Après une enfance en Ille-et-Vilaine, puis à Auray, Paul entre à Saint-Maur (1936-1939) à l’alumnat de « grammaire », poursuit ses « humanités » à Blou (1939-1942) – nous sommes en temps de guerre –, il entre au noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult (1942-1943), fait sa première profession religieuse le 18 octobre 1943, vient à Layrac pour les études de philosophie en 1943-1944, passe le baccalauréat à Toulouse (24 juin 1944). En 1945, il est mobilisé dans l’aviation, occasion pour lui de passer par l’Indochine. Il revient à Layrac pour la théologie et sera ordonné. prêtre par Mgr Beck le 17 février 1951, à Layrac.
Jeune prêtre, il exerce une année à l’orphelinat de la Grande allée à Toulouse, avant son départ pour Rio de Janeiro, où commence une belle aventure missionnaire. Il écrit : « Dès mon arrivée au Brésil à Rio où je devais rester 50 ans, en 1952, Dom Helder Camara m’offrit, avec son amitié, une place de choix dans son action pastorale, pendant 12. ans : à la « Cruzada San Sebastan », une œuvre sociale, fondée en 1955 au service des « favelas de Rio », calquée sur. l’expérience pastorale et sociale que j’avais réalisée sur notre paroisse, dans notre favelle « do Morro Azul ». Ce fut un temps de construction d’habitations décentes en remplacement des bidonvilles, en humanisant d’autres par des travaux d’aménagement : eau, égouts, électricité et, partout, le soin de créer des communautés humaines où pourrait s’implanter une communauté chrétienne. »
D’autres œuvres sociales naissent, ainsi la « banque de la Providence » d’où sortira, grâce au soutien de l’abbé Pierre, « Emmaüs do Brasil » qui accueille « les rebuts de la société, mendiants, condamnés, drogués etc. surtout des jeunes, des hommes qui seront récupérés sur les déchetteries de la ville. » Puis il est nommé par Dom Helder, aumônier régional de la J.O.C (5 ans) et national d’un mouvement qui deviendra l’A.C.O, en lien avec l’A.C.O de France, de Suisse et du Chili. Une A.C.O brésilienne qui va connaître des temps difficiles dans la clandestinité, avec ses témoins et martyrs, durant 21 ans, le temps de la dictature militaire. Paul fut aumônier national durant 19 ans. Un temps qui lui donne l’occasion de rencontrer l’abbé Cardjin, fondateur de la J.O.C. celui-ci fut pour lui un ami et un père…
Puis après 40 ans de pastorale en milieu ouvrier et des « favelles », milieu largement déchristianisé, Paul découvre le travail commencé depuis 20 ans par le Père Gwénaël Kérandel : l’action de l’Église dans un milieu rural resté chrétien et religieux, bien que souvent ignorant et désorganisé. Ce sont les communautés de base (CEBS) à Eugenopolis. Il y restera 10 ans. « J’ai apporté ma petite. contribution à cet apostolat, dit-il, en accueillant des jeunes à vocation sacerdotale et religieuse, fruit des Communautés de base. Sur les 12 religieux brésiliens actuellement en vie, (écrit-il en 2011), 8 viennent de cette « maison d’accueil de Eugenopolis »
« Je rends grâce à Dieu pour tant de grâces reçues au cours de ces 50 ans de mission au Brésil. » Paul rentre en France, à Lorgues en 2002. Il y reste 1 an, puis retourne au Brésil de 2003 à 2006. Il viendra à Layrac le 18 mars 2010. « Je remercie mes frères de France de m’avoir accueilli après 50 ans d’absence. Malheureusement, trop souvent, au cours d’une mission si belle qui m’était confiée, le péché, sous une forme ou sous une autre, s’est glissé.
Alors, frères, priez pour moi… Et je rejoins tous les frères qui, avant moi, ont travaillé pour le Règne et je vais attendre ceux qui nous rejoindront, pour, tous ensemble, rendre notre éternelle action de grâces au Seigneur ». Paul s’est endormi au cours d’un sommeil médical jugé nécessaire par les médecins qui le suivaient, jeudi 14 décembre, vers les 21 heures, à la clinique Saint-Hilaire d’Agen.
P. Noël Le Bousse