l’Assomption des hommes. (1) D’après les renseignements de l’abbé Paul Vial, archiviste diocésain de Lyon en 1985. (2) La tradition veut que le P. Tissot ait gravé dans la pierre, au dessus de la porte d’entrée du collège, l’inscription ‘B.M.V. in caelos Assumptae’. (3) Cette réputation n’est pas tout à fait usurpée si nous donnons foi à quelques fioretti portés à son crédit. On prête en effet au P. d’Alzon ce jugement sur le P. Tissot en 1845: « M. Tissot ne sera pas l’homme d’action qui fait du bruit ou donne de l’éclat. Ce sera l’homme de l’édification par excellence ». On ajoute que le Curé d’Ars, pris à son confessionnal, complètera le vœu prophétique du P. d’Alzon en faisant dire par son sacristain au P. Tissot, en visite à Ars, mais ne pouvant l’approcher. « Nous nous verrons au ciel., ». Sur le P. Tissot, cf la note biographique que lui consacre le P. Siméon Vailhé, dans Lettres du P. d’Alzon, tome II (1925), p. 123, portant quelques variations chronologiques. Sur lui également, cf Vie du P. d’Alzon, t. 1, chap. 19 et Dossier sur la vie et les vertus. L’église construite par le P. Tissot à Maryborough est toujours en service. Une plaque à sa mémoire y a été apposée. Il se semble pas que le P. Tissot ait conservé les éventuelles correspondances du P. d’Alzon, à part la lettre d’obédience du 22 juillet 1860 (Lettres d’Alzon, tome III (édit. 1991), p. 262-263. Page : 84/84
Bibliographies
Bibliographie et documentation : Souvenirs, 1895, n° 206, p. 73-75; n° 208, p.91-94. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Circulaire du P. Vincent de Paul Bailly, 17 février 1895. Lettres d’Alzon, tome XIII, 1996, p. 465. H. Galeran, Croquis du P. d’Alzon, p. 96 (évocation du P. Tissot). Du P. Paul-Elphège Tissot, dans les ACR, rapport de distribution des prix au collège de Nîmes (1845), toast aux anciens élèves (1875), méthode d’enseignement dans les alumnats (1875), note sur les origines du collège de l’Assomption à Nîmes (1884), note sur la mission d’Australie (s.d.), souvenirs sur le P. d’Alzon (1890), correspondances (1844- 1883). P. Austin Treamer, The mission of the Augustinians of the Assumption in Australia 1860- 1875. L’Assomption et ses OEuvres, automne 1970, n° 563, 19-20. A Travers la Province (Paris), avril 1988, n° 55, p. 5-6.