Paul FAVATIER
1846-1872
Religieux français.
Une destinée écourtée.
Paul Favatier est né le 27 septembre 1846 à Nîmes (Gard). Elève du collège de Nîmes (1858-1866), il choisit la vie religieuse à l’Assomption, en prenant l’habit au noviciat du Vigan, le 11 novembre 1866. Sans doute fait-il sa première profession l’année suivante, mais seule la date de sa profession perpétuelle est consignée, au 28 août 1869. Dès la rentrée scolaire 1867, le Frère Paul se retrouve au collège de Nîmes, à la fois enseignant et étudiant en théologie. Sa santé n’est pas fameuse, aussi le P. d’Alzon n’hésite pas à l’envoyer en cure à la station thermale des Eaux-Bonnes (juillet 1870 et juillet 1871). Le Frère Paul est ordonné prêtre à Moûtiers (Savoie) le 23 septembre 1871, après avoir suivi un supplément ou complément de formation théologique à Rome, en compagnie du P. Alexis Dumazer. Son bref séjour à Notre-Dame des Châteaux en 1871 nous vaut cependant quelques impressions intéressantes sur cette première année d’ouverture de l’alumnat: « On est dans de bonnes conditions à Notre-Dame des Châteaux pour prier; le calme, le silence et l’entrain des enfants dans tous les exercices de piété portent à la ferveur. Tous les soirs nous avons le chant des Vêpres et aux grandes fêtes le chant des Complies. J’ai moi-même chanté les Vêpres, le jour où j’avais célébré la messe pour la première fois et déjà le P. Alexis [Dumazer] m’a prévenu que j’aurai à chanter la messe dimanche prochain. Mais ce n’est pas seulement dans la prière que j’admire cet entrain de nos petits Savoyards, car ils mettent la même ardeur dans le travail, dans les jeux, dans les promenades. Je les ai suivis, il y aura bientôt huit jours dans une promenade près de Hauteluce; nous allions rendre visite à M. l’abbé Bochet qui a été ordonné diacre le jour où j’ai été ordonné prêtre et qui nous avait invités à aller le voir.
Les enfants ont fait avec le P. Alexis et le P. Félix [Ranc] une course qui eût été un peu trop longue pour moi: c’était bien au-delà d’Hauteluce; le but de cette promenade était un immense lac qui se trouve sur les montagnes. Comme le cuisinier était parti avec eux et que le P. Pierre [Descamps] et moi restions seuls dans la maison, j’ai eu l’honneur ce jour-là d’avoir le P. Pierre pour cuisinier. Mon adresse bien connue m’empêche de remplir ce rôle… » (1). Quelques mois seulement après son installation au séminaire français de Rome, la santé du P. Paul donne de telles inquiétudes que le P. Alexis juge plus prudent de le renvoyer à Nîmes (2). De fait, il meurt à Nîmes de tuberculose pulmonaire, dans la nuit pascale, le Samedi Saint 30 mars 1872, à l’âge de 26 ans ‘pour aller chanter l’Alléluia au ciel’, selon l’expression du P. Germer-Durand. Le P. d’Alzon (3) étant absent de Nîmes à ce moment-là, c’est le P. Germer-Durand qui se charge de l’annonce et du faire-part de décès transmis à la communauté de Paris, rue François ler. Le P. Paul est inhumé, au cimetière Saint-Baudile, dans la tombe de l’Assomption que le P. d’Alzon avait acquise pour son collège dès 1831. (1) Lettre du P. Paul Favatier au P. Emmanuel Bailly, Notre-Darne des Châteaux, 3 octobre 1871. Détail intéressant, toutes les correspondances conservées du P. Paul portent en entête la mention: ‘Adveniat Regnum tuum’. (2) Nous savons que ce retour de Rome à Nîmes du P. Paul eut lieu le 12 février 1872 puisque son père, Jean, écrit le dimanche 10 février au P. Emmanuel Bailly: c je suis bien disposé à faire mardi prochain le voyage de Marseille pour me trouver à l’arrivée de mon fils Paul. Je profite de cette occasion pour vous communiquer le désir qu’éprouve sa mère [Marie-Louise, née Pelloyoasi qui est celui d’obtenir la Permission de le soigner chez nous à la maison les premiers jours de son retour dans notre ville. Veuillez, mon ,Père, en faire pour moi la demande au P. d’Alzon: nous nous conformerons à son dire ». (3) Il est instructif de noter que les Instructions sur les Actes des Apôtres, prêchées par le P. d’Alzon au Collège de Nîmes en 1868, n’ont été conservées que grâce aux notes d’audition du Frère Paul: cf Instructions du Samedi p. 137 dont le texte copié du Frère forme la 3ème série, édition Bonne Presse, 1932, p. 137-335. Cf les séries C (COO628 à C00644) et série D (DO1596-DO1599) de la Banque de donnée alzonienne. Le manuscrit du Frère Paul (ACR BR2) correspond aux T.D. (texte déposé Alzon) 50, 335-362.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1910, n° 69, p. 276. L’Assomption de Nîmes 1878, n° 10, p. 77. Lettres d’Alzon t. XIII (1996), p. 468. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre circulaire du P. Joseph Germer-Durand, 2 avril 1872 (faire-part de la mort du P. Paul Favatier le P. d’Alzon se trouvant à Paris). Le P. d’Alzon avait un pressentiment très juste de la mort précoce du P. Paul Favatier: cf lettre n° 4556 du 24 février 1872, t. IX (1872-1872), p. 313. Le P. Paul Favatier a écrit une notice biographique sur son confrère le Frère Edouard Patt, parue dans L’Assomption de Nîmes 1879 n° 46, p. 364-366. Dans les ACR sont conservées 11 correspondances du P. Paul Favatier (1870-1872), rincipalement adressées au P. Enunanuel Bailly. Notices Biographiques