Religieux de la Province de France. Un des derniers moines-chevaliers à l’Assomption. Adrien-Emile Pépin est né le 8 avril 1894 à. Florensac près de Grandrieu en Lozère. Remarqué par le P. Didier Nègre, il fait toutes ses études dans les alumnats de l’ Assomption: Vinovo en Italie (1906-1909), Elorn’o en Espagne (1909-1911). Sous le nom de Frère Pépin, son nom de famille utilisé comme prénom de religieux il commence son noviciat à Gempe en Belgique, le 14 août 1911, et termine cette première année par la profession annuelle, le 15 août 1912, au Luxembourg (Limpertsberg). C’est également à Limpertsberg qu’il prononce ses voeux perpétuels, le 15 août 1913. Il a la chance de pouvoir passer tout de suite en philosophie à Louvain (1913-1916). On lui demande un service d’enseignement à Bure pendant une année (1916-1917). Puis il entreprend ses études de théologie à Louvain (1917-1920). Il est ordonné prêtre le ler août 1920. Après son ordination, le P. Pépin qui reprend son prénom d’Adrien, a de nombreuses affectations qui révèlent un jeune prêtre très polyvalent. Nous le trouvons tour à tour professeur à Saint-Maur (Maine-et- Loire), de 1920 à 1921, enseignant de philosophie à Taintegnies, de 1921 à 1922, de nouveau professeur à Saint-Maur (1922-1923), puis à Poussan (Hérault), de 1923 à 1925. A partir de 1925, il va à Paris pratiquer le métier de journaliste à la Bonne Presse où il a la responsabilité d’un service de conférences. En 1931, le journaliste se mue en vicaire de la paroisse Saint-Christophe de Javel (Paris) pendant sept ans (1931-1938). Commence ensuite pour lui une sorte de vie errante qui le conduit de Soisy-sur-Seine (Essonne) en 1938 et à Davézieux (Ardèche). En 1943, atteint par la tuberculose, il est contraint à entrer au sanatorium du clergé à Thorenc (Alpes-Maritimes) où il reste trois ans. A.A Il prend sa convalescence comme aumônier des Petites-Soeurs de l’Assomption à Villerest (Loire). De là il passe à l’aumônerie de collège à Passy et Buzenval dans la banlieue parisienne, puis au pensionnat des Oblates à La Ville-du-Bois (Essonne) qui le retient 4 ans (1949-1953). En 1953-1954, il est dépêché comme aumônier de la célèbre école des Roches à Verneuil-sur- Avre (Eure), mais l’expérience ne dure qu’un an. Ces affectations si diverses et provisoires n’éteignent pas les activités d’écrivain du P. Pépin. Ses loisirs lui permettent de se livrer à quelques travaux de plume: le recueil de poésies de la Muse au clocher dont les étudiants farceurs retourneront le titre en ‘La cloche au musée’, le Père d’Alzon, biographie demandée par le P. Gervais Quenard, La charité envers Dieu, première partie d’un volumineux traité de la charité ébauché à Thorenc, Comment se sanctifier?, petit traité dont on pense qu’il est le premier utilisateur! En 1954, le P. Pépin est appelé à Rome, plutôt comme aide au postulateur que comme archiviste, il s’explique lui-même à ce sujet. Pendant 16 ans, tâcheron intelligent, méthodique et laborieux, il se donne avec cœur à un travail d’écriture, de recherche et surtout de classement. Il catalogue, trie, classe et fiche d’énormes lots de documents. La Congrégation lui doit certainement l’intérêt des historiens qui aiment venir consulter les archives de la Congrégation, tout de suite guidés par les milliers de fiches précises inventoriées avec une ténacité digne des origines lozériennes du Père, sans avoir à compulser des liasses poussiéreuses ou abandonnées sans ordre dans un boîtier ou une carton cache-misère. Chef des archives depuis 1965, il y établit son campement, dormant dans le local même qui sert de secrétariat, fichant 12 heures par jour avec une diligence et une sûreté qui tiennent du défi ou de la prouesse, quand on réalise de visu l’entreprise, sans doute commencée par d’autres avant lui, mais jamais menée à bien comme lui. Les lieux dont il est le gardien jaloux ou le Cerbère sont aussi pour lui un atelier de production, travail intellectuel aiguisé par ses recherches antérieures pour service de la postulation. Il surveille ou contrôle de près les travaux de confrères ou d’historiens qui se risquent sur ‘ses’ sujets familiers et il n’est pas rare que son instinct de protecteur ne vienne étriller des plumes ou plus hardies ou moins conventionnelles. On retrouve d’ailleurs dans les archives de multiples notes de sa part plutôt polémiques qui participent à l’esprit des ‘moines-chevaliers’ dont on désigne communément les Assomptionnistes du début du XXème siècle. Ces limites ne doivent pas cependant estomper le grand service rendu par le P. Pépin à toute la Congrégation: avoir permis une forme de consultation intégrale des fonds avec rapidité et sûreté. En 1970, à soi-i grand regret, le P. Pépin est déchargé au profit du P. Pierre Touveneraud. Arrivé à 76 ans, il lui est demandé le sacrifice d’un éloignement pour la maison de repos de Chanac (Lozère). Il met encore à profit ses vieux jours pour ranger la bibliothèque des lieu>L Il subit cependant avec une sévère intensité les misères et déclins de la vieillesse, marqués par de nombreuses épreuves de santé. Il meurt le 22 mai 1980 à Layrac (Lot-et-Garonne) où il est venu après la fermeture de Chanac. Il laisse à tous le souvenir d’une vie laborieuse et fidèle qui estompe les âpretés d’un caractère rugueux, mais solide et courageux, au service d’une tâche ingrate mais essentielle à la mémoire.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 95-96. Homélie du P. Fosse, 2 pages. Voulez-Vous? (Layrac), 1980, n° 113, p. 22-24. En tant qu’archiviste de la Congrégation, le P. Adrien Pépin a écrit de nombreux articles et ouvrages sur le fondateur, le P. d’Alzon, les premiers Religieux et la Congrégation: mentionnons surtout L’Ame d’un grand apôtre, le P. d’Alzon, B.P., 1950; le P. Picard et le P. Vincent de Paul Bailly dans les luttes de presse, Rome, 1962, Vie du P. d’Alzon, 1950, Chronologie de la vie du P. Picard et du P. Vincent de Paul Bailly, Rome, 1964; Les Religieux de 1,’Assomption, B.P., 1963, des numéros de Pages d’Archives. D’autres travaux sont restés à l’état de manuscrits. On lui doit aussi des ouvrages de piété, La Charité envers Dieu, La charité envers soi et envers les autres,ou de poésie. La Muse au clocher, 1949. Correspondances (1919-1971). On trouve des articles du P. Pépin sous le pseudonyme Paul Castel. Notices Biographiques