La solidité du granit breton. Paul Le Basse a lutté de nombreux mois contre des problèmes cardiaques, espérant jusqu’au bout revenir à Paris où il était depuis 1987 aumônier des Petites Soeurs de l’Assomption, rue Violet. Il s’y plaisait beaucoup. Il est décédé 9 novembre 2003 à Layrac (Lot-et-Garonne), à l’âge de 84 ans. Paul-Louis Le Basse est né le 1er novembre 1919 à Elven, dans le diocèse de Vannes (Morbihan). Il est d’abord entré au petit séminaire de Ploërmel (1930-1935), suivi par des études de philosophie et deux ans de théologie au grand séminaire de Vannes. Il présente lui-même son parcours à l’Assomption dans une lettre au Père Général [Père Gervais Quenard], le 26 février 1945 : « Je m’autorise des circonstances actuelles pour me permettre de vous exposer la situation dans laquelle je me trouve. Entré à l’Assomption en septembre 1941 [vêture le 18 décembre 1941] après avoir fait deux années de théologie au grand séminaire de Vannes, j’ai prononcé mes premiers voeux le 18 décembre 1942 à Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime). Je terminai cette année scolaire 1942-1943 à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire) comme professeur de classe de 5ème. C’est là-bas que j’eus la grande joie de vous connaître à l’occasion de l’ordination sacerdotale du Père Yves Garon. En août 1943, le Père Provincial de Bordeaux [Zéphyrin Sollier] décide de m’envoyer à Toulouse où je pourrais continuer mes études de théologie et rendre service à l’école Sainte-Barbe. Ainsi j’ai pu faire en 1943-1944 ma 5ème année de théologie et maintenant ma 4ème année qui ordinairement est couronnée par l’ordination sacerdotale. Mais pour moi il y a la question des vœux qui retarde, je ne dois faire ma profession perpétuelle qu’en décembre 1945. D’autre part les événements menacent. Je suis de la classe 39, j’ai fait deux années de service militaire dont une de guerre comme sous-officier d’artillerie. Alors je ne puis échapper à une mobilisation prochaine et Dieu sait combien de temps durera ce rappel. A Toulouse, Mgr l’Archevêque a ordonné ses jeunes prêtres, mes collègues de cours au séminaire, le 18 février dernier. Je vous demande pour toutes ces raisons s’il ne serait pas possible d’étudier mon cas en vue d’une dispense pour les voeux perpétuels, ce qui me permettrait de recevoir les ordres sacrés, peut-être avant la mobilisation». Paul Le Basse est accepté à la profession perpétuelle en mai 1945. Son ordination sacerdotale suit, datée du 22 décembre 1945 à Toulouse (Haute-Garonne). Pendant 23 ans, il est affecté à l’enseignement, essentiellement comme préfet de discipline et surtout professeur de mathématiques au collège Sainte-Barbe à Toulouse, au collège Saint-Caprais d’Agen (Lot-et-Garonne) et à l’alumnat de Cavalerie (Dordogne). La fin des alumnats conduit le Père Paul à se reconvertir dans la pastorale durant 12 années à Fumel (Lot-et-Garonne), suivies par 7 années d’économat au centre d’accueil de Saint-Maur (1978-1987) jusqu’à sa nomination comme aumônier des Petites Sœurs de l’Assomption à Paris rue Violet (octobre 1987). Son allure parfois bourrue masquait mal sa très grande sensibilité. Ses ‘coups de sang’ restaient sans conséquence. Il aimait bien la vie et se montrait très attaché à ses amis. Le Père Jean Potin, son successeur à la rue Violet, se trouvait à Layrac la veille des obsèques. Il lui est tout naturellement revenu de commenter les textes de la liturgie pour la cérémonie des obsèques. Une seconde célébration a été organisée à Paris, chez les Petites Soeurs, quelques jours plus tard. Sur le rapport en vue de la profession perpétuelle du Père Paul, on peut relever la justesse de certaines observations portées par le Père Faustin Gerbet en 1945 : « Paul Le Basse est un Breton authentique à qui ne manquent ni l’intelligence ni le dévouement ni le zèle ni le sens pratique, mais un peu plus de souplesse d’esprit et de largeur de vues, plus d’application dans la réforme de son caractère lui permettraient d’adopter cette maxime de l’Imitation de Jésus-Christ: Opportet quandoque relinquere proprium sentire, propter bonum paris. II a de la bonne volonté, mais trop de volonté au point de dire : je ne fais plus de surveillance si on ne renvoie pas tels élèves! ». Amen.