Religieux hollandais de la Province belgo- batave.
Une vie arrêtée à 32 ans.
Paulus est né le 8 mai 1897 à Lengel S’Heerenberg en Gueldre (Hollande), au diocèse d’Utrecht. Son nom est parfois orthographié Beyer. On n’a conservé de lui que quelques renseignements d’ordre biographique ou chronologique ramassés globalement: école primaire à Zeddam, école secondaire à Wareghem (1912-1915), à Boxtel (Hollande) de 1915 à 1919. Paulus prend l’habit le 29 septembre 1919 à Louvain et fait son noviciat à Saint-Gérard en Belgique où il prononce ses premiers vœux le 1er octobre 1920. Puis ce sont les études de philosophie à Taintegnies (1921- 1922), suivies des études de théologie à Louvain (1923-1925) où il prononce ses vœux perpétuels le 30 septembre 1923 et où il est ordonné prêtre le 29 juillet 1928. Le Provincial lui assigne le poste de formateur auprès des jeunes frères convers au noviciat de Taintegnies en septembre 1928; en avril 1929 son esprit d’initiative et ses grandes facilités pour le travail manuel déterminent son supérieur à le prendre pour économe de la maison de Taintegnies où sont nourris très vite des projets d’aménagements importants. Mais après une course à bicyclette le lundi 13 mai, le jeune P. Paul est pris d’un mal mystérieux qui l’oblige à s’aliter. Les médecins consultés tant généraliste que spécialiste n’en déterminent pas l’origine, les médicaments n’apportent guère de soulagement au malade qui meurt le vendredi 17 mai 1929. Il doit être inhumé rapidement le lendemain samedi 18 au cimetière de Taintegnies, dans la concession des religieux, aux côtés du P. Ismaël Thomarat et du Fr. Marie-Arnold Collin. Le P. Paul vient de fêter ses 32 ans.
Notices Biographiques A.A Page : 211/211 Les rêves d’un jeune économe diligent.
« Me voilà économe de Taintognies: c’est une charge qui m’a fait et me fait encore peur, bien que je l’aie acceptée avec une certaine joie et avec une décision bien réelle de chercher le bien de tous les membres de notre chère mission et, dans la mesure du possible, de tous les membres de la Congrégation du moment présent et de l’avenir. Priez bien pour moi afin que Dieu me bénisse dans l’accomplissement de cette charge et que j’utilise, selon ses désirs, les bonnes aumônes que vous nous envoyez si généreusement chaque mois. J’ai économisé tout ce que j’ai pu de la dernière, mais je ne sais comment trouver onze mille francs que je dois payer bientôt pour le charbon de l’année et cinq mille autres pour l’étoffe des robes. J’ai essayé de quêter à Tournai et aux environs, mais les Tournaisiens sont malheureusement très peu généreux ou peut-être, au lieu d’accuser ces braves gens, dois-je m’accuser moi-méme du manque de savoir- faire. J’espère néanmoins que l’avenir nous fera trouver de bons bienfaiteurs.
A un moment donné, nos regards s’étaient tournés vers Bruxelles. Le P. Norbert est généreux nous le savons, mais la question de la Madeleine, la mission du Congo, l’église brûlée et P. Louis-Antoine sont pour lui de gros soucis.
Comme par le passé, bien cher Père, nos regards se tournent encore vers vous et nous sommes convaincus que vous ne nous abandonnerez pas et nous, de notre côté, nous ne vous oublions pas dans toutes nos prières.
Permettez maintenant que je vous dise un petit mot de mes rêves: malgré le manque de ressources, je rêve d’une chapelle belle et splendide, une chapelle selon le cœur de noire fondateur, le P. dAlzon. Il vous faudra venir voir une fois ces murs misérables et ces ornements qui ne valent pas mieux. Si vous étiez ici, vous approuveriez nos aspirations. Depuis longtemps, Pères et novices désirent votre visite afin de vous témoigner leur reconnaissance qui grandit à proportion de la connaissance qu’ils ont de voire dévouement pour nous. Ne tardez plus à venir nous voir.
Puisque je vous parle de mes rêves, en voici encore un. Nous avons ici un jardin magnifique que beaucoup de nos maisons pourraient envier, mais malheureusement depuis des années on l’a négligé. Il lui faut beaucoup de fumier, beaucoup de chaux, beaucoup d’engrais: quand nous aurons cela, il rendra au centuple et voilà ce que je rêve du jardin. Mes rêves ne cessent pas là, mais j’espère vous voir bientôt ici pour pouvoir vous exposer les autres de vive voix afin que vous les approuviez ou les condamniez selon voire bon plaisir … ».
D’après la dernière lettre conservée du P. Paulus, adressée de Taintegnies au P. Hilaire Canouêl, procureur à Paris, le 11 mai 1929.
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Bibliographies
Bibliographie : Lettre à la Dispersion 1929, n° 307, p. 127 et n° 313, p. 173-176. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudrefroy.