Paul-Fran VATHAIRE – 1906-1994

Rouen, 1965.
« Votre carte de vœux du début de l’année à l’occasion de mon jubilé
sacerdotal m’a été transmise par le Père
[Herbland] Bisson avec des images de votre part. J’ai attendu pour vous en
remercier de savoir à quelle date la communauté des Essarts voulait en
fixer la cérémonie, car le Cardinal Martin tenait à participer à cette
fête, n’ayant pu venir en janvier à la cathédrale quand la Croisade des
Aveugles a voulu fêter cet anniversaire de son aumônier. Aux Essarts, la
fête est fixée au 22 mai. Si vous et le P. Alfred [Farne]
êtes en France à cette époque, ce serait pour moi une très grande joie que
votre
présence, au milieu des Pères, des Frères, des Sœurs, des Parents et Amis
et aux côtés du Cardinal. Merci encore pour vos bons vœux. Je vous prie de
me bénir. Je compte participer à la session des nouveaux supérieurs qui se
tiendra à Rome l’année prochaine en janvier. Je me réjouis déjà à la pensée
de revoir les lieux où j’ai passé mes années de théologie avant la guerre,
de vous revoir et de mieux connaître les ‘colonnes de l’Assomption’. Très
finalement ».

P. de Vathaire.

Religieux de la Province de France. Jeunesse et formation. Paul-André-Marle de Vathaire est né à Anzin (Nord) le 13 mars 1906. Il fait ses études au collège de l’Assomption de Nîmes (Gard), de 1915 à 1924, à Sainte- Geneviève de Versailles (Yvelines) et à l’Ecole supérieure de Commerce et d’industrie de Bordeaux (Gironde). Après son service militaire en Avignon (1928-1929), et quatre années d’activités professionnelles, il prend l’habit aux Essarts (Seine- Maritime), le 14 mai 1953, sous le nom de Frère Paul- François. Profès le 15 mai 1934, il étudie la philosophie à Scy-Chazelles (Moselle) et commence sa théologique à Rome en 1936 où il prononce ses vœux perpétuels le 15 mai 1937. En 1939, la déclaration de guerre le fait revenir et il est nommé professeur de seconde à Vérargues (Hérault). Il est ordonné prêtre à Nîmes, le 3 janvier 1940. De Vérargues aux Essarts: 1939-1970. Professeur de seconde à Vérargues depuis 1939, il y reste deux ans et en devient ensuite l’économe jusqu’en 1948, tout en s’adonnant au ministère paroissial dans la région. Nommé sous-maître des novices aux Essarts en 1948, il ne quitte plus la Normandie. Il participe aux évolutions de cette maison, d’abord novic iat, puis centre de formation pour les Frères coadjuteurs, enfin centre d’accueil et de retraites. Il en est supérieur de 1965 à 1970. A partir de cette date, rattaché aux Essarts, le P. Paul-François réside au Foyer Saint-Paul de Rouen auquel il consacre depuis longtemps une bonne part de ses activités. Avec les pauvres et les exclus: 1950-1994. Aumônier des prisons de Rouen depuis 1950, n’écoutant que son zèle inlassable au service des détenus et anciens détenus, le P. Paul-François fonde en 1957 l’Association Saint-Paul qui gère bientôt quatre foyers et emploie une trentaine de salariés. Au cours des années, il crée et dirige d’autres associations. Prétendre les citer toutes serait téméraire. Retenons ici les principales. L’Association Saint-François d’Assise, fondée le 26 juin 1984, pour aider les personnes en détresse physique, morale ou sociale; l’Association Sainte-Catherine, pour adolescentes sorties de prison; l’Association Messages de Marie, fondée le 14 novembre 1985. Composée de quelques bénévoles, elle diffuse les messages de la Vierge par un bulletin mensuel et par téléphone. Le bulletin de 8 pages tire à 5000 exemplaires en 1987, à 9000 en 1990 et progresse encore ensuite. L’audiphone Notices Biographiques A.Arépond à 2400 appels par mois. Page : 267/267 L’Association organise aussi des pèlerinages, mensuels à une époque, à Medjugorje dans l’ex- Yougoslavie, et, une fois par an, à Saint-Joseph de Montréal au Canada l’Association Rouen- Notre-Dame, fondée en 1987 pour diffuser le message chrétien; elle assure un temps d’émission sur les antennes de Radio-Chouette, gauchisante; avec le Secours Catholique et l’Armée du Salut, l’Association Saint-Paul crée en 1990 une nouvelle association pour l’accueil des familles de prisonniers. On pourrait croire que le P. de Vathaire, aumônier de prisons, membre de l’Administration pénitentiaire, directeur d’associations et de foyers divers, aumônier local et régional de la Croisade des Aveugles, administrateur de l’Association d’accueil de l’agglomération elbeuvienne etc… a une santé de fer. Il n’en est rien. On lit dans son dossier de religieux: « Sa cécité augmente et en 1957 elle est presque totale ». Victime d’un infarctus en mai 1967, il passe cinq semaines à l’hôpital et s’y montre un malade délicieux. Plus inquiets que lui, médecins et supérieurs conseillent un changement d’occupations, provoquant les rires du Père et de son entourage. Après 45 jours de convalescence qui lui paraissent longs, il reprend toutes ses activités. Paris-Normandie, le quotidien local, signale que le P. de Vathaire a été victime de plusieurs infarctus, que son état de santé semble satisfaisant et que, la veille de sa mort, il n’a que 14 de tension. Plus connu des Rouennais que de ses frères Assomptionnistes, le P. de Vathaire est découvert par ces derniers lors d’un pèlerinage d’aînés en Terre Sainte au début de novembre 1994. Malgré ses 88 ans, sa cécité et sa marche incertaine, le Père fait l’admiration de tous ses confrères par son énergie, sa présence au groupe et sa bonne humeur. Nul ne peut prévoir qu’il va mourir subitement le 24 novembre 1994 à 7 heures du matin. Les obsèques du P. Paul-François sont célébrées à l’église Saint-Paul de Rouen, suivies de l’inhumation au cimetière des Essarts. Mgr Duval, archevêque, préside, entouré d’une vingtaine de prêtres, diocésains et assomptionnistes dont le P. Noël Bugnard qui prononce l’homélie, s’inspirant des Béatitudes récemment méditées in situ. « Les créneaux du dévouement aux victimes de la misère et de l’exclusion ne sont pas tellement encombrés. Pour y tenir sa place, il faut clairvoyance et vaillance, intelligence du coeur et don de soi. Devant de telles exigences, nous nous sentons bien petits. Le P. Paul a bien combattu à ce poste. Il a vécu de l’esprit des Béatitudes, prononcées par jésus sur la colline volcanique qui domine le lac de Génésareth: non pas une rêveile poétique à la Renan pour bercer la paresse, la malchance ou l’injustice, une sorte d’opium du peuple. Les béatitudes invitent au contraire à prendre le parti de jésus, le parti des pauvres, des petits, des exclus, à se mettre résolument au service de ceux qui souffrent. Le P. Paul était de cette race là qui a entendu et reçu la parole du Christ. Mai-voyant depuis des années, il ne s’est pas replié égoïstement sur lui, il s’est donné totalement .. ». En 1958, le P. Paul avait reçu le Prix de vertu de l’Académie des Sciences morales et politiques, en 1994 la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur. Le P. Paul-François de Vathaire est une belle figure contemporaine d’apostolat social à l’Assomption Page :268/268

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 51-53. Assomption-France, Nécrologie France 1994, p. 317-319. L’Assomption et ses (Euvres, 1965, n° 542, p. 6-7. Homélie du P. Noël Bugnard pour les funérailles du P. de Vathaire (nov. 1994). Lettre du P. Paul-François de Vathaire au P. Paul Charpentier, Rouen, 15 avril 1965. Dans les ACR, du P. Paul-François de Vathaire, quelques correspondances (1936- 1965).