Philippe (Etienne-Marie) PAISANT – 1862-1943

Genève, 1923.
« L’annonce de votre nomination comme Supérieur Général et l’envoi de votre
première circulaire m’ont été un grand soulagement et m’ont arraché des
larmes de joie! Enfin le terrible cauchemar
qui nous obsédait depuis si longtemps s’évanouit à jamais! L’Eglise a eu
pitié de nous, en nous rendant obéissants comme me l’ont appris le P.
d’Alzon et le P. Picard par la suite. Vous avez été mon meilleur élève de
seconde en
1890-1891, mes notes en font foi… Laissez-moi vous dire que vous pouvez
compter sur le P. Philippe à la vie et à la mort. Mon affection, mon
obéissance vous sont acquises sans réserve aucune. J’ai 62 ans dont 29
consacrés aux alumnats et 10 aux collèges.
Quand mes yeux seront guéris, je pourrai encore rendre service dans
l’enseignement
qui est ma vie. C’est en Belgique en 1904 que m’a frappé ce mal d’yeux dont
je souffre. L’air sec et le ciel lumineux de Nîmes m’ont été favorables.
J’ai vu des oculistes à Charleroi et à Genève qui me prescrivent un repos
absolu. Ce sont les corrections de copies qui ont dévoré mes yeux pendant
40 ans! J’occupe un poste de vicaire provisoire à Carouge, près de Genève
(5) où je suis nourri, logé et blanchi ».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Un parcours de vie assez mouvementé. Né le 3 janvier 1862 à Taninges (Haute-Savoie), Etienne-Marie Paisant (1) connaît la vie de l’alumnat de Notre-Daine des Châteaux (Savoie) presqu’à ses origines, puisqu’il y est inscrit à partir du mois d’avril 1872. Ce sont les Missionnaires de Saint-François de Sales d’Annecy qui l’y envoient. promesse est faite de lui laisser liberté d’option en temps voulu. Etienne fait ses humanités à Alès (Gard), de 1876 à 1879. Par loyauté et délicatesse à l’égard de l’engagement moral, après avoir beaucoup hésité, il demande son admission au petit séminaire de Mélan (Haute-Savoie), de 1879 à 1880 (2). Après une année houleuse, il quitte les Pères de Saint- François de Sales. Le P. d’Alzon le reçoit à bras ouverts au noviciat de Nîmes où, sous le nom de Frère Philippe, Etienne prend l’habit le 29 septembre 1880. ]La suite de son parcours de formation est liée à l’histoire de la Congrégation. En décembre, il gagne avec ses confrères le noviciat d’Osma en Espagne où il prononce ses vœux perpétuels le 29 septembre 1882. D’Osma, il est envoyé à Rome pour ses études de théologie (1884). Devant des scrupules de conscience sur sa vocation, il pense mieux agir en différant la date de ses ordinations. Le P. Michel Romanet, son supérieur, écrit au P. Emmanuel Bailly à son sujet: « Le Frère Philippe est persuadé de la nullité de son ordination au sous-diaconat parce qu’il n’a jamais touché un plateau de burettes. J’ai beau eu lui présente-r un cas semblable qui a été résolu par la Congrégation des Rites en 1863, il s’entête dans sa manière de voir. Il revient aussi sur sa malheureuse année passée au séminaire de Mélan. Son imagination finit par lui obscurcir l’intelligence ». Il revient donc à Osma d’où il est envoyé au service de l’alumnat de Mauville (Pas-de-Calais), de 1887 à 1889. Il est finalement ordonné prêtre à Cambrai (Nord), le 20 avril 1889. De Mauville, il passe à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais) où il reste de1890 à 1899, Page : 115/115 en qualité de professeur de rhétorique. En 1899, ses supérieurs le dirigent sur l’alumnat de Brian (Drôme) où il enseigne jusqu’en 1901. Vient le temps des expulsions: Taintegnies en Belgique le reçoit de 1901 à 1904, puis Bure de 1905 à 1906 (3). Durant l’année 1906-1907, il travaille à Rome pour la rédaction des Vies des Saints. En 1907, il retrouve un poste d’enseignant à l’alumnat de Vinovo (Piémont), jusqu’en 1911. De 1911 à 1918, ayant donné suite à un ancien projet de sécularisation, il va enseigner au collège de La Villette, à La Ravoire près de Chambéry (Savoie). De 1919 à 1922, il revient à l’Assomption et enseigne au collège de Nîmes (Gard). En 1922, il est envoyé à l’alumnat de Sart-les-Moines où il ne fait que passer. Entre 1923 et 1927, il est signalé comme prêtre desservant dans le diocèse de Genève en Suisse. Sa préoccupation est de reprendre un service d’enseignement, ce que lui interdit l’état de ses yeux. À plusieurs reprises, il demande une affectation pour le collège de Nîmes. La dernière étape de sa vie est Douvaine (Haute-Savoie) au service de l’orphelinat. Il y fête son jubilé d’or sacerdotal en 1939 (4). C’est là qu’il meurt le 18 décembre 1943, ayant atteint l’âge de 81 ans. Le P. Philippe est inhumé à Douvaine. Le P. Gervais Quenard signale son décès avec cette simple remarque. « Prêtre en 1889, le P. Philippe eut toujours le culte des lettres, fut brillant professeur durant de longues années et depuis vingt ans il offrait son ministère à diverses paroisses de Genève. C’est une belle figure d’ancien qui disparaît en lui ». (1) Paisant est parfois orthographié Pésant ou Pesant. Taninges est une commune située dans l’arrondissement de Bonneville. (2) Mélan, à côté de Taninges, est une ancienne Chartreuse pour Chartreusines, fondée en 1293, devenue collège Jésuite en 1803, ce der nier fermé en 1848 et passé aux Oblats de St François de Sales dans la deuxième partie du XIXème siècle. (3) Il semble, d’après une correspondance au P. E. Bailly, que le P. Philippe ait eu une petite aventure, ayant fait une fugue. D’octobre 1906 à juillet 1907, le P. Philippe séjourne à Rome, revient à Bure qu’il quitte à la fin du mois d’octobre 1907. (4) On en trouve l’écho dans la Lettre à la Dispersion, 1939, p. 350,384,491. (5) Carouge est une agglomération suisse, aujourd’hui englobée dans le grand-Genève. Page : 116/116

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Nouvelles de la Famille occupée, 1943, no 27, p. 1. Petites Nouvelles aux amis de l’Assomption, avril 1944, p. 3. Lettres d’Alzon, 1996, t. XIII, p. 459. Lettre du P. Philippe Paisant au P. Gervais Quenard, Genève, le 8 avril 1923. Du P. Philippe Paisant, dans les ACR, correspondances (1883-1939). Notices Biographiques